L’Iran a tiré dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 janvier une quinzaine de missiles sur des bases américains en Irak. Une riposte qualifiée par les experts de faible et avant tout symbolique, sans aucun bilan humain. La précipitation du régime iranien de clore l’affaire après la mort du puissant général des Pasdaran Qassem Soleimani, tué le 3 janvier, suite à une frappe iranienne, laisse penser que la « dure vengeance » des mollahs ne viendra pas sur le terrain militaire, faute de moyens. En réagissant de manière limitée à la mort du numéro deux du régime, Téhéran expose ses faiblesses au grand jour. Cette faiblesse était déjà apparue lors du soulèvement de novembre dernier où près de 200 villes avaient été embrasées suite à la hausse du prix de l’essence.
La capacité militaire faisant défaut, le régime du guide suprême va devoir agir sur d’autres terrains. Faire usage de ses milices proxy, en Irak comme au Liban et la guerre cybernétique. Or, sur ce terrain aussi, les moyens manquent. Le Hezbollah libanais et les milices irakiennes proches de Téhéran se trouvent en mauvaises posture dans la région, depuis les révoltes dirigées contre les ingérences iraniennes, au Liban et en Irak. Les actions qui seront entreprises seront donc limitées.
Le régime doit donc se contenter d’attaques cybernétiques contre des installations américaines et leurs alliés dans la région. Dans le passé, des attaques de ce genre ont été signalées par les services occidentaux. Mais n’ayant pas les capacités de passer à une véritable offensive, Téhéran adopte une posture défensive. C’est pourquoi le régime s’acharne sur sa propre population en accélérant la maîtrise d’Internet sur son territoire pour prévenir d’autres soulèvements et se couper du monde.
S’adressant au Parlement le 8 décembre, Rohani, lors de la présentation du budget 2020, avait déjà appelé à un arrêt complet de la connexion du pays au Worldwideweb.
Il avait déclaré : « Nous habiliterons notre réseau national de manière à ce que les gens n’aient pas besoin des sites Web étrangers pour leur usage quotidien. »
Il avait ensuite mentionné au leader qu’il a récemment donné les ordres nécessaires sur ce problème. Le Conseil Suprême pour le Cyberespace y travaille.
Ali Khamenei a comparé, pour sa part, les médias d’information aux armes chimiques et a dit plus tôt, le 4 octobre, que « les médias sont un outil important, mais quand ils sont en faveur de l’ennemi, ils se transforment en un danger. Aujourd’hui, de la télévision à la radio, d’Internet aux réseaux sociaux de toutes sortes, le cyberespace est utilisé contre notre opinion publique ».
L’objet d’une éventuelle déconnexion d’Internet a causé beaucoup de réactions à l’intérieur du pays. Ainsi, le journal d’État Jomhuri a écrit : « La notion perpétuelle de ne pas avoir accès à l’Internet mondial et d’utiliser un réseau interne qui a été mentionné dans les remarques du Président, a rendu les gens anxieux et a reçu des réactions acerbes de la part des utilisateurs des médias sociaux. »
C’est pourquoi les militants et partisans de Rohani essaient de convaincre les gens en colère que c’est une idée fausse et que son but n’est pas vraiment de couper l’internet dans le monde entier.
Ali Rabiï, le porte-parole du cabinet de Rohani, a déclaré lors d’une conférence de presse le lendemain des remarques du Président des mollahs : « Il y a une idée fausse dans le discours… Le problème est que dans notre pays nous n’avons pas plus d’un réseau. C’est juste le réseau national. Internet est également sur ce réseau national, qui est fourni à la population. Je déclare que le gouvernement n’a pas l’intention de couper l’accès à Internet soit maintenant ou dans l’avenir. Franchement, je l’annonce maintenant. «
Le fait est que les gens se sont habitués à ces dénégations et ils savent que si le gouvernement désapprouve quelque chose, au fond, c’est une confirmation de la gravité de l’affaire. Il peut s’agir simplement d’un moyen de préparer l’opinion publique.
Nier la déconnexion d’Internet
Parallèlement aux dénégations et aux désapprobations, il y a aussi beaucoup d’insistance, surtout de la part d’autres partisans du régime, en particulier le clan de Khamenei qui veut accélérer la déconnexion d’Internet. Ils critiquent pourquoi la déconnexion d’Internet a eu lieu tard au cours du récent soulèvement.
Un comité de quatre membres a été formé le 9 décembre, au Majlis « pour enquêter sur les raisons pour lesquelles Internet n’a pas été coupé plus tôt lors de la récente révolte ». À cet égard, ils ont même critiqué Azari Jahromi, le ministre de la Communication du régime.
La deuxième vague de chaos
Après la reconnexion d’Internet, cependant, l’une des principales préoccupations du régime a été le reflet de la répression et de la circulation sans précédent des images de leur cruelle répression contre le peuple iranien.
Exprimant son inquiétude pour une éventuelle fin du chaos de la rue, le journal Vatan-e-Emruz a écrit le 28 novembre : « La chose la plus importante que nous pouvons rencontrer au cours des prochains jours est la diffusion à grande échelle d’images du passé alors que les gens se reconnectent à Internet. »
Ce journal a également mentionné « ignorer la probabilité d’une deuxième vague de perturbations en abusant du rétablissement d’Internet dans les prochains jours, peut-être une menace potentielle. Elle peut avoir des conséquences étendues si l’on ne prend pas des précautions nécessaires ».
Le paradoxe insoluble
Il est clair que le régime a un paradoxe et un paradigme irrésolu sur Internet. D’une part, les jeunes rebelles utilisant Internet de façon efficace, le gouvernement a désespérément besoin de couper la portée géographique d’Internet. D’autre part, il peut être un autre déclencheur pour le soulèvement futur comme cela a été le cas lors des événements liés à la hausse du prix de l’essence.
En outre, le régime lui-même a besoin d’Internet pour se connecter avec le monde extérieur et se couper de la toile, au-delà des coûts économiques lourds, peut entraîner l’isolement politique après le soulèvement de la mi-novembre. On voit donc que le régime est coincé dans une impasse, dans laquelle il n’a aucun moyen de s’échapper.
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