Des barrières métalliques, du bambou, des fils barbelés, des caisses de bière empilées à la hâte dans les rues de Hanoï pour empêcher les habitants de circuler et de propager le coronavirus donnent à la capitale vietnamienne des allures de prison à ciel ouvert.
« On se croirait dans un centre de détention », soupire Ho Thi Anh, 72 ans, dont le quartier, cerné par ces barricades de fortune, a pris des allures de camp retranché.
« Toutes les allées menant à ma maison sont bloquées. Des proches déposent devant les barrières de la nourriture tous les trois jours », explique-t-elle à l’AFP.
Du jamais-vu, même entre 1945 et 1975 pendant les heures sombres des guerres contre la France et les Etats-Unis.
Devenu très difficile de circuler
Les huit millions d’habitants ont reçu l’ordre de se confiner depuis fin juillet, mais les restrictions de mouvement se resserrent de plus en plus alors que la vague de coronavirus, qui épargne encore relativement la ville, fait des ravages dans le sud, notamment à Hô Chi Minh-Ville.
Hanoï est désormais divisée en une multitude de secteurs entre lesquels il est devenu très difficile de circuler.
110 cases in 4 days: Hanoi’s most dangerous Covid cluster so far found https://t.co/uzhWHtJcNt
— VnExpress (@vietnamenglish) August 27, 2021
Objectif des barricades: isoler une zone dès qu’un cas de Covid-19 est détecté et verrouiller les quartiers épargnés par l’épidémie.
« Notre secteur est bleu, exempt de virus. Je surveille pour m’assurer qu’aucun étranger n’y pénètre (…) On ne veut pas du Covid chez nous », lance Nguyen Ha Van, volontaire pour monter la garde devant l’étroite allée qui mène à sa maison.
Des milliers de soldats et de réservistes
Pénalisé par la lenteur de sa campagne de vaccination, le Vietnam, salué en 2020 comme un pays exemplaire dans sa lutte contre l’épidémie avec sa stricte politique de quarantaine et de suivi des personnes contaminées, connaît un sévère retour de bâton.
Les autorités recensent plus de 10.000 décès depuis la fin juillet, contre seulement quelques dizaines l’année dernière.
Hô Chi Minh-Ville, poumon économique du pays, est au cœur de la tempête et a pris des allures de ville assiégée.
L’armée y a déployé des milliers de soldats et de réservistes pour faire appliquer les restrictions et distribuer des sacs de nourriture aux habitants cloîtrés chez eux.
Le système de santé de la mégalopole de neuf millions d’habitants est sous pression.
17.000 soignants dépêchés en renfort
« Ma garde se fait entre 7 heures et minuit, parfois même encore toute la nuit », racontait mi-août à l’AFP Truong Van Anh, médecin dans un hôpital de fortune de plus de 2.000 lits, qui dormait sur place depuis plus d’un mois.
Depuis 17.000 soignants des autres provinces ont été dépêchés en renfort.
Plus de la moitié des 98 millions de Vietnamiens sont désormais soumis à des restrictions de déplacement.
Peu osent critiquer ouvertement la politique du parti unique par peur des représailles.
Le pays déploie très lentement sa campagne vaccinale: 17% de la population seulement a reçu une dose de vaccin, 2,6% étant entièrement vaccinés.
Le régime communiste a dû mal à trouver de l’argent et a lancé un appel aux dons parmi la population.
Les Etats-Unis et la Chine ont offert plusieurs millions de doses et des accords commerciaux ont été signés avec les laboratoires américains Pfizer et Moderna, le Suédo-Britannique AstraZeneca et le Chinois Sinovac.
Objectif: tenter d’injecter au moins une dose à 70% de la population d’ici avril 2022.
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