Il jouait avec un briquet et un torchon: un enfant de 10 ans a été mis en examen, soupçonné d’avoir provoqué l’incendie d’une tour HLM ayant causé la mort d’une mère de 33 ans et de ses trois enfants jeudi à Aubervilliers.
Cet enfant a été mis en examen par un juge d’instruction de Bobigny qui avait ouvert une information judiciaire pour incendie volontaire ayant entraîné la mort, un crime passible de la réclusion à perpétuité, a indiqué lundi une source judiciaire à l’AFP.
L’enfant ne pourra toutefois pas être jugé, son âge le rendant pénalement irresponsable. Le juge d’instruction a décidé de lui imposer une « mesure d’éloignement » de cette commune de Seine-Saint-Denis, selon cette même source.
« Il a joué avec un briquet et a mis le feu à un torchon. Il n’a pas réussi à éteindre le feu qui s’est propagé à l’appartement, puis aux appartements voisins », a relaté la source judiciaire.
L’incendie avait débuté jeudi vers 17H00, et s’était propagé aux cinq derniers étages de cette tour qui en compte dix-huit. Les corps inanimés des victimes, une mère de 33 ans enceinte et ses enfants de 18 mois, 4 ans et 6 ans, avaient été découverts en début de soirée dans un logement du 17e étage.
Neuf personnes, six habitants et trois pompiers, avaient également été transportés à l’hôpital, légèrement blessés. « Ce drame nous rappelle que dans une ville aussi dense qu’Aubervilliers, prendre soin de chacune et de chacun est ce qui permet la sécurité de toutes et tous », a réagi lundi soir la mairie qui a souligné « l’élan de solidarité » engendré par cet incendie.
Le secrétaire d’Etat à la Cohésion des Territoires Julien Denormandie, qui s’était rendu vendredi sur les lieux du drame, avait exprimé sa « reconnaissance aux jeunes du quartier qui ont permis de sauver des vies » en grimpant dans les étages pour secourir les habitants avant l’arrivée des pompiers.
L’incendie avait nécessité l’intervention d’une trentaine de véhicules et d’une centaine de pompiers, dont le travail avait été compliqué par les températures caniculaires qui régnaient en Ile-de-France.
Entre 250 et 350 personnes avaient été évacuées de cet immeuble de 108 logements appartenant à l’Office public HLM d’Aubervilliers. Une trentaine d’entre eux avaient passé la nuit dans un gymnase mis à disposition par la mairie.
Vendredi matin, des habitants choqués, réunis au pied de l’immeuble sinistré, avaient rendu hommage aux jeunes de la cité, venus secourir les habitants piégés en haut de la tour.
« Les vrais héros, ce sont les jeunes. S’ils n’étaient pas intervenus, le bilan aurait été encore plus lourd. Un petit criait à la fenêtre du 16e, il allait sauter », avait assuré Foudil Ben Cherif, un animateur.
Jeudi après-midi, avec Samir, 16 ans, et Stéphane, 21 ans, il avait grimpé 16 des 18 étages de cet immeuble pour aller « taper aux portes et faire sortir les gens » : « Ca a été un travail d’équipe, avec les policiers et les pompiers », avait rapporté ce trentenaire.
« On était posé en bas, comme d’hab’, et on a vu le petit à la fenêtre. On a d’abord pensé qu’il rigolait », avait raconté Stéphane à l’AFP, quelques heures après l’incendie. « On est monté avec l’ascenseur. C’était tout noir, 70 degrés, j’ai cru que j’allais brûler. J’ai descendu le petit et une femme handicapée du 15e, à pied ». Et de soupirer : « On ne savait pas qu’il restait des gens au 17e… »
La mère de famille décédée, prénommé Fatoumata selon des témoins, avait travaillé comme caissière au supermarché voisin. « Elle a arrêté de travailler après avoir eu sa première fille, pour s’occuper des enfants », avait raconté à l’AFP Mariam Dembélé, une voisine qui fut aussi sa collègue.
D.V avec AFP
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