Une semaine après le Sea-Watch 3, un nouveau navire, l’Alex, a accosté de force samedi dans le port italien de Lampedusa avec 41 migrants finalement autorisés à débarquer dimanche au petit matin.
Un autre navire humanitaire, l’Alan Kurdi, attendait au large de Lampedusa pour débarquer également des migrants, mais l’ONG allemande Sea-Eye a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche qu’il se dirigeait finalement vers Malte.
A Lampedusa, d’importantes forces de police ont attendu samedi soir sur le quai l’Alex, un voilier affrété par le collectif italien de gauche et d’extrême gauche Mediterranea, qui a défié la décision de M. Salvini de fermer les ports aux navires des ONG, au risque de fortes amendes, selon les images de la télévision italienne.
⛔ Non autorizzo nessuno sbarco di chi se ne frega delle leggi italiane e aiuta gli scafisti.
Io denunciato per sequestro di persona? Siamo al ridicolo. #Alex pic.twitter.com/V1KjccP6BF— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 6 juillet 2019
Et après deux jours passés en mer à bord du navire de 18 mètres, les migrants ont été autorisés à débarquer vers 1h30 locales dimanche pour être conduits à un centre de regroupement.
Le voilier a été provisoirement saisi et seul son capitaine, Tommaso Stella, fait l’objet d’une enquête pour soupçon d’aide à l’immigration clandestine, rapporte l’agence italienne Agi.
« Je n’autorise aucun débarquement à ceux qui se moquent totalement des lois italiennes et aident les passeurs », avait prévu un peu plus tôt M. Salvini dans un tweet. Il avait aussi qualifié samedi les employés d’ONG de « chacals ».
La semaine dernière, les autorités italiennes ont saisi à Lampedusa un navire d’une ONG allemande, le Sea-Watch 3, et arrêté sa capitaine, Carola Rackete, qui avait accosté de force dans la nuit du 28 au 29 juin pour débarquer 40 migrants secourus en mer et bloqués à bord depuis plus de deux semaines.
Les migrants avaient pu débarquer le 29 juin à l’aube. Ils doivent être répartis entre plusieurs pays de l’Union européenne.
Une juge italienne a invalidé mardi l’arrestation de la capitaine allemande au motif qu’elle avait agi pour sauver des vies, mais elle est toujours visée par deux enquêtes, pour résistance à un officier et pour aide à l’immigration clandestine.
L’Alex a été rejoint samedi par un navire de l’ONG allemande Sea-Eye, l’Alan Kurdi (du nom du petit Syrien retrouvé noyé en Turquie en 2015), transportant 65 migrants, qui se trouvait dans les eaux internationales au large de Lampedusa et comptait lui aussi débarquer ses occupants dans le port italien. Mais il a finalement mis le cap vers Malte.
« Pour nous, il est temps de libérer les autres États européens de la prise d’otages opérée par le ministre italien de l’Intérieur », a déclaré un dirigeant de Sea-Eye, Gorden Isler, cité dans un communiqué.
Un décret-loi adopté en juin prévoit des amendes jusqu’à 50.000 euros contre le capitaine, le propriétaire et l’armateur d’un navire qui entrerait sans autorisation dans les eaux italiennes.
Après l’accostage de l’Alex, M. Salvini a fait savoir, par un nouveau tweet, qu’il entendait augmenter cette amende jusqu’à 1 million d’euros.
La fermeture des ports est approuvée par 59% des Italiens, selon un sondage samedi du quotidien Corriere della Sera.
Pour l’Alex, M. Salvini, qui accuse les ONG d’aider les passeurs, avait conclu avec Malte un accord pour faire débarquer les migrants en échange du transfert vers l’Italie d’un nombre équivalent de migrants accueillis précédemment par La Valette.
Mais Mediterranea a estimé que son voilier ne pouvait transporter jusqu’à Malte les migrants encore à bord après le débarquement vendredi à Lampedusa des plus vulnérables.
Le ministre allemand de l’Intérieur Horst Seehofer a tweeté que l’Allemagne était prête à accueillir certains migrants « dans le cadre d’une solution européenne de solidarité », et exhorté dans un courrier M. Salvini à ouvrir les ports italiens aux deux bateaux, selon des sources proches du gouvernement.
M. Salvini a réitéré samedi à Milan son appel à réformer le règlement de Dublin, qui confie l’examen de la demande d’asile au pays d’entrée dans l’Union européenne, estimant qu’il fait peser un fardeau injuste sur l’Italie.
Avec AFP
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