Israël a défendu l’interruption, ce week-end, de l’aide humanitaire à Gaza, la considérant comme une mesure nécessaire pour mettre un terme à l’afflux de ressources vers le Hamas.
Le porte-parole du Premier ministre Benyamin Netanyahou a fait remarquer qu’Israël avait autorisé l’entrée de 4200 camions de vivres par semaine, soit « suffisamment pour de nombreux mois », pendant le cessez-le-feu de six semaines qui s’est achevé le 1er mars.
Le 1er mars, le Hamas a déclaré qu’il rejetait la proposition de l’envoyé du président Donald Trump, Steve Witkoff, de prolonger les conditions de la première phase du cessez-le-feu jusqu’au 20 avril, pendant le ramadan et la Pâque.
Selon cette proposition, le Hamas était tenu de libérer la moitié de tous les otages vivants et morts le premier jour et de libérer tous les autres si un cessez-le-feu permanent était conclu.
M. Netanyahou a déclaré, dans un communiqué publié par son bureau, que le Hamas détenait 59 otages, dont 24 sont en vie et au moins 35 sont morts.
M. Witkoff a proposé cette prolongation lorsqu’il est apparu qu’Israël et le Hamas ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur une deuxième phase du cessez-le-feu, selon M. Netanyahou.
« Il n’y aura pas de repas gratuit », a déclaré M. Netanyahou en annonçant l’arrêt des livraisons. « Si le Hamas pense qu’il sera possible de poursuivre le cessez-le-feu ou de bénéficier des conditions de la première phase sans que nous puissions récupérer des otages, il se trompe lourdement ».
Le porte-parole de son bureau, David Mencer, a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle le 3 mars que « le Hamas prend systématiquement l’aide humanitaire et la vend pour soutenir sa propre terreur ».
« Depuis un an et demi, Israël a envoyé – mais le Hamas a trahi – des fournitures que nous avons acheminées pour que le Hamas puisse faire preuve d’humanité. Au lieu de cela, ils se comportent comme des barbares depuis des années », a déclaré M. Mencer.
Selon lui, le Hamas a détourné le béton destiné aux habitations pour construire des centaines de kilomètres de tunnels terroristes. Les Israéliens l’appellent le « métro de Gaza ».
« Le carburant destiné aux ambulances a été utilisé dans des camionnettes et des motos qui se sont introduites en Israël et ont transporté nos femmes et nos enfants kidnappés à Gaza. Des médicaments ont été utilisés pour droguer nos propres otages. »
« La nourriture destinée à une large distribution a nourri les ventres des gardes qui affament nos propres otages, qui émergent […] ressemblant à des victimes de l’Holocauste. Vous l’avez vu de vos propres yeux. […] Pas de repas gratuits pour ceux qui tuent. »
Alors qu’Israël est prêt à faire de nombreux sacrifices pour « changer le statu quo, […] armer et équiper ceux qui cherchent à nous exterminer et qui utilisent les fournitures que nous envoyons pour torturer notre propre peuple, c’est aller trop loin. »

Selon M. Mencer, le Hamas a accumulé des mois d’approvisionnement.
« Ils ont suffisamment de nourriture pour alimenter une épidémie d’obésité, mais les seules personnes que nous voyons grossir sont les membres du Hamas », a-t-il relevé.
Les personnes qui ont assisté aux cérémonies de libération des otages, a souligné M. Mencer, « ont pu constater à quel point le Hamas est bien nourri. Personne ne souffre de la faim au sein du Hamas ».
Lignes rouges
Il était prévisible que les négociations sur le cessez-le-feu aboutissent à une impasse manifeste, a indiqué à Epoch Times Elliot Chodoff, un stratège militaire israélien. Les négociations ne peuvent pas entrer dans la seconde phase parce que le Hamas reste au pouvoir.
« C’est la ligne de conduite du Hamas depuis toujours, et la ligne rouge d’Israël », a-t-il insisté.
Pour M. Chodoff, l’arrêt de l’aide reste symbolique, la bande de Gaza disposant de réserves de nourriture pour une durée estimée à quatre mois.
Avec l’administration Biden, Israël a subi des pressions pour maintenir le flux de l’aide et a utilisé « le mythe de la famine imminente » pour insister sur ce point.
« Ce n’était pas imminent. Certes, les habitants de Gaza souffrent, et je ne veux pas minimiser cela, mais ce n’était pas au niveau qu’on l’a fait miroiter », a ajouté M. Chodoff.
La déclaration d’Israël de supprimer toute aide supplémentaire aujourd’hui est établie avec l’acceptation de l’administration Trump.
« Il s’agit davantage d’un message montrant que l’Amérique ne va pas faire pression sur Israël comme elle l’a fait dans le passé », a déclaré M. Chodoff.
Le Hamas doit planifier ses réponses à la demande d’Israël de libérer davantage d’otages, sachant qu’Israël est prêt à reprendre des opérations à grande échelle à Gaza, en utilisant quatre ou cinq divisions, aussi importantes que la force qui est intervenue au cours des mois d’octobre et novembre 2023. Israël s’abstient pour l’instant en raison des otages, mais peut intervenir « à tout moment ».
« À un moment donné, le gouvernement israélien devra décider : ‘Continuons-nous ou arrêtons-nous ?’ En d’autres termes, ‘Sommes-nous dans une impasse ?’ »
La valeur des 20 à 24 derniers otages vivants a considérablement augmenté, ce qui indique qu’il s’agit probablement des derniers atouts du Hamas.
« Soit ils obtiennent l’accord qu’ils souhaitent avec ces otages, soit ils n’ont plus d’actifs avec lesquels négocier. Ils vont donc tenir bon pour des enjeux très, très élevés. »
« C’est la politique de la corde raide. En fin de compte, le gouvernement israélien devra prendre une décision. Pouvons-nous continuer à raisonner avec ces gens, ou sommes-nous dans une impasse totale et devons-nous revenir à une opération militaire ? »
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