Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a affirmé mardi qu’il ne voulait pas « envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine » alors que les professionnels français de la volaille le pressent d’intervenir contre le « déferlement » de poulets ukrainiens sur le marché français.
En solidarité avec le pays en guerre avec la Russie, l’Union européenne a suspendu les droits de douane avec l’Ukraine, rendant les poulets que le pays continue à produire encore plus compétitifs. Selon l’interprofession française de la volaille Anvol, les volumes de viande de poulet arrivant directement d’Ukraine en France ont augmenté de 75% sur six mois.
Mardi, au premier jour du salon des productions animales (Space) à Rennes, le président de l’Anvol et éleveur Jean-Michel Schaeffer a appelé le ministre Marc Fesneau à activer un mécanisme européen, une clause de sauvegarde, pour empêcher la poursuite de ces importations « à droit nul et sans limite de volume ».
« On est tous solidaires du peuple ukrainien », a-t-il ajouté. Toutefois, selon l’Anvol, la suspension des droits de douane déstabilise la production européenne et profite avant tout « à un seul et même groupe industriel » actif en Ukraine, MHP, « coté en bourse à Londres et dont le siège est basé à Chypre ».
Un « acte d’hostilité »
« Je ne veux pas envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine », a répondu Marc Fesneau, affirmant que l’activation de la clause de sauvegarde pourrait être assimilée à un « acte d’hostilité ». « Avant de prendre une position définitive », il a aussi dit vouloir établir dans quelle mesure la suspension des droits de douane « déstabilise ou pas le marché ».
Un poulet sur deux consommé en France est importé, « le fait ne date pas de la guerre en Ukraine », a-t-il poursuivi, notant que la hausse des importations était aussi due à la baisse de l’offre française du fait de l’épizootie de grippe aviaire qui a contraint d’abattre des volailles et de laisser des élevages vides pendant une période prolongée.
Côté céréales
Pour un autre produit agricole, les céréales, d’autres membres de l’Union européenne ont obtenu des dérogations : en avril, l’UE a autorisé la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, à interdire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens sur leur territoire, à condition qu’ils n’empêchent pas le transit vers d’autres pays. Les agriculteurs de ces pays attribuaient à ces importations la chute des prix sur leurs marchés locaux.
Ces cinq États ont demandé que ces interdictions, qui expirent vendredi, soient prolongées. La Pologne a d’ores et déjà annoncé la prolongation unilatérale de cette interdiction, Kiev se disant prêt à saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour exiger une compensation de Varsovie.
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