Le gouvernement syrien et Israël se sont accordés vendredi soir sur un cessez-le-feu sous l’égide des États-Unis, mais des affrontements opposent toujours des combattants tribaux et druzes à l’entrée de Soueïda, dans le sud de la Syrie, où des violences ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis près d’une semaine.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le président intérimaire syrien Ahmad al-Charaa « ont accepté un cessez-le-feu », a annoncé l’émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack, deux jours après des bombardements israéliens sur Damas.
« Nous appelons les druzes, les bédouins et les sunnites à déposer les armes, et, ensemble, avec les autres minorités, à construire une identité syrienne nouvelle et unie, dans la paix et la prospérité avec ses voisins », a écrit M. Barrack sur le réseau social X.
Une région druze en détresse face à une flambée de violences
La présidence syrienne a affirmé vendredi travailler à l’envoi d’une « force spéciale » dans la région à majorité druze de Soueïda, d’où elle avait retiré ses soldats la veille sous la pression d’Israël.
Depuis dimanche, les affrontements entre groupes druzes et tribus bédouines locales, aux relations tendues depuis des années, y ont fait au moins 638 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Selon le médecin Omar Obeid, l’hôpital public de Soueïda, unique établissement encore en service dans la ville, a accueilli plus de 400 corps depuis lundi matin, parmi lesquels figuraient des femmes, des enfants et des personnes âgées.
« Ce n’est plus un hôpital, c’est une fosse commune », a déclaré à un correspondant de l’AFP Rouba, membre du personnel de l’hôpital qui ne veut pas donner son nom de famille.
Le pouvoir intérimaire syruien affaibli et accusé de combattre contre les Druzes
Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir d’Ahmad al-Charaa qui, à la tête d’une coalition de groupes rebelles islamistes, avait renversé le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Dans un communiqué vendredi soir, la présidence a exhorté « toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier la raison », tout en affirmant travailler « à l’envoi d’une force spéciale pour mettre fin aux affrontements ».
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l’ordre, avait déjà déployé ses forces mardi à Soueïda, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L’OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d’avoir combattu au côté des bédouins et d’avoir commis des exactions.
Des combats intenses malgré les accords
Jeudi, les forces gouvernementales se sont retirées de la ville après des menaces et des frappes israéliennes, Israël affirmant intervenir pour protéger la minorité druze. De son côté, M. al Charaa a exprimé son intention d’éviter une « guerre ouverte » avec l’État hébreu.
Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes, mais la présidence a accusé jeudi les combattants druzes de l’avoir violé.
Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main forte aux bédouins, s’étaient massés autour de Soueïda, selon des correspondants de l’AFP sur place.

Et vendredi soir, quelque 200 de ces combattants ont été vus par l’AFP échangeant des tirs d’armes automatiques à l’entrée ouest de la ville avec les groupes druzes positionnés à l’intérieur.
L’OSDH a confirmé des combats dans ce secteur, ajoutant que « des bombardements visaient des quartiers de la ville ».
Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l’AFP près du village druze de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (centre) « en réponse aux appels à l’aide des bédouins ».
Le correspondant de l’AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés à Walgha, désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins.
Selon l’OSDH, « les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes qui ne peuvent plus se déployer à Soueïda en raison des menaces d’Israël ».
Une situation humanitaire alarmante à Soueïda
Près de 80.000 personnes ont été déplacées en raison des violences, s’est alarmée l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Dans Soueïda privée d’eau et d’électricité et où les communications sont coupées, « la situation est catastrophique. Il n’y a même plus de lait pour nourrissons », a déclaré à l’AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est dit « profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire » dans la région.
« Les gens manquent de tout. Les hôpitaux ont de plus en plus de mal à soigner les blessés et les malades », a déclaré Stephan Sakalian, chef de la délégation du CICR en Syrie.
Présente principalement à Soueïda, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d’une branche de l’islam est aussi implantée au Liban et en Israël.
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