Moins d’une semaine après le drame, deux juges d’instruction ont été saisis pour enquêter sur l’incendie d’un gîte à Wintzenheim (Haut-Rhin) où ont péri mercredi 11 personnes, majoritairement des adultes en situation de handicap venus en vacances.
L’information judiciaire, ouverte lundi pour homicides et blessures involontaires aggravés par la violation d’une obligation de sécurité ou de prudence, doit permettre d’établir la cause de l’incendie, mais aussi les éventuelles responsabilités pénales ou civiles des différents acteurs : propriétaire du gîte, associations, préfecture ayant accordé un agrément temporaire…
Les enquêteurs recueillent notamment les divers documents permettant de vérifier la conformité – ou non – des hébergements, a précisé le parquet.
Complexité de l’affaire
Selon la mairie de Wintzenheim, le gîte n’avait pas été déclaré par sa propriétaire. La commission de sécurité n’avait pas non plus été sollicitée, a indiqué le parquet de Colmar, qui avait ouvert une première enquête avant de se dessaisir au profit du pôle des accidents collectifs de Paris, du fait de la complexité de l’affaire.
En parallèle, les affaires sociales ont également lancé des investigations. Les résultats de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sont attendus « début septembre », a assuré lundi la ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi.
Au total, 28 personnes étaient présentes lors de l’incendie de ce gîte, une ancienne grange rénovée il y a quelques années. Celles logeant au rez-de-chaussée s’en sont sorties vivantes, comme cinq logées dans les étages. Onze autres ont péri.
La ministre a précisé que les deux organismes ayant organisé les deux voyages adaptés aux personnes handicapées à Wintzenheim « disposaient d’un agrément au moment du drame. L’un des deux a vu le sien prolongé temporairement ».
Une association venue de Besançon, appelée Idoine, organisait un séjour adapté dans le gîte situé au rez-de-chaussée de l’ancienne grange. Ses membres sont rentrés en Franche-Comté le soir même du drame, tous indemnes.
Oxygène, une société dont le siège social est situé à Lyon, organisait le séjour dans les étages, où dix vacanciers et un accompagnateur ont péri. Elle ne disposait que d’un agrément temporaire, valable durant l’été. Il lui avait été accordé début juillet par la préfecture d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Cette dernière a précisé mardi à l’AFP qu’Oxygène était « agréée depuis de nombreuses années ». Lorsque son agrément a pris fin, l’association en a demandé le renouvellement pour cinq ans. « L’agrément lui a été accordé, mais seulement pour la durée estivale car il manquait quelques pièces au dossier, non parvenues dans les temps », a précisé la préfecture.
« Il n’y avait eu aucun problème lors de l’agrément précédent », assure-t-elle encore. Il était également question de « prendre en compte un manquement administratif, mais aussi la réalité d’une cinquantaine de séjours pour des handicapés programmés sur tout le territoire cet été ». Sollicité par l’AFP, l’avocat d’Oxygène, Me Alain Jakubowicz, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Une femme « qui aimait la vie, partie trop tôt »
Les dix vacanciers en situation de handicap décédés étaient âgés de 23 ans à une cinquantaine d’années. Ils s’appelaient Jennifer, Claude, Jimmy, Jérôme, Marcelle, Laure, Fatima, Jérôme, Régis et Christelle. Un accompagnateur, né en 1990 selon le parquet de Paris, a également perdu la vie.
L’AEIM de Meurthe-et-Moselle, qui a perdu quatre de ses résidents dans l’incendie, a indiqué à l’AFP « réfléchir » à se porter partie civile.
À Amnéville en Moselle, une messe a été célébrée dimanche pour quatre victimes qui résidaient dans le département, dont Fatima. Son frère l’a pudiquement décrite auprès de l’AFP comme une femme « qui aimait la vie, partie trop tôt ».
Des registres de condoléances seront mis à disposition des habitants des communes de Meurthe-et-Moselle d’où étaient originaires les victimes, à Nancy, Saint-Max, Tomblaine, Val de Briey ainsi qu’au conseil départemental, dès mercredi.
Ce sinistre est le plus meurtrier en France depuis l’incendie d’un bar à Rouen en 2016, qui a fait 14 morts.
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