Haute-Savoie : un élu en garde à vue pour avoir essayé de faire fuir les squatteurs de sa maison

Par Nathalie Dieul
3 mai 2022 03:40 Mis à jour: 3 mai 2022 03:40

Pour la troisième fois en cinq ans, la maison des parents décédés d’un élu de Haute‑Savoie est squattée par des Roms. Excédé par le fait que les gendarmes ne les expulse pas parce qu’il y avait des enfants avec eux, il a tenté de les faire sortir lui‑même.

Le premier adjoint au maire de Marcellaz‑Albanais, une commune située près d’Annecy en Haute‑Savoie, a hérité de cette maison de Seynod avec sa sœur après le décès de leurs parents. Ils n’ont pas voulu la vendre tout de suite « car le deuil n’était pas fait », explique‑t‑il à l’Essor Savoyard.

Les deux premières fois, l’expulsion des intrus a été relativement facile. « Les gendarmes sont venus et les squatteurs sont partis sans problème », raconte Éric Chassagne. Mais cette fois‑ci, en cette mi‑avril, la situation s’est rapidement compliquée et a pris d’autres dimensions.

« On n’expulse pas, il y a des enfants »

Une première intervention des gendarmes a d’abord eu l’air d’avoir de l’effet et les gens du voyage – trois adultes et sept enfants dont un bébé – ont commencé à sortir leurs affaires. « Après, il y a eu un appel, et un gendarme a dit : on n’expulse pas, il y a des enfants », se souvient l’élu.

Constatant les dégâts déjà commis par les Roms en si peu de temps – une des pièces a déjà plus d’un mètre de détritus entassés – Éric Chassagne a décidé d’agir plutôt que d’entamer une procédure et d’attendre. « Vous connaissez la lenteur de la justice, ça va prendre des mois et la maison est déjà dans un sale état », remarque l’adjoint au maire.

Le chef d’entreprise pensait qu’il n’avait qu’un délai de 48 heures pour faire fuir les intrus, mais Le Figaro rappelle que la nouvelle loi anti‑squats du 1er janvier 2021 totalement annulé ce délai d’une part, et que d’autre part celui‑ci n’a jamais eu d’existence légale même avant cette date. Il commence à condamner la porte d’entrée avec des parpaings et du ciment, mais cela ne fait pas réagir les squatteurs.

Couteau et bombe lacrymogène

La tension monte entre le propriétaire et les squatteurs, puis « l’une des occupantes pose la main sur un couteau posé sur le comptoir », raconte Le Dauphiné Libéré. L’élu, de son côté, sort une bombe lacrymogène et en fait usage à deux reprises. Alertés par les cris des Roms qui ont ouvert les fenêtres, les voisins appellent les gendarmes.

Une fois sur place, les militaires interrogent les deux parties avant de placer le propriétaire en garde à vue. Libéré quelques heures plus tard, il attend une décision le concernant : sera‑t‑il convoqué au tribunal, recevra‑t‑il une amende ou un simple rappel à la loi ? Il risque une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 30 000 euros d’amende. De son côté, un squatteur peut être condamné à un maximum d’un an de prison et 15 000 euros d’amende, soit une peine bien plus légère.

« Quand vous voyez des gens vous narguer et saccager la maison de vos défunts parents, le tas de détritus accumulé en deux jours dans l’une des pièces, les toilettes souillées, les lits occupés, cela vous retourne le cœur », se désole celui qui a dû prendre la décision, avec sa sœur, de murer la maison, puis de la vendre.

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