« À cause de moi elle est partie, c’est impardonnable ». Pour la première fois depuis le début de son procès, Monique Olivier a laissé échapper une émotion mardi devant les photos du visage tuméfié de Joanna Parrish, une des victimes de son ex-mari Michel Fourniret.
Un long moment, l’accusée est restée silencieuse devant les clichés, avant de les repousser d’une main tremblante. Jugée depuis une semaine par la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour complicité dans trois enlèvements et meurtres, assortis de viol ou tentative de viol pour deux d’entre elles, Monique Olivier a fendu l’armure sous le feu roulant des questions d’un des avocats des parties civiles, Me Didier Seban.
Dans la « chasse » aux victimes lancée par Michel Fourniret, « j’étais le chien, j’ai jamais été autre chose que le chien qui doit obéir », décrit-elle. « Le chien, c’est celui qu’on lâche pour débusquer la victime », complète l’avocat. Elle obéit donc, et reste dans la voiture à l’avant, quand Michel Fourniret monte à l’arrière pour frapper, violer alors qu’elle est inconsciente, puis tuer la jeune Britannique de 20 ans, en mai 1990.
« Lâchement, je n’ai rien fait »
Qu’a-t-elle pu penser quand Joanna Parrish « a crié, car elle a sans doute crié », demande une assesseure. « Lâchement, je n’ai rien fait. Je l’ai entendue crier un peu mais je ne suis pas intervenue. C’est la peur, la panique, (je suis) incapable de faire quoi que ce soit », se défend l’accusée. « Vous ne lui faites pas ‘‘non, ne montez pas’’ ? Vous ne sortez pas de la voiture ? Vous savez qu’elle va mourir et vous la laisser monter ? », tonne Me Seban. L’accusée reste coite.
Interrogée par le président Didier Safar dans la matinée, notamment sur la localisation du corps de Marie-Angèle Domèce, Monique Olivier a répété qu’elle ne « se souvient pas », qu’elle ne « sait plus ». Entrecoupées de longs silences, d’hésitations et de soupirs, les réponses de Monique Olivier n’apportent aucun nouvel éclairage sur les affaires Parrish et Domèce, sur lesquelles se concentre la salve de questions du magistrat.
« Me souvenir de tous les détails, je n’y arrive pas. Je confonds avec d’autres », lâche-t-elle, debout dans son box, voûtée dans son éternel pull blanc. Un aveu toutefois : s’être rétractée en 2006 après avoir avoué les disparitions de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce était « stupide », « ridicule ».
« Je servais d’appât »
Son rôle aux côtés de « l’ogre des Ardennes » lorsqu’il enlevait jeunes filles et jeunes femmes pour souvent les violer avant de les tuer ? « Je servais d’appât », répond-elle sans hésiter. L’accusée se décrit comme une complice passive et obéissante, faisant tout ce que Michel Fourniret lui demandait : sortir de la voiture lorsqu’il s’en prend à Marie-Angèle Domèce, ou y rester parce qu’il ne lui a pas dit de s’éloigner lorsque Joanna Parrish était assises à l’arrière.
À l’évocation du meurtre de leur fille, la famille Parrish a quitté la salle. Tout au long de l’interrogatoire du président, qui la coupe souvent, Monique Olivier se borne à répondre par monosyllabes ou phrases courtes.
« C’était comme ça »
Les meurtres, les viols, « c’était comme ça », le sujet n’était plus évoqué après dans le couple, assure-t-elle, pour expliquer son incapacité à localiser le corps de Marie-Angèle Domèce. « Il ne me dit pas où il l’a déposé. À chaque fois qu’il y a des victimes, il disait ‘‘on n’en parle plus, on part faire autre chose’’. Il ne fallait pas en reparler. » Et l’accusée d’interroger la cour. « Si je savais où était le corps, pourquoi je me tairais ? Par méchanceté ? Par quoi ? »
« L’interrogatoire du président n’est pas assez déterminé, pas assez appuyé pour faire évoluer Monique Olivier », regrette à la suspension d’audience Me Seban, qui juge les trous de mémoire de l’accusée « pas crédibles ». Et l’avocat de s’indigner : « ce sont quand même des faits marquants, la mort de jeunes femmes, la mort d’enfants ! » Quand il lui a montré la photo de Marie-Angèle Domèce, l’accusée s’est enfermé dans un long silence. « Qu’est-ce qu’il vous dit, ce visage ? », interroge Didier Seban. « Qu’il n’aurait jamais dû disparaître », répond-elle.
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