Huit ans après le tsunami de mars 2011 qui a dévasté la côte nord-est du Japon et mis en péril la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, le site reste un énorme chantier où le risque immédiat semble écarté mais où les tâches ardues et les imprévus continuent.
Voici les trois principaux enjeux:
Quatre des six réacteurs de la centrale ont été endommagés. Les cœurs des tranches 1 à 3 ont fondu au moment de l’accident et l’on sait désormais que le combustible est en quasi totalité tombé au fond de l’enceinte de confinement primaire de chaque unité, enceinte qu’il a même en partie entamée.
Des manipulations récentes avec un robot dans l’enceinte du réacteur 2 ont permis de constater que ce combustible pouvait en partie être soulevé par petits morceaux à plusieurs endroits. Ce n’est qu’un tout début pour étudier des moyens concrets de l’extraire, une opération extrêmement délicate qui ne débutera pas avant 2021 au mieux, ont récemment confirmé la compagnie exploitante Tepco et le ministère de l’Industrie.
Par ailleurs, dans ces mêmes réacteurs 1 à 3, des centaines d’assemblages de combustible usé sont toujours dans les piscines de refroidissement situées en haut des bâtiments. « En raison de différents problèmes, les opérations de retrait ont pris du retard dans le réacteur 3, elles ne débuteront pas ce mois-ci comme prévu. Et s’agissant de la piscine du réacteur 1, elle est couverte de détritus qu’il va falloir enlever, une opération que nous ferons avec une extrême prudence », expliquait à la presse fin février Akira Ono, directeur de la filiale de Tepco chargée du démantèlement.
Tepco ne prévoit pas de retrait de ce combustible des piscines des réacteurs 1 et 2 avant 2023. Le réacteur 4 était lui à l’arrêt pour maintenance au moment de la catastrophe. Le problème principal résidait dans la piscine, dont les assemblages de combustible ont pu être enlevés entre fin 2013 et fin 2014.
Plus à l’écart, les réacteurs 5 et 6 ont été moins touchés et ne présentent pas les mêmes difficultés. Le site regorge d’eau contaminée, « même si les différentes dispositions prises ont permis d’atténuer » le problème, selon M. Ono. L’eau, c’est au départ celle du tsunami qui a ravagé les installations, eau qu’il a fallu pomper, assainir et stocker. C’est ensuite celle qui sert à refroidir les réacteurs et enfin celle qui tombe du ciel et descend de la montagne en amont et se contamine au passage.
Un mur de glace souterrain faisant barrière et des pompes permettent cependant de limiter la quantité d’eau contaminée par les installations. « Elle a diminué à 220 m3 en moyenne par jour en 2017/2018, contre 470 m3 quatre ans plus tôt, et nous pensons la faire descendre à 150 m3/jour en 2020 », indique M. Ono. Les graphiques montrent cependant qu’en périodes de violents typhons (septembre, octobre), des pics à des niveaux bien plus élevés sont inévitables.
Au total, environ 1,12 million de m3 d’eau sont conservés dans des citernes sur le site, mais la capacité maximum (1,37 million) sera atteinte fin 2020. Cette eau est traitée par un système de décontamination qui élimine les éléments radioactifs à l’exception du tritium. Problème: Tepco a reconnu en fin d’année dernière que 85% de l’eau était en fait toujours porteuse d’une teneur trop élevée concernant les 62 radionucléides censés être supprimés. La société a donc décidé de la filtrer une deuxième fois.
Que faire ensuite de cette eau encore pleine de tritium ? « Plusieurs solutions potentielles (injection dans les couches profondes de la Terre, rejet en mer, évaporation dans l’air, etc.) sont examinées par un groupe d’études constitué d’experts, mais nous n’avons encore rien décidé », explique Yumiko Hata, directrice de la gestion des déchets de Fukushima au ministère de l’Industrie.
« Sans résolution de cette situation critique de l’eau, le plan, déjà irréaliste de Tepco d’en finir avec l’accident, est encore plus compromis », insiste auprès de l’AFP Shaun Burbie, spécialiste du secteur nucléaire au sein de l’organisme Greenpeace.
Tepco prévoit de stocker aussi sur le site 750.000 mètres cubes de déchets solides d’ici 2029, dont une partie radioactifs. Environ 4/5.000 personnes travaillent chaque jour sur le site, un nombre presque deux fois moins important qu’il y a quatre ans, « car de gros chantiers ont été achevés (mur de glace, pose d’un revêtement sur le sol, construction de bâtiments divers) », précise M. Ono.
En moyenne, l’exposition des travailleurs aux radiations est désormais inférieure à 5 mSV par an, mais ce seul chiffre masque les fortes disparités entre individus en fonction de leurs tâches. « Nous avons tous un carnet de suivi des radiations, mais cela n’est regardé que par notre employeur (dans mon cas, un sous-traitant de sous-traitant de sous-traitant d’une filiale de Tepco), mais nous ne sommes pas suivis spécialement par le gouvernement, ce n’est pas normal », se plaint Minoru Ikeda, un ex-travailleur du site.
D.C avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.