Dans son dernier numéro paru le 25 octobre, le média d’extrême-droite Rivarol salue le « courage » de Jean-Luc Mélenchon sur le conflit opposant Israël au mouvement terroriste Hamas. Rivarol est un hebdomadaire farouchement antisémite dont le directeur de publication, Jérôme Bourbon, a été condamné à diverses reprises pour incitation à la haine raciale et négationnisme. Le soutien de ce média à l’ex-candidat à l’élection présidentielle peut surprendre dans un premier temps. Il est en réalité révélateur en plus d’une dérive totale du leader insoumis et de l’extrême-gauche, d’une forme de retour aux sources.
« Un certain courage, et même un courage certain »
Dans un éditorial d’une rare violence verbale, en Une du dernier numéro, Rivarol, par la plume de son rédacteur en chef Jérôme Bourbon salue « un certain courage et un courage certain » de Jean-Luc Mélenchon, par son refus de « s’aligner inconditionnellement sur l’entité sioniste et de cautionner les crimes abominables commis ces dernières semaines de manière incessante par le gouvernement israélien sur les Palestiniens ». Et Jérôme Bourbon ne s’arrête pas à cet éloge. Plus loin dans le papier, le journaliste d’extrême-droite dénonce la « chasse à l’homme » dont est victime l’insoumis, qui « sauve l’honneur d’une classe politique et d’un pays totalement inféodés à une puissance étrangère ».
Le très virulent média Rivarol
Rivarol est un hebdomadaire d’extrême-droite fondé dans les années 1950 et réputé pour sa virulence et sa haine des juifs décomplexée. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’entièreté de l’article dans lequel le leader insoumis est encensé. On y retrouve toute la sémantique antisémite de l’extrême-droite traditionnelle. Le mot « lobby » pour désigner un lobby juif fantasmé est employé au moins dix fois. Israël est qualifié d’ « État terroriste » sans « légitimité » et dépourvu d’ « humanité ». Des hommages sont également rendus à des antisémites notoires tels qu’Yvan Benedetti, président du parti nationaliste français, l’essayiste Alain Soral et le militant Hervé Ryssen, qui a qualifié en 2019 le peuple juif « d’abominable ».
Naturellement, dans ce texte nauséabond, il n’y a pas un mot pour les milliers de victimes du Hamas de l’attaque du 7 octobre, une attaque au cours de laquelle des femmes ont été éventrées, des bébés décapités puis brûlés. Jérôme Bourbon a été poursuivi par la justice à plusieurs reprises. Il est condamné en 2014 à verser 4000 euros d’amende pour provocation publique à la haine raciale ou religieuse après la publication d’un article intitulé « L’insupportable police de la pensée juive », et à 8000 euros d’amende en 2021 pour contestation de crimes contre l’humanité. Mais rien ne semble arrêter son antisémitisme pathologique et ses propos ignominieux. Dans une vidéo publiée en mars 2023 sur Youtube par la chaîne du Parti de la France, interrogé sur sa préférence entre Mussolini et Hitler, il dit préférer Hitler. Dans cette même vidéo, il affirme également préférer le Parti nationaliste français au Parti de la France parce qu’il serait « plus en point sur la question juive ».
Un appui révélateur d’un retour aux sources de Jean-Luc Mélenchon et de l’extrême-gauche ?
Ce soutien de la frange la plus extrême de l’extrême-droite à Jean-Luc Mélenchon et plus largement à tous ceux à la France insoumise qui ont minimisé les horreurs perpétrées par le Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien n’est en rien quelque chose d’anodin ou même d’incohérent. On pourrait effectivement se demander pourquoi un hebdomadaire historiquement proche de Jean-Marie Le Pen complimente l’ancien sénateur socialiste.
Ce soutien confirme deux choses.
Premièrement, un phénomène récent de glissement idéologique, de l’extrême-gauche vers l’extrême-droite, rendu possible par l’islamisme, et avec comme point de convergence la haine des juifs. Un glissement entamé par la dérive complète de la mélenchonie, notamment depuis la marche contre l’islamophobie de novembre 2019. Le récent refus de Jean-Luc Mélenchon et de LFI de qualifier le Hamas de mouvement terroriste et les récentes déclarations de la députée Danièle Obono, désignant ce mouvement islamiste comme un « mouvement de résistance », est le paroxysme de ce glissement.
Cet adoubement de Jean-Luc Mélenchon par Rivarol constitue également une forme de retour de l’extrême-gauche à ces racines antisémites historiques. Il est évident que certaines idéologies de gauche n’ont pas attendu l’islamisme pour développer un caractère antisémite. On trouve déjà, au XIXe siècle chez certains penseurs de gauche des discours au relent antijudaïque. Une hostilité à l’égard des juifs qui à l’époque n’est pas alimentée par un islamisme ambiant mais plutôt par un anticapitalisme en vogue. Le père des courants de pensée révolutionnaires, Karl Marx, a publié un article en 1843 « Sur la question juive », ne laissant aucun doute sur la vision du philosophe allemand sur les juifs. « Quel est le culte profane du juif ? Le trafic. Quel est son Dieu profane ? L’argent », est-il écrit dans l’article. En France, nous pourrions citer le penseur socialiste Pierre-Joseph Proudhon qui appelait en son temps à « exterminer la race juive et la renvoyer en Asie ».
On oublie aussi très souvent que dans les régimes totalitaires de gauche, l’antisémitisme était très présent. Qui pourrait oublier l’affaire des blouses blanches dans l’URSS stalinienne des années 1950 durant laquelle des médecins juifs sont accusés à tort d’avoir voulu empoisonner des dirigeants soviétiques ? Des centaines de médecins sont arrêtés. Staline avait par ailleurs déclaré peu de temps avant ce complot monté de toute pièce par les services secrets russes, que « tout juif est un ennemi potentiel à la solde des États-Unis ».
Finalement, Jean-Luc Mélenchon ne le sait pas encore mais il vient de porter le coup de grâce à la gauche française. Cette gauche qui, par son habilité, avait su faire oublier depuis la deuxième moitié du XXe siècle ses racines antisémites en instillant dans les esprits que le rejet des juifs ne peut que venir de l’extrême-droite. Le papier flatteur de Rivarol à son encontre est la preuve écrite, voire la certification de ce coup de grâce.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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