L’armée israélienne a expliquée la mort de sept collaborateurs de l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) lundi soir dans la bande de Gaza du fait qu’un homme armé était monté sur le toit de l’un des camions et « a commencé à tirer ». Elle a néanmoins reconnu une série d’« erreurs ».
Voici comment le drame s’est déroulé, selon la version de l’armée présentée vendredi lors d’un point de presse particulièrement confus au cours duquel nombre de questions des journalistes sont restées sans réponse.
Un navire transportant 300 tonnes d’aide alimentaire de WCK en provenance de Chypre est déchargé sur un quai près de Deir al-Balah, sur la côte centrale de Gaza. La zone est gardée par l’armée israélienne. L’opération devait être effectuée sur quatre nuits, selon l’armée, et l’aide progressivement acheminée vers un entrepôt situé à l’intérieur des terres. Tout était programmé dans l’obscurité, pour éviter des bousculades de personnes affamées ou des drames meurtriers comme il s’en produit depuis plusieurs semaines dans la bande de Gaza autour des convois d’aide alimentaire.
C’était le deuxième bateau que WCK affrétait depuis Chypre, après un premier mi-mars. L’ONG avait donné à l’armée tous les détails sur ses véhicules et leur itinéraire, comme le prévoient les procédures de sécurité habituelles des organisations humanitaires.
Le logo de WCK invisible la nuit
Selon l’armée, le convoi de huit camions transportant l’aide alimentaire roule pendant environ 20 minutes vers le sud le long de la route côtière, avant d’être rejoint à 22h28 par quatre véhicules de WCK près du centre d’accueil de l’ONG. Les quatre voitures portaient le logo de WCK sur leur toit, mais « l’opérateur (du drone) ne pouvait pas les voir dans l’obscurité », insiste l’armée israélienne.
Un homme armé monté sur le toit « a commencé à tirer »
C’est là qu’un homme armé est monté sur le toit de l’un des camions et « a commencé à tirer », faisant naître de premiers soupçons selon lesquels le « convoi avait été détourné par le Hamas », affirme l’armée. Le convoi poursuit sa route et s’arrête au « hangar A », où « l’homme armé est descendu », selon l’armée.
L’armée a montré aux journalistes des extraits vidéo de drone, sur lesquels il apparaît qu’une personne tire avec un fusil automatique depuis le haut d’un camion. À ce moment-là, le commandant essaie de contacter l’ONG, a déclaré Yoav Har-Even, le général en retraite qui dirige l’enquête interne sur les faits. Mais le responsable de la sécurité de WCK en Europe ne parvient pas à contacter l’équipe sur le terrain, ajoute l’armée.
Lorsque les camions et les voitures des humanitaires sont au « hangar A », le drone de l’armée de l’air repère « 15 à 20 personnes à l’extérieur de l’entrepôt. Au moins deux à quatre d’entre elles ont été identifiées comme portant des armes », d’après le général Har-Even.
Entre 22h47 et 22h55, l’un des officiers israéliens, qui visionne les images, « conclut qu’il s’agit d’agents du Hamas ». Cependant, comme protocole général, les soldats de l’armée israélienne « ont l’ordre de ne pas frapper les individus armés pour ne pas mettre en danger les convois humanitaires », ajoute le général.
Une fois les camions dans l’entrepôt, les véhicules des travailleurs humanitaires repartent. L’un d’eux se dirige vers le nord, vers le « hangar B ». « Deux à quatre tireurs ont été identifiés comme étant sortis et entrés dans le hangar » B, a déclaré le général Har-Even.
La caméra du drone a montré au moins trois des hommes avec ce qui semblait être des armes, a ajouté l’officier, selon qui les règles de l’armée interdisent de frapper des suspects si près d’un entrepôt d’aide humanitaire.
Pendant ce temps, les trois autres voitures de WCK sont reparties vers la côte. Selon le général Har-Even, la « cellule » aux commandes du drone était convaincue d’avoir repéré un homme armé montant dans l’une d’elles.
« Nous savons maintenant que c’était une erreur. Ce n’était pas une arme. C’était peut-être un sac », a-t-il dit.
Alors que les sept humanitaires et leurs véhicules atteignent la côte et tournent vers le sud, « l’état d’esprit (des opérateurs du drone) était que la mission humanitaire était terminée et qu’ils traquaient au moins un tireur du Hamas », a déclaré le général.
« À l’encontre des procédures opérationnelles normales »
À 23h09, le drone « frappe une voiture et identifie des personnes qui en sortent et entrent dans une deuxième voiture », dit encore l’officier. « Ils ont décidé de tirer, ce qui allait à l’encontre des procédures opérationnelles normales », ajoute le général : « Ils ont ensuite tiré sur la troisième voiture… »
La dernière frappe sur les survivants des deux premiers missiles a lieu à 23h13.
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