Dans une pétition mise en ligne sur son site web, Avenir de la Culture, une association chrétienne œuvrant à « la victoire de la culture française », dénonce la construction de la Gardienne des Ténèbres, une machinerie géante qu’elle qualifie d’« immense statue satanique », rapporte Ouest-France. Bientôt exposée à l’année dans la ville de Clisson, cette chimère, fait valoir l’auteur du texte, ne peut percevoir de subventions publiques en raison du risque d’« effets catastrophiques » que son exposition fait encourir à l’esprit des enfants.
Haute de 10 mètres, construite à partir de bois et d’acier, entièrement articulée, la Gardienne des Ténèbres, une structure animée dont le buste de femme surmonte l’abdomen d’un scorpion et dont le corps est jalonné de cicatrices, scarifications et symboles ésotériques, devrait prendre vie en juin 2024 dans le cadre du festival métal Hellfest à Clisson (Loire-Atlantique). Un projet dévoilé en juin 2022 par Ben Barbaud, directeur de Hellfest Productions, et François Delarozière, directeur de la compagnie La Machine, chargée de fabriquer cette machine de spectacle géante, qui sera capable de transporter 25 personnes.
« Véritable projet urbain »
« Cette chimère originale est un cerbère qui contrôle le passage entre notre monde et celui de l’enfer », indique l’entreprise sur son site Internet. « Elle se déplace sur huit pattes, adoptant une démarche entre le crabe et l’araignée ». Sa bouche et son dard pourront cracher du feu, de l’eau et de la fumée et « elle peut marcher, courir, se cabrer, se coucher pour venir à la hauteur du public ou se glisser sous du mobilier urbain tel que des ponts, des lignes de tramways ».
Évoquant un « véritable projet urbain » pour la ville de Clisson, la Compagnie La Machine souligne que la Gardienne des Ténèbres habitera à l’année les quartiers au Looksor, propriété du Hellfest. L’entrée du site sera intégralement piétonnisée et son parvis, également en construction, hébergera la Porte des Ténèbres, l’antre de la Gardienne, ainsi qu’une aire de jeux pour enfants.
« Une horreur visible de tous y compris des enfants »
Face à l’arrivée prochaine de cette créature mécanique au sein de la commune, l’association chrétienne Avenir pour la Culture, dont la mission vise à « se battre pour la victoire de la culture française et des traditions chrétiennes contre l’islamisation, la christianophobie et le déclin des valeurs morales », est montée au créneau, relate Ouest-France.
Sur son site Internet, Avenir pour la Culture a publié une pétition intitulée « Cessez de collaborer avec le satanisme ! » à destination du maire de Clisson, M. Xavier Bonnet. Déjà signée par plus de 7500 personnes, elle l’enjoint à « renoncer immédiatement à soutenir – financièrement et administrativement – la construction de la « Gardienne des Ténèbres » et celle du parvis qui devrait l’accueillir », une « horreur » qui sera « visible de tous y compris des enfants ». « Monsieur le Maire, avez-vous songé aux effets catastrophiques que peuvent avoir de telles horreurs sur de jeunes esprits ? », s’insurge l’auteur du texte, qui n’hésite pas à qualifier cette création d’« immense statue satanique » : « Votre ville va devenir la capitale du satanisme toute l’année ».
Un projet généreusement subventionné
Le prix de construction de la machine devrait s’établir à 3,8 millions d’euros : il sera intégralement pris en charge par Hellfest Productions sur fonds propres, détaille Ouest-France. L’enveloppe totale du projet représente quant à elle un coût de 12,5 millions d’euros comprenant tous les aménagements du site (espace public, végétalisation, nefs de stockage, aire de jeu, brasserie…). Leur financement est attendu sous forme de subventions, dont 7 millions de fonds publics, qui devraient se partager à part égale entre la Région et le Département. Le Hellfest mise aussi sur 500.000 euros de la ville de Clisson et autant de Clisson Sèvre et Maine agglo. Le million restant pourrait provenir de mécènes.
« Les collectivités étudient nos demandes de subventions. Rien n’est acquis, mais nous sommes confiants », précise Ben Barbaud. S’agissant de la subvention devant être versée par la ville de Clisson, elle « sera soumise au conseil municipal d’ici la fin de l’année », glisse de son côté Xavier Bonnet, qui, à l’image du président de Clisson Sèvre et Maine agglo, Jean-Guy Cornu, voit dans ce projet un « atout considérable pour le territoire ».
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