La principale agence de poursuite du régime chinois a récemment autorisé à exposer sur son site web les méfaits des fonctionnaires de plus haut niveau. Selon un ancien réformateur politique chinois, cela pourrait déclencher une vague de plaintes contre Jiang Zemin, l’ex-chef du Parti communiste chinois (PCC).
Le 20 avril, le journal officiel Beijing Youth Daily a rapporté que le Parquet populaire suprême avait autorisé la déposition en ligne de plaintes anonymes contre les responsables chinois de tous les rangs. Une capture d’écran de la page web du Parquet a montré un menu déroulant ayant en première option le rang du « Comité permanent du Politburo », le tout-puissant organe dirigeant du régime chinois. Plusieurs autres médias chinois ont également annoncé cette nouvelle.
Depuis lors, le menu déroulant a été remplacé par une boîte de texte ouverte. Toutefois, des rapports officiels antérieurs suggèrent qu’il est possible de dénoncer les fonctionnaires en fonction et à la retraite de plus haut niveau de l’hiérarchie politique du régime.
Bao Tong, conseiller de Zhao Ziyang, l’ancien secrétaire général du PCC, a confié à Epoch Times que la décision du Parquet qui implique implicitement des plaintes contre les anciens chefs du Parti, est une nouvelle « très bonne », bien qu’inhabituelle.
« Mao Zedong était hors de contrôle avec sa Révolution culturelle, tandis que Deng Xiaoping a impudemment ordonné les violences du 4 juin », a expliqué Bao, faisant référence au massacre des étudiants par l’armée chinoise à la place Tiananmen le 4 juin1989.
Les réformateurs Bao Tong et Zhao Ziyang ont perdu leur liberté peu de temps après ce massacre, car ils avaient refusé d’endosser la décision autoritaire du tout puissant Deng Xiaoping. Plus tard, Deng a nommé comme son successeur Jiang Zemin, qui était auparavant chef de Shanghai.
« Ne voulant pas rester à ne rien faire, Jiang Zemin a lancé la persécution du Falun Gong, un acte sans vergogne et extrêmement inhumain », a poursuivi Bao.
La campagne de persécution du Falun Gong, une discipline spirituelle chinoise traditionnelle impliquant des exercices lents et adhérant aux principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance, est l’une des pires violations des droits de l’homme dans l’histoire chinoise moderne.
L’appareil de sécurité du régime chinois avait à l’époque un budget qui dépassait celui de l’armée – ceci pour faciliter la surveillance et l’arrestation des pratiquants – qui étaient estimés à environ 70 millions par une enquête officielle menée avant le début de la persécution le 20 juillet 1999, alors que les sources du Falun Gong avancent souvent le chiffre à 100 millions.
Le régime voulait forcer les pratiquants de Falun Gong à renoncer à leur croyance par le biais de nombreuses tortures et violences sans retenue. Selon Minghui.org, un site recueillant des informations de première main sur la persécution du Falun Gong en Chine, plus de 4 000 pratiquants ont été tués pour avoir refusé une telle « transformation ». En tenant compte de la difficulté d’obtenir ce genre d’informations en Chine, le nombre réel de décès des suites des tortures devrait être beaucoup plus élevé.
Selon les enquêteurs sur les prélèvements d’organes forcés, des centaines de milliers de pratiquants dans des centres de détention et des prisons chinoises risquent d’être tués pour leurs organes. Les récentes résolutions du Parlement européen et de la Chambre des représentants des États-Unis ont condamné le régime chinois pour ces atrocités. On estime que des centaines de milliers de pratiquants de Falun Gong ont été déjà victimes des prélèvements forcés de leurs organes, revendus par la suite à des prix très lucratifs sur le marché des transplantations chinois.
« Je crois que tout cela devrait être inscrit dans l’histoire et être puni par la loi », a déclaré Bao Tong au sujet des atrocités commanditées par Jiang Zemin, en poursuivant : « Aujourd’hui, on peut déposer des plaintes contre les plus hauts fonctionnaires, n’est-ce pas ? Il est donc nécessaire de dénoncer ouvertement [Jiang]. C’est une mesure vraiment excellente. »
Bao pense qu’annonçant l’assouplissent des règles du Parquet, la direction de l’actuel leader Xi Jinping voulait être ouverte et transparente, mais il soupçonne qu’il devait y avoir des « certaines raisons spéciales » pour que cette annonce soit « discrète ».
Il espère également que la direction de Xi devrait assurer que les citoyens chinois qui déposent des plaintes ne soient pas victimes de représailles, sans donner d’autres commentaires à ce sujet. Bien que les plaintes puissent être déposées de manière anonyme, la police informatique chinoise possède des logiciels de surveillance et de suivi high-tech capables de localiser les personnes par leur adresse IP – la raison probable des préoccupations de Bao Tong pour la sécurité des lanceurs d’alerte.
Il faut également noter le moment de l’annonce des nouvelles mesures du Parquet.
Le 19 avril dernier, le Conseil d’État du régime chinois et du PCC – une sorte du gouvernement de cabinet – a émis un règlement destiné à tous les hauts fonctionnaires du Parti. Deux paragraphes de ce règlement obligent ces fonctionnaires à rapporter leurs « affaires familiales » et leurs « biens familiaux» aux autorités centrales.
Le règlement du Conseil d’Etat pourrait cibler particulièrement Jiang Zemin et ses acolytes, qui ont profité de leur position pour s’enrichir eux-mêmes, ainsi que les membres de leurs familles.
Jiang Mianheng, fils aîné de Jiang Zemin, a réussi à bâtir un empire de télécommunications d’État dans les années 1990 et 2000, malgré l’absence d’expérience de gestion ou de capital. Il a obtenu le surnom du « roi des télécommunications » chinois.
En 2008, Zeng Wei, fils de Zeng Qinghong, main droite de Jiang Zemin, avait dépensé 32,4 millions de dollars pour l’acquisition d’une maison de 106 ans à Sydney. Zeng Wei aurait également déclaré qu’il n’était intéressé que par des affaires qui pouvaient lui rapporter au moins 100 millions de dollars.
L’annonce des nouveaux règlements du Parquet est parue cinq jours avant l’anniversaire d’un événement clé dans l’histoire autour de la persécution du Falun Gong en Chine.
Le 25 avril 1999, environ 10 000 pratiquants de Falun Gong se sont rendus à Pékin pour demander aux autorités centrales d’assurer un environnement sans danger pour leur pratique. Plus tard, le même soir, Jiang Zemin a étiqueté cet appel pacifique comme une «siège» de Zhongnanhai, quartier général du Parti communiste, et a promis dans une lettre envoyée aux hauts responsables du PCC que le marxisme et l’athéisme « vaincront » le Falun Gong.
Ces dernières années, la direction de Xi Jinping a annoncé des mesures surprenantes à l’occasion de l’anniversaire du 25 avril.
Le 1er mai 2015, la Cour populaire suprême a assoupli les règlements d’acceptation des plaintes pénales. Par la suite, les pratiquants de Falun Gong ont pu déposer plus de 200 000 plaintes contre Jiang Zemin pour crimes contre l’humanité et génocide.
Peu avant le 25 avril 2016, la direction de Xi Jinping a entrepris trois démarches inhabituelles. Xi a annoncé que le régime « réglerait amiablement les recours raisonnables et licites » des citoyens ; quatre principaux responsables de la sécurité, y compris celui qui a supervisé la persécution violente des pratiquants de Falun Gong, ont été soumis à la purge ; et, lors d’une conférence de haut niveau sur la religion, Xi Jinping a promis une attitude plus tolérante envers les groupes religieux en Chine.
Gu Qinger a contribué à cet article.
Version anglaise : Top (And Former) Communist Party Officials Now Vulnerable to Corruption Complaints
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