L’arrivée du « Lagocephalus sceleratus » bouleverse l’équilibre de la biodiversité méditerranéenne. Cette espèce, aussi appelée « poisson-ballon », menace sérieusement les baigneurs et le travail des pêcheurs.
Vivant principalement dans les océans Indien, Pacifique et Atlantique, le Lagocephalus sceleratus, littéralement « tête de lièvre maudite », prend de plus en plus ses quartiers dans la Méditerranée. Derrière ce nom pas du tout flatteur se cache un poisson d’une grande toxicité et une menace pour les espèces indigènes qu’il rencontre. Les baigneurs malchanceux peuvent aussi faire les frais de son agressivité.
Pouvant mesurer jusqu’à 1,20 m de longueur et peser jusqu’à 9 kilos, le poisson-ballon (son nom commun) est une espèce lessepsienne, ce qui signifie qu’il a migré de la mer Rouge vers la mer Méditerranée par le canal de Suez. Comme le rapportent nos confrères du Point, il a commencé à être observé en Méditerranée en 2003, et un spécimen de 50 cm pour 1,5 kg a été pêché pour la première fois à Gruissan (Aude) en 2014.
Sur la liste noire des espèces envahissantes
Tout comme le célèbre fugu, il peut augmenter le volume de son corps en ingérant rapidement de l’eau pour impressionner celui qui le menace. En raison notamment de son taux de croissance et de reproduction élevé, il compte parmi les espèces invasives dont l’expansion est particulièrement rapide. Il fait partie de la liste noire des espèces envahissantes du milieu marin établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Ses morsures sont si puissantes qu’elles peuvent conduire à des amputations de doigts. Cela se produit notamment lorsque le poisson est provoqué ou manipulé. De même, son comportement agressif dans les eaux côtières, lorsqu’il se sent menacé ou confiné, constitue une menace pour les pêcheurs et les baigneurs.
Sa présence dans le nord de la mer Adriatique a récemment été signalée par une équipe de chercheurs de Pula et de Split, en Croatie : « Cette découverte indique que le Lagocephalus sceleratus continue d’étendre son aire de répartition vers le nord. Cette propagation soulève des inquiétudes quant à l’augmentation des impacts écologiques et socio-économiques dans des zones auparavant non affectées », précise Moira Bursic, l’une des scientifiques du groupe.
Un poisson toxique
Le Lagocephalus sceleratus n’est pas seulement une espèce invasive. Elle produit également de la tétrodotoxine, une puissante neurotoxine, qui bloque la propagation de l’influx nerveux, entraînant une paralysie. Cette dernière le rend impropre à la consommation. C’est aussi pour cette raison qu’il n’a quasiment pas de prédateurs.
Cette toxine ne peut être détruite par la chaleur, donc même cuisiné, le poisson sera toujours potentiellement mortel. Le décès du consommateur survient généralement dans les six à vingt-quatre heures et est dû à une paralysie des muscles respiratoires. L’intoxication peut évoluer en plusieurs stades, allant d’un engourdissement de la bouche à une perte progressive de conscience, jusqu’à la mort.
En concurrence avec les prédateurs indigènes, il accentue également la pression écologique sur les autres espèces. Sa prédation d’espèces indigènes, notamment des coquillages et des poissons, menace la biodiversité locale.
Les pêcheurs s’inquiètent de sa prolifération. Avec leur bec puissant, les poissons-ballons tranchent les filets, pour récupérer des proies tout juste capturées. De plus, le poisson-ballon a des goûts de luxe : il est friand d’espèces de poissons qui ont une grande valeur commerciale. À long terme, c’est un manque à gagner certain pour les pêcheries locales.
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