Au cours de la deuxième journée d’interrogatoire, lors de son procès pour avoir logé les terroristes des attentats de Paris, Jawad Bendaoud a encore une fois surpris par sa verve inhabituelle. Les avocats et la Cour ont eu du mal à contenir le prévenu, qui a aligné des déclarations peu orthodoxes.
Bilal Moloko était devenu paraplégique depuis l’attentat du 13 novembre 2015 au Stade de France. Ce vendredi, en sortant de la salle d’audience après l’interrogatoire de Jawad Bendaoud, il lâche aux caméras : «Depuis mercredi, je n’arrivais pas à savoir si Jawad est un imbécile ou un terroriste. Ça y est, j’ai décidé : c’est un vrai imbécile ! ».
Pour un accusé demandant le droit de garder le silence, Jawad Bendaoud semble au mieux un mauvais comédien.
« Vous êtes un voleur de mobylette! », avait-il vociféré à Me Georges Holleaux, un avocat de la partie civile qui l’interrogeait, ce jeudi. « Vous essayez de faire quoi là? », a-t-il poursuivi, très énervé. « Attention à ce que vous dites. (…) Moi je vais venir vous voir à votre cabinet ».
Ce vendredi, l’interrogatoire s’est poursuivi dans une ambiance toute aussi surréaliste. Questionné par les avocats de l’accusation jeudi par les avocats de la partie civile au sujet de son hébergement de terroristes recherchés dans toute le France au moment des attentats, il a fait monter le ton du tribunal en moins d’une heure. Et fini presque à convaincre à force de réponses incroyables.
#Jawad :
– "M. Bendaoud, c’est droit au silence ou c’est pas droit au silence. Faut savoir ?", demande la présidente
– "C’est fini, je ne réponds plus. Finish. Terminé.", assure Jawad #Bendaoud— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
#Jawad :
– J’ai dit que vous ne m’impressionnez pas. Mais c’est pas contre vous.
– Donc je vous impressionne, sourit la présidente.
– Non… Mais… Tranquille, madame, il n’y a rien entre nous.
– Je vous confirme M. Bendaoud, il n’y a rien entre nous— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
Au bout d’une heure, le prévenu perd définitivement son calme. Isabelle Prévost-Desprez, la présidente du tribunal, frappe du marteau. Le show reprend, Jawad Bendaoud se remet à vociférer, à maugréer. Il enlève sa veste de survêtement jaune fluo aux couleurs du club de foot de Dortmund (Allemagne). lève les bras, remet sa veste.
#Jawad : C'est toujours aussi tendu. Alors que Me Holleaux tente d'interroger Jawad #Bendaoud, celui-ci s'énerve encore…
"Essayez pas de bidouiller la salle. Il prend les gens pour des cons ou quoi. C’est quoi le problème. On va s’arrêter là. Stop. On s’arrête là."— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
#Jawad : Pourquoi ? Parce que d'habitude, le samedi, Jawad #Bendaoud emmène ses enfants au Mac Do. Mais ce samedi là, le 14/11/2015, il est resté seul et s'est défoncé. "Une nana [maîtresse] m'avait annoncé qu'elle était enceinte de moi la veille. J'étais mal", s'est-il justifié.
— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
Jawad Bendaoud a plaidé pour son mental « instable » depuis qu’il est en prison. D’après lui, depuis 14 mois, il est resté calfeutré dans sa cellule, sans même sortir en promenade, les yeux rivés sur sa télé et les médias se moquant de lui, le « lyncher de partout ». Quand la présidente lui demande pourquoi elle devrait le croire, il répond : « Je suis fini. Que je mente ou pas. Je suis fini. Je suis fini. Vous comprenez. Fini. Qu’est-ce que je vais faire en sortant? J’avais un projet de faire un nouveau point de vente de cocaïne. Qui va vouloir s’associer avec moi, maintenant? »
#Jawad : …
« Y’a des gens à ma place, ils se seraient coupés les testicules, ils les auraient mis dans une boite. Et ils auraient donné la boite. Tiens, voilà mes testicules ! »— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
#Jawad : …
"Après, c’est facile pour vous [de dire que c'était des terroristes]. Moi, j’avais consommé quatre grammes de cocaïne, trois joints de cannabis. Ça va sortir dans la presse. C’est pas grave. Ma mère va savoir, c'est pas grave…"— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
#Jawad : Mohamed #Soumah donne son sentiment sur Jawad #Bendaoud.
– Il avait plusieurs activités. Trafiquant, marchand de sommeil, proxénète.
J. Bendaoud intervient…
– Proxénète, c'est un peu lâche. J'ai des copines call-girls. J'ai loué des apparts à des copines. C'est tout.— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2018
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