À la suite de sa rupture officielle avec Project Veritas, le journaliste d’investigation a lancé une nouvelle entreprise. Celle-ci vise à remettre le pouvoir des médias entre les mains des gens ordinaires.
L’objectif est de « décentraliser » le journalisme.
« Et s’il existait un moyen d’autonomiser et de mobiliser les journalistes, les journalistes citoyens, et de décentraliser le journalisme – vous savez, de la même manière qu’Uber l’a fait pour les taxis ? » C’est ce qu’a soulevé James O’Keefe à Jan Jekielek, rédacteur en chef d’Epoch Times et animateur de l’émission American Thought Leaders, lors d’un entretien le 16 mars.
« Et s’il existait un moyen de faire cela pour des milliers et des milliers de personnes ? Vous pourriez dire : ‘C’est impossible, c’est trop difficile’. C’est pourtant la mission dans laquelle je m’embarque. Et je pense que j’ai la capacité de le faire ».
James O’Keefe a lancé sa nouvelle société de médias, O’Keefe Media Group, le 15 mars, environ trois semaines après avoir été évincé de son poste de président du conseil d’administration et de directeur général de Project Veritas, une organisation de journalisme d’investigation qu’il a fondée en 2010, à la suite d’une enquête sur ses habitudes de consommation.
« Quand vous êtes vraiment bon dans quelque chose, ils vont essayer de vous démolir », explique-t-il. « L’envie, le ressentiment, l’ego, le pouvoir, le contrôle, etc. J’en ai fait l’expérience. Mais je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. »
« En fin de compte, je pense que c’est une bénédiction parce que cela m’a beaucoup appris et que nous avons pu … construire quelque chose à une plus grande échelle. Cela m’a en quelque sorte permis de réaliser la mission que j’ai toujours voulu accomplir, à savoir la décentralisation et la création d’une vaste armée de citoyens chargés de révéler les faits. »
Les révélations concernant Pfizer
James O’Keefe explique que l’idée de sa nouvelle entreprise est née de son dernier grand sujet avec Project Veritas – un reportage dans lequel un cadre de Pfizer a été enregistré en train de déclarer que le fabricant de médicaments « explorait » des moyens de faire muter le SARS-CoV-2, le virus qui cause le Covid-19.
James O’Keefe révèle que Debbie Bernal, l’une des deux lanceuses d’alerte avec lesquelles Project Veritas a travaillé sur cette histoire, avait initialement peur de révéler son identité parce qu’elle « ne voulait pas finir dans un sac mortuaire ».
Cependant, après avoir été témoin de ce qui s’est passé entre James O’Keefe et son ancienne organisation, Debbie Bernal a décidé de rompre le silence en le rejoignant sur scène à la CPAC à Washington.
Depuis, le journaliste s’est donné pour mission de trouver d’autres citoyens concernés comme Debbie Bernal et de leur « donner les moyens » de témoigner et de rapporter la vérité.
« C’est l’un des seuls espoirs qu’il reste à notre société », ajoute-t-il.
Construire une armée
Dans des circonstances normales, la constitution d’une armée de plusieurs milliers d’hommes n’est pas une mince affaire. Si l’on ajoute à cela le fait que les soldats doivent – du moins pour l’instant – être non rémunérés, on pourrait s’attendre à ce que les puits de recrutement se tarissent.
Mais ce n’est pas le cas de James O’Keefe.
Au contraire, le journaliste constate que sa nouvelle société a déjà suscité l’intérêt d’une boîte de réception pleine de journalistes en herbe, ainsi que de quelques milliers d’abonnés payants, juste dans les 24 heures qui ont suivi son lancement.
« La plupart des gens sont prêts à faire cela gratuitement », affirme-t-il-il. « En fait, les personnes qui travaillent avec moi depuis deux semaines ont travaillé gratuitement. Et certains d’entre nous ont épuisé leur carte de crédit pour que l’entreprise soit opérationnelle, ce qu’elle est devenue. »
Pour l’essentiel, le plan de James O’Keefe consiste à équiper les journalistes citoyens de caméras afin qu’ils puissent enregistrer eux-mêmes la corruption dans leurs communautés. Ces journalistes citoyens seront soutenus par une « équipe interne de journalistes d’élite » qui vérifiera l’exactitude des faits et l’absence de parti pris.
« Il faut s’assurer que l’on procède de la bonne manière, que l’on ne franchit pas les limites, que l’on ne filme pas les gens dans leur chambre à coucher. Ce n’est pas ce que nous voulons », fait-il remarquer. « Alors oui, je pense qu’il y aura des obstacles, mais je ne pense pas que nous soyons incapables de les surmonter. »
Et s’il reconnaît qu’à un moment donné, les journalistes seront probablement payés, il met en garde : « Il faut être prudent, car lorsque l’incitation est de se faire payer, le journalisme peut s’en trouver abîmé ».
Une « influence pernicieuse »
James O’Keefe estime que l’argent — provenant notamment de la publicité — a une « influence pernicieuse » sur l’indépendance des journalistes d’investigation.
« Je pense qu’un journaliste doit vous donner les faits – et vous les donnez sans crainte ni faveur. Ainsi, si sur mes vidéos YouTube, à la toute fin, il est écrit « Ceci vous a été présenté par Pfizer », … il est évident que vous allez vous dire « OK, cela influence probablement sa capacité à être honnête ».
Soutenant que le mercantilisme « finira par corrompre l’essence même du métier de chercheur de vérité », James O’Keefe souligne que ceux qui rapportent les informations doivent au contraire être animés par un sens de la justice.
Il précise toutefois qu’il a constaté récemment les conséquences d’avoir laissé les « mauvaises » motivations guider les reportages. Mais il préfère se concentrer sur les aspects positifs, comme le fait que des milliers d’autres personnes motivées par le désir de vérité ont choisi de se joindre à lui dans sa nouvelle quête.
« Ils sont si nombreux, c’est vraiment ce que j’ai appris. Alors, exploitons-les. Équipons-les et décentralisons le journalisme. »
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