Il est « irréaliste » que l’Ukraine retrouve ses frontières d’avant-guerre, déclare le secrétaire américain à la Défense

M. Hegseth a réitéré les appels de Donald Trump en faveur de négociations pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine et a indiqué que les États-Unis allaient se concentrer sur d'autres problèmes de sécurité en dehors de l'Europe

Par Ryan Morgan
14 février 2025 04:35 Mis à jour: 17 février 2025 15:41

Lors d’une réunion avec le réseau des soutiens internationaux de l’Ukraine, tenue en Belgique le 12 février, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a averti que la reprise de l’ensemble des territoires que l’Ukraine a perdus au profit de la Russie depuis 2014 était un objectif de guerre irréaliste. Il a également insisté pour que l’Europe assume une plus grande part du soutien à l’Ukraine.

« Nous voulons, comme vous, une Ukraine souveraine et prospère. Mais nous devons commencer par reconnaître que le retour aux frontières de l’Ukraine d’avant 2014 est un objectif irréaliste », a déclaré M. Hegseth lors de sa rencontre avec le Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine (Ukraine Defense Contact Group).

Les frontières de l’Ukraine sont en mouvement depuis le début de l’année 2014, lorsque le président de l’époque, Viktor Ianoukovitch, a été chassé du pouvoir. M. Ianoukovitch était en bons termes avec le gouvernement russe. Il a fait face à des manifestations populaires massives après avoir rejeté un accord visant à renforcer les liens économiques avec l’Union européenne à la fin de l’année 2013.

En février 2014, quelques jours seulement après la fuite de Viktor Ianoukovitch, les forces russes ont pris le contrôle de la péninsule de Crimée. Dans l’est de l’Ukraine, des séparatistes prorusses ont cherché à se dissocier du gouvernement ukrainien post-Ianoukovitch.

La Russie et l’Ukraine sont en conflit direct depuis février 2022, lorsque les troupes russes sont entrées en force en Ukraine. Depuis lors, la Russie a proclamé l’annexion de quatre provinces de l’est de l’Ukraine et les forces russes ont continué d’avancer vers l’ouest.

Dans un contexte où la Russie et l’Ukraine sont engagées dans un conflit armé depuis près de trois ans, M. Hegseth a déclaré que l’objectif du président Donald Trump est de mettre fin aux hostilités.

« Il a l’intention de mettre fin à cette guerre par des moyens diplomatiques en amenant la Russie et l’Ukraine à la table des négociations », a déclaré M. Hegseth.

Tout en partageant ses doutes quant à la capacité de l’Ukraine à récupérer les gains territoriaux obtenus par la Russie après 2014, il a rejeté la demande de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN dans le cadre d’une garantie de sécurité plus large visant à mettre fin à la guerre.

« Les États-Unis ne pensent pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit une issue réaliste d’un règlement négocié », a déclaré M. Hegseth.

L’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, document fondateur de l’OTAN, stipule que les différents membres de l’alliance doivent considérer une attaque contre un membre comme une attaque contre l’ensemble de l’alliance et s’engager à aider le membre attaqué.

Le président russe Vladimir Poutine s’est opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et a averti que cette idée mettrait l’alliance en conflit direct avec la Russie.

M. Hegseth a affirmé que les partisans de l’Ukraine pouvaient assurer eux-mêmes la sécurité du pays, mais pas sous l’égide de l’OTAN.

« Toute garantie de sécurité doit être assurée par des troupes européennes et non européennes compétentes. Si ces troupes sont un jour déployées en tant que soldats de la paix en Ukraine, elles devraient l’être dans le cadre d’une mission non OTAN et ne devraient pas se faire sous l’égide de l’Article 5 », a-t-il déclaré.

M. Hegseth a également insisté sur le fait que les bailleurs de fonds européens de l’Ukraine doivent commencer à fournir l’essentiel de l’aide militaire létale et non létale à ce pays en difficulté.

Au-delà du conflit entre la Russie et l’Ukraine, M. Hegseth a une fois de plus plaidé pour que les alliés de l’OTAN augmentent leurs contributions aux capacités militaires communes de l’alliance.

L’OTAN vise actuellement à ce que chaque membre consacre 2 % de son PIB annuel à son armée, mais M. Hegseth a suggéré que cet objectif soit relevé à 5 %.

Jusqu’à l’année dernière, la plupart des nations de l’OTAN étaient en dessous de l’objectif de 2 % de dépenses militaires. Parmi les 31 membres de l’alliance, 8 d’entre eux n’ont toujours pas atteint l’objectif de 2 %.

M. Hegseth a averti les dirigeants mondiaux, le 12 février, que les États-Unis devaient mettre leurs propres préoccupations en matière de sécurité avant celles de l’Europe.

« Les États-Unis font face à des menaces considérables pour leur territoire. Nous devons nous concentrer sur la sécurité de nos propres frontières, et c’est ce que nous faisons », a-t-il déclaré. « Nous sommes également confrontés à un concurrent de même niveau, la Chine communiste, qui a la capacité et l’intention de menacer notre nation et nos intérêts nationaux fondamentaux dans la région indopacifique. »

Les alliés internationaux de l’Ukraine ont spéculé pendant des mois sur la poursuite du soutien des États-Unis à l’Ukraine sous la direction de Donald Trump.

Après les commentaires de M. Hegseth le 12 février, le secrétaire britannique à la Défense, John Healey, a reconnu les préoccupations de l’administration Trump concernant le conflit en Ukraine et les contributions de l’Europe à l’effort de guerre.

« Nous entendons votre engagement en faveur de l’OTAN, à l’Article 5, à une Ukraine souveraine et à votre partenariat de défense avec l’Europe. Nous entendons également vos préoccupations quant à votre engagement en faveur de l’Ukraine. Nous le faisons et nous le ferons. En ce qui concerne notre engagement dans la sécurité européenne, nous le faisons et nous le ferons », a déclaré M. Healey.

Bien que Donald Trump ait plaidé pour des pourparlers en vue de mettre fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine, il ne sait pas encore bien si – et dans quelle mesure – le soutien des États-Unis à l’Ukraine se poursuivra, alors que les combats font rage.

Au début du mois, Donald Trump a évoqué la possibilité d’échanger son soutien à l’Ukraine contre l’accès des États-Unis aux ressources naturelles du pays, en particulier aux minerais de terres rares. Dans une entrevue accordée cette semaine, Donald Trump a indiqué que l’idée d’échanger le soutien des États-Unis contre des minerais de terres rares ukrainiens progressait. Selon lui, les États-Unis pourraient tirer 500 milliards de dollars en ressources naturelles de l’Ukraine.

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