L’armée israélienne a mis en place des pauses de quelques heures chaque jour dans le nord de la bande de Gaza, pour permettre aux civils palestiniens de quitter cette zone où les combats avec l’organisation terroriste du Hamas font rage, sans perspective de cessez-le-feu.
« Un cessez-le-feu avec le Hamas signifie une reddition », a répété jeudi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur la chaîne Fox News, réaffirmant son objectif d’« éradiquer le Hamas » qui a déclenché la guerre en attaquant Israël le 7 octobre. « Rien ne nous arrêtera. » Israël refuse un cessez-le-feu tant que le Hamas ne libère pas les otages.
Israël a cependant accepté des « pauses » humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de quitter le nord – où les combats et les bombardements se concentrent – pour le sud du territoire, selon les États-Unis. Ces pauses « de quatre heures dans certaines zones du nord de la bande de Gaza, seront annoncées trois heures à l’avance », a précisé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, selon qui Washington a reçu l’assurance qu’« il n’y aurait pas d’opérations militaires dans ces zones pendant la durée de la pause ».
Pour le sixième jour consécutif, les forces de défense israéliennes ont ouvert une voie d’évacuation humanitaire vers le sud de la bande de Gaza, a témoigné l’armée sous X (ex-Twitter).
Watch as, for the 6th day in a row in Gaza, the IDF has opened a humanitarian evacuation route southward: https://t.co/wFG4QFz6Jx
— Israel Defense Forces (@IDF) November 10, 2023
Des centaines de milliers de réfugiés entassés
L’armée israélienne avait ouvert « un couloir d’évacuation » dimanche, mais des Palestiniens ont témoigné de combats persistants le long de cette route, empruntée par 100.000 personnes depuis mercredi, selon les chiffres de l’armée israélienne et du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
La foule d’hommes et de femmes à pied, portant leurs enfants dans les bras, munis pour certains de quelques petits baluchons, a constaté un journaliste de l’AFP, vient grossir les centaines de milliers de réfugiés entassés dans le sud du petit territoire, dans des conditions désastreuses. « On n’a pas d’eau, pas de toilettes, pas de boulangerie », dit Oum Alaa al-Hajin, qui a trouvé refuge dans l’hôpital al-Nasser, à Khan Younès, dans le sud, après des jours de marche. « On a une miche de pain tous les trois ou quatre jours, et il faut faire plusieurs heures de queue. »
Selon l’OCHA, le nombre de déplacés à Gaza s’élève désormais à 1,6 million de personnes sur les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza. Dans le nord, où demeurent encore des centaines de milliers de personnes, « le manque de nourriture est de plus en plus préoccupant », s’inquiète l’ONU, selon qui aucune organisation n’a été en mesure d’y fournir une assistance depuis huit jours.
Situation tragique dans les hôpitaux
Les hôpitaux qui n’ont pas encore fermé manquent de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les générateurs. Ahmad Mhanna, médecin de l’hôpital Al-Awda de Jabaliya, décrit une situation « tragique ». Dans la maternité, « les médecins utilisent des lampes frontales », tout comme au bloc opératoire, où les chirurgiens opèrent « sous anesthésie locale ».
Néanmoins, l’armée israélienne accuse sur X (ex-Twitter) l’organisation terroriste du Hamas de siphonner le carburant des réservoirs des hôpitaux et de « mettre en scène une fausse pénurie de carburant ». Dans l’enregistrement téléphonique diffusé, on entend un habitant agissant sous les ordres d’un cadre du Hamas parler avec le directeur de l’hôpital indonésien pour « faire le plein à l’hôpital indonésien ».
Le Hamas met en scène une fausse pénurie de carburant à l’hôpital indonésien de Gaza. Ne tombez pas dans le piège. pic.twitter.com/pSaH39mLWN
— Tsahal (@Tsahal_IDF) November 6, 2023
Le « quartier militaire » du Hamas dans le collimateur de l’armée
Des images de l’AFTV montrent des bombardements massifs jeudi soir près de l’hôpital indonésien à Beit Lahia, qui ont provoqué la panique dans l’établissement. Les troupes au sol israéliennes, appuyées par des bombardements, resserrent leur étau sur Gaza-ville qui abrite, selon l’armée, le « quartier militaire » du Hamas retranché dans un vaste réseau de tunnels.
Elle a affirmé jeudi avoir détruit des « entrées de tunnels, des ateliers de fabrication de missiles antichars et des sites de lancement de roquettes ». « Je pense que l’armée israélienne opère de manière exceptionnelle dans son combat contre les terroristes au sol et sous terre », a déclaré M. Netanyahu sur Fox News.
Selon la défense anti-aérienne israélienne, environ 9500 roquettes ont été lancées vers Israël depuis le 7 octobre, la plupart interceptées. Mais leur nombre s’est « réduit de manière importante » depuis le 27 octobre et le début de ses opérations terrestres. M. Netanyahu a répété jeudi soir qu’Israël ne cherchait pas à « gouverner ou occuper » Gaza, « mais nous cherchons à lui donner, ainsi qu’à nous, un avenir meilleur ».
Un milliard d’euros d’engagements pour aider la population
Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir une nouvelle fois à propos de Gaza vendredi, le patron de son agence pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini a affirmé jeudi que la situation s’apparente « plus qu’une crise humanitaire, à une crise de l’humanité », lors d’une conférence internationale organisée à Paris par le président français Emmanuel Macron. Cette conférence a permis d’atteindre un milliard d’euros d’engagements, destiné à répondre notamment aux besoins de l’ONU pour aider la population des Territoires palestiniens.
Israël a cependant nié l’existence d’une « crise humanitaire », tout en reconnaissant les « nombreuses difficultés » auxquelles font face les civils palestiniens, dont le territoire est privé d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.
Selon l’OCHA, seulement 65 camions d’aide en provenance d’Égypte, via le passage de Rafah, y sont parvenus le 9 novembre, un volume « tout à fait insuffisant ». Le terminal de Rafah a par ailleurs rouvert jeudi pour permettre l’évacuation d’étrangers, binationaux et blessés. La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque sanglante menée contre Israël le 7 octobre par le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
En Israël, au moins 1400 personnes ont péri depuis le début de la guerre, selon les autorités, en majorité des civils tués le jour de l’attaque, d’une violence et d’une ampleur inédites depuis la création de l’État d’Israël en 1948. En outre, 239 personnes ont été enlevées et sont retenues à Gaza. Dans la bande de Gaza, « on enterre les gens dans des terrains de football et les terrains vagues car les cimetières sont pleins. Les corps sont parfois transportés sur des charrettes faute de carburant pour faire fonctionner les voitures », se désole Shihteh Nasser, 48 ans.
Une menace de conflit régional
Le conflit menace de s’étendre régionalement. Israël a frappé en Syrie vendredi à l’aube en réponse à un drone qui s’est abattu jeudi sur une école à Eilat (sud), sans faire de victime, a indiqué l’armée israélienne. L’armée a également indiqué « poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures » du mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban, avec lequel les échanges de tirs sont quotidiens. En soirée, l’armée israélienne avait également annoncé avoir intercepté un missile provenant de « la région de la mer Rouge » avec le système de défense anti-missile Arrow 3.
En Cisjordanie occupée, où les violences se multiplient, 18 Palestiniens ont été tués jeudi dans plusieurs localités, dont 14 lors d’un raid israélien dans la ville de Jénine, bastion des groupes armés, d’après le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.
« C’est un scénario connu, cette vie est désolante », dit à l’AFP un ingénieur informatique qui refuse de donner son nom, alors que des coups de feu déclenchent la panique dans un groupe de badauds à Jénine. Au moins 170 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre, d’après l’Autorité palestinienne.
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