Pour la deuxième année d’affilée, la police hongkongaise n’a pas autorisé la tenue en juin de la veillée annuelle en souvenir des victimes de la répression de la place Tiananmen de Pékin, sur fond de reprise en main musclée de l’ex-colonie britannique.
L’Alliance Hong Kong, qui a organisé cette commémoration pendant trois décennies, a précisé le 27 mai que les autorités avaient de nouveau invoqué les restrictions liées à la pandémie. « Nous continuerons à nous battre pour le droit de commémorer légalement le 4 juin », a déclaré l’Alliance en disant qu’elle comptait déposer un recours contre cette interdiction.
Le ministre hongkongais de la Sécurité a confirmé ce refus d’autoriser la veillée, en ajoutant que « quiconque y participerait enfreindrait la loi » et en avertissant que la nouvelle et drastique loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à l’ex-colonie britannique était susceptible d’être invoquée contre les contrevenants. « La loi sur la sécurité nationale stipule clairement que le fait d’organiser ou de participer à un événement illégal pour faire du tort ou renverser le système fondamental, sous la Constitution chinoise, relève de la subversion du pouvoir de l’État », a-t-il dit.
« Quand nous ne pouvons même plus organiser un rassemblement pacifique à Victoria Park pour transmettre l’esprit, pour nous souvenir de ce que le Parti communiste chinois a fait dans le passé – ce n’est plus Hong Kong », déclare Sunny Cheung de la veillée de Tiananmen. https://t.co/c6q1Yr1skp
— Gengis K (@baron47825959) May 30, 2021
24 personnalités du mouvement pro-démocratie condamnées en 2020
Pendant des décennies, l’ex-colonie britannique a été le théâtre d’une veillée à la mémoire des victimes de l’intervention sanglante de l’armée chinoise contre le mouvement social et étudiant de 1989 à Pékin. Des foules avaient l’habitude de se masser avec des bougies dans le parc Victoria, au cœur de l’île de Hong Kong.
Mais pour la première fois en 30 ans, la veillée du 4 juin n’avait pas été autorisée en 2020 par les autorités qui avaient avancé le prétexte de la lutte contre la pandémie de Covid-19 causée par le virus du PCC (Parti communiste chinois), alors qu’au cours du mois écoulé, Hong Kong n’a pourtant recensé que trois cas de contamination locale. Les restrictions prises contre le coronavirus font qu’il est actuellement interdit de se rassembler à plus de quatre en public, ce qui rend toute manifestation impossible.
Jusqu’à 5 ans d’emprisonnement
En 2020, des dizaines de milliers de personnes avaient néanmoins bravé cette interdiction pour marquer pacifiquement la 31e commémoration de Tiananmen. Et des poursuites judiciaires avaient été engagées contre 24 personnalités du mouvement pro-démocratie. Plusieurs, parmi lesquelles Joshua Wong, ont été condamnées en début de mois à des peines de prison allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement pour avoir participé à la veillée.
Le refus d’autoriser cette année la veillée intervient deux jours après que la police de la ville voisine de Macao a également interdit une telle commémoration, y voyant un risque d’« incitation à la subversion » et de « diffamation du gouvernement central ». C’était la première fois que les autorités avançaient une raison politique pour interdire cette commémoration.
La sanglante intervention de l’armée chinoise dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avait mis fin à sept semaines de manifestations d’étudiants et d’ouvriers contre la corruption et pour la démocratie en Chine. La répression avait fait entre plusieurs centaines et plus d’un millier de morts.
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