Le gouvernement britannique, sous pression pour sa gestion de l’afflux de migrants sur ses côtes, a cherché jeudi l’apaisement après avoir provoqué la colère de Tirana en mettant en cause les demandeurs d’asile albanais.
Le nouvel exécutif du Premier ministre conservateur Rishi Sunak a adopté une position très dure concernant l’immigration. La ministre de l’Intérieur Suella Braverman a évoqué en début de semaine au Parlement une « invasion » de l’Angleterre par les migrants et s’est interrogée sur les réelles motivations des arrivants albanais, suscitant une levée de boucliers de l’opposition, de l’ONU, et du gouvernement albanais.
Après une série de tweets virulents mercredi accusant Londres de discrimination, le Premier ministre Edi Rama a dénoncé jeudi « le discours insensé » de Londres, qui décrirait les migrants, en particulier albanais, comme des « envahisseurs et des gangsters » pour détourner l’attention de « l’échec total de sa politique en matière de contrôle des frontières et de crime ».
Une « invasion » de l’Angleterre par les migrants
Il s’exprimait devant des journalistes à Berlin où il participait à un sommet auquel assistait également le ministre des Affaires étrangères britannique James Cleverly.
« Cibler une communauté et parler de gangsters et de criminels ne sonne pas (…) très anglais (…), mais ressemble plus à des cris dans un asile », a insisté M. Rama.
Mercredi, il s’est entretenu avec le chef de la diplomatie britannique qui a tweeté que les deux dirigeants avaient eu une « rencontre importante » et qu’ils étaient d’accord pour « casser le modèle économique des passeurs ».
Jeudi matin, le secrétaire d’Etat Graham Stuart, en charge du dossier climatique mais chargé de porter la parole du gouvernement devant les médias, a également cherché à calmer le jeu.
Il a reconnu des propos « malheureux » dus à « la pression » que met sur les communautés locales du sud de l’Angleterre et sur le gouvernement l’afflux toujours plus nombreux de migrants à bord de petites embarcations.
Et il avait exprimé la « gratitude » de Londres pour la coopération de Tirana dans la lutte contre l’immigration illégale.
Le dossier migratoire est un problème pour le gouvernement conservateur britannique qui promettait que le Brexit allait permettre de mieux maîtriser les frontières.
Près de 40.000 personnes ont traversé la Manche depuis le début de l’année pour atteindre le Royaume-Uni, un record, dont 12.000 Albanais, selon un chiffre évoqué récemment.
Les gangs albanais à la pointe du trafic de migrants
Leur proportion serait encore plus importante ces dernières semaines selon des responsables britanniques, tandis que les gangs criminels albanais sont considérés comme étant à la pointe du trafic de migrants vers la Grande-Bretagne.
Ajoutant au casse-tête pour le gouvernement, la situation du centre d’accueil de migrants de Manston, dans le sud-est de l’Angleterre, est aussi au centre de l’attention, car il accueille plus de 4000 personnes pour une capacité de 1600 places.
Les migrants ne sont censés y rester que 24 heures maximum, avant d’être réorientés vers d’autres hébergements, mais leur temps d’attente s’est allongé, faute de solution d’accueil alternative.
Les images d’une jeune migrante courant vers les grilles du centre pour remettre une lettre poignante à des journalistes, dans laquelle elle dénonce les conditions d’accueil, a fait le tour des médias britanniques.
Le gouvernement est désormais menacé d’une action en justice pour son traitement des personnes détenues dans ce centre.
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