Le CHU de Nantes a été condamné le 21 décembre par le tribunal administratif à verser plus de 61.000 euros à un patient pour des « manquements fautifs » ayant conduit à « une ablation totale de la verge » du malade, a-t-on appris auprès du tribunal administratif.
La prise en charge du patient, âgé de 30 ans en 2014 lors de la première intervention chirurgicale suite à un diagnostic de carcinome (un type de cancer, ndlr), « a été caractérisée par des manquements fautifs de nature à engager la responsabilité du CHU », écrit le tribunal administratif de Nantes.
La défense du patient, qui réclamait près d’un million d’euros, a annoncé à l’agence France Presse (AFP) qu’elle fera appel de cette décision.
« J’ai de la haine »
L’erreur du CHU a fait perdre au patient « 70% de chance d’éviter la récidive (du carcinome) ayant conduit à une ablation totale de la verge » du malade lors de nouvelles opérations les années suivantes jusque juin 2017, selon la décision dont l’AFP a eu connaissance.
Une expertise médicale a démontré l’erreur de l’urologue nantais qui n’a pas retiré toutes les cellules cancéreuses de son patient. « J’ai de la haine envers ce médecin qui ne m’a pas écouté. Il a joué à la roulette russe avec moi ! », explique le trentenaire auprès de France Bleu.
La somme de 61.376 euros que le CHU devra verser au patient couvre les différents préjudices pris en compte par le tribunal dont « les souffrances endurées » (12.000 euros), le « déficit fonctionnel permanent » (16.000 euros) ainsi que le « préjudice sexuel » (31.500 euros).
Le patient demandait au CHU une somme totale de 976.000 euros en réparation des préjudices subis. « Nous faisons appel et nous gagnerons », a déclaré la victime dans une réaction transmise par son avocat. « Je ne leur permettrai pas de m’humilier ».
Une « mort sociale »
Évoquant la « mort sociale » de son client, l’avocat, Me Georges Parastatis, a déclaré à l’AFP : « Cet homme a subi une première mort psychologique par la faute médicale et une deuxième aujourd’hui par ce jugement dénigrant pour la dignité humaine ».
« Bien entendu, nous allons faire appel en espérant que la cour d’appel regardera ce dossier de manière plus humaine et non intellectuellement rigide », a poursuivi l’avocat.
Il déplore que, dans le jugement rendu mercredi, la « souffrance physique et psychologique » n’ait été prise en compte pour l’indemnisation demandée « que dans un cadre strict de nomenclatures préétablies par des énarques ».
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