Jeudi 12 janvier, un rassemblement est prévu à 16 heures devant la préfecture à Poitiers, pour défendre Roland Aliu, un Albanais, et sa famille visés par une expulsion. Le jeune homme, âgé de 25 ans, avait été décoré par les Sauveteurs de la Vienne après avoir secouru une octogénaire d’un incendie.
Son histoire a ému et fait réagir les habitants et les internautes. Le 2 février 2022, Roland Aliu, un Albanais de 25 ans en pleine demande de titre de séjour, a secouru une octogénaire alors que sa maison prenait feu, a rapporté La Nouvelle République.
Un an après son acte de bravoure, et malgré la reconnaissance des Sauveteurs de la Vienne, sa demande a été refusée par la préfecture, qui a remis en cause son implication dans le sauvetage de l’octogénaire ainsi que sur ses démarches pour trouver un emploi. En conséquence, la préfecture l’oblige à quitter le territoire français avec ses proches, a rapporté France 3 Régions.
De son côté, Roland Aliu, dont l’histoire est connu de tous, a déclaré qu’il ne souhaitait pas être mis en avant pour son acte, mais qu’il ne veut pas être expulsé. « C’est simplement normal ce que j’ai fait. Je ne voulais pas être mis en avant pour ça (…) Je vis avec la peur de me faire expulser, mais je n’ai pas le choix (…) Je n’ai jamais voulu rester à la maison et attendre. Même pendant la Covid, je faisais du bénévolat ».
Pour Emmanuelle Devaux, co-présidente de l’association « 100 pour 1 Poitiers« , qui loge et accompagne Roland Aliu et sa famille : « C’est aberrant, parce que c’est quelqu’un de volontaire et qu’en France, on a besoin de cette force de travail ».
Le 2 février 2022, Roland Aliu, un Albanais de 25 ans en pleine demande de titre de séjour, porte secours à une octogénaire quand sa maison prend feu. La préfecture de la Vienne lui demande de quitter le territoire français.https://t.co/rsCzDUvoh9
— France 3 Poitou-Charentes (@F3PoitouChtes) January 5, 2023
Interrogée sur cette expulsion, la préfecture a justifié son refus par le fait que Roland Aliu n’a pas respecté ses deux premières OQTF. Elle a également précisé un autre point : « son intégration professionnelle n’est pas démontrée ».
Mais pour Emmanuelle Devaux : « Il ne peut pas travailler puisqu’il n’a pas de papiers. Il a voulu respecter la loi et il est pénalisé ».
« Si on ne me donne pas la chance de travailler, c’est compliqué. Je suis inscrit à la mission locale, j’ai une promesse d’embauche et un patron qui m’attend, mais ça ne suffit pas pour qu’on me donne ma chance ! Je ne peux rien faire, je suis bloqué, je veux travailler, me former, mais sans papiers, c’est impossible », a déploré Roland Aliu, qui ne comprend pas non plus ce refus de la préfecture de la Vienne.
Quant à son acte de bravoure : « Les vérifications effectuées auprès des services de secours et de police mobilisés sur l’incendie n’ont pas permis de corroborer l’acte de bravoure tel qu’il a été relaté », a indiqué la préfecture de la Vienne.
« Ils sont arrivés après, donc ils ne m’ont pas vu. Mais personne, ni la police, ni la préfecture, ne m’a demandé de raconter ma version », a déclaré Roland Aliu. Pourtant, les fumées inhalées lui ont fait passer la soirée à l’Hôpital de Poitiers. De plus, Roland Aliu a fourni une copie de 4 attestations sur l’honneur écrites par des voisins témoignant qu’il a porté secours à l’octogénaire avant l’arrivée des pompiers. « Personne non plus n’est allé demander à ces voisins leurs versions », a dénoncé Roland Aliu.
« Je ne suis pas un menteur. On ne secourt pas quelqu’un en pensant à un titre de séjour », a-t-il également lancé.
Désormais, pour tenter de faire changer les choses, un rassemblement de soutien est prévu devant la préfecture à Poitiers. Une manifestation qui aura lieu jeudi 12 janvier à 16 heures :
Ce rassemblement est organisé par l’association « 100 pour 1 de Poitiers« .
« C’est la première fois qu’on organise une manifestation comme ça. Beaucoup ont répondu à l’appel. On se dit qu’en se mobilisant, il y a peut-être une chance », a indiqué Emmanuelle Devaux.
« Voir des réponses négatives sans cesse, c’est difficile. Mais je ne veux pas perdre espoir et continuer de bien faire pour la France », a de son côté conclu Roland Aliu, qui espère voir un changement.
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