Insécurité « alarmante » en outre-mer : un rapport sénatorial exhorte à un « choc régalien »

Par Epoch Times avec AFP
23 janvier 2025 17:14 Mis à jour: 23 janvier 2025 17:30

L’insécurité « alarmante et multiforme » dans les départements et régions d’outre-mer nécessite un « choc régalien » passant par la densification des forces de sécurité et un renforcement de la justice, préconise un rapport de la Délégation sénatoriale aux outre-mer présenté jeudi.

Au terme d’une année de mission et de la visite de sept territoires, Philippe Bas (LR) et Victorin Lurel (socialistes), co-rapporteurs de ce rapport, dressent le constat d’une « insécurité alarmante et multiforme dans la quasi-totalité des départements et régions d’outre-mer ».

Crimes et délits en forte hausse depuis dix ans

Les statistiques des crimes et délits sont en forte hausse depuis dix ans et la tendance s’accélère, s’inquiètent les sénateurs, qui évoquent une hausse des homicides de 14% et de l’usage de stupéfiants de 37% entre 2022 et 2023.

Ainsi, alors que les outre-mer ne représentent que 4% de la population française en zone gendarmerie, ces territoires représentent 25% des atteintes aux personnes et 30% des homicides ou tentatives d’homicides auxquels ont affaire les gendarmes.

Le rapport s’alarme aussi de l’influence des narcotrafics, qui ont fait des outre-mer des « zones de transit ou de “rebond” », et de la porosité des frontières françaises.

Cette photographie prise le 14 octobre 2022 montre le Dr Karim Hamiche, médecin responsable de l’UMJ (Unité Médico Judiciaire), à l’hôpital de Cayenne, regardant une radiographie abdominale, où l’on peut voir des ovules de cocaïne dans les intestins d’une mule, à Cayenne. Les autorités françaises ont qualifié le territoire d’outre-mer de la Guyane de « narco-département et plaque tournante » du trafic de stupéfiants vers la France métropolitaine, où l’on estime que 20 % de la cocaïne consommée provient de la Guyane. Au cœur de ce trafic se trouve la ville fluviale de Saint-Laurent du Maroni, à la frontière du Surinam et de la Guyane française. Dans cette ville où les perspectives d’emploi sont faibles, le trafic de cocaïne représente un attrait lucratif pour certains de ses 50 000 habitants. (Photo JODY AMIET/AFP via Getty Images)

« L’État n’est pas resté inerte. Les moyens en gendarmes, en policiers, en magistrats ont augmenté, mais il n’y en a pas suffisamment », a déclaré durant une conférence de presse jeudi Philippe Bas, voulant aussi un « réexamen de l’ensemble de la procédure pénale » pour s’adapter aux spécificités ultramarines.

« S’attaquer à la délinquance du quotidien »

La première priorité est de « s’attaquer à la délinquance du quotidien », estime le rapport, qui fait 38 recommandations. Les premières visent à densifier l’implantation territoriale des forces de sécurité, et à renforcer le nombre d’enquêteurs et de magistrats en outre-mer.

Le rapport appelle aussi à une véritable « diplomatie française des outre-mer » en renforçant la coopération régionale. Il souhaite aussi durcir l’emploi des forces armées, notamment contre l’orpaillage illégal en Guyane et étendre aux Antilles les contrôles aéroportuaires à 100% (contrôles systématiques des voyageurs, NDLR), déjà en place en Guyane contre le trafic de drogue.

La Guyane et les Antilles figurent parmi les régions comptant le plus d’homicides par habitants, selon le ministère de l’Intérieur. Rien qu’en Guadeloupe et à Saint-Martin, six homicides ont été recensés depuis le début de l’année, selon le procureur général de Basse-Terre, Éric Maurel.

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