Jugée pour avoir rejoint à trois reprises une organisation jihadiste en Syrie via une filière britannique, une Française de 34 ans a été condamnée à 9 ans de prison par la cour d’assises spécialement composée de Paris, a indiqué samedi le parquet national antiterroriste (Pnat) à l’AFP.
Farrah Zerari était jugée pour participation à une association de malfaiteurs terroriste. Son nom avait émergé dès mai 2017 lors d’une enquête administrative en France. Farrah Zerari y sera interpellée en janvier 2021, près de deux ans après son retour dans l’Hexagone. Son procès jeudi et vendredi a retracé son parcours.
Son enfance dans la région lyonnaise est marquée par des tensions avec sa mère et le divorce de ses parents, le début de l’adolescence par l’isolement après un départ à Londres avec son père coiffeur. C’est le début des années 2000 et la capitale britannique alors surnommée « Londonistan » verra quelque 850 individus de la mouvance radicale islamiste partir en zone irako-syrienne.
Farrah Zerari, tout juste majeure et sortie d’une cure de désintoxication, sans diplôme, se tourne vers l’islam rigoriste. Entre 2013 et 2021 elle s’établit successivement en Turquie, à Dubaï, au Qatar, et effectue trois séjours en Syrie, ponctués d’escales en France où elle met au monde deux enfants.
Elle décide d’épouser religieusement, par téléphone, un inconnu rencontré en ligne : Choukri Ellekhlifi, qu’elle retrouve en 2013 à Atma, ville proche de la frontière turque et gagnée par des conflits entre deux groupes jihadistes devenus rivaux, le Front al-Nosra et l’EIIL, devenu l’organisation terroriste État islamique. Elle assure découvrir sur place que Ellekhlifi est un soldat mais le « prend comme il est ». Il meurt quelques jours plus tard.
En niqab tirant à la kalachnikov
Selon la presse britannique, il appartient au Front al-Nosra et a côtoyé Mohamed Emwasi, figure du groupe dit des « Beatles » de geôliers et bourreaux d’otages. Quant à son second mari, Youssef Hassouni dont elle devient la deuxième épouse quatre mois plus tard, « il fait la guerre », lâche l’accusée, jurant ne pas savoir à quelle faction il appartient. Il s’agirait de Daech (acronyme arabe de l’EI) selon les autorités britanniques.
Les enquêteurs français établissent que l’accusée s’est renseignée en ligne sur la participation des femmes au jihad et la mort en martyr. Une vidéo la montre en niqab (voile intégral couvrant le visage à l’exception des yeux), tirant à la kalachnikov.
Au procès, longue queue de cheval et jean, elle occulte les combats. « Je n’entendais pas la guerre », dit-elle. « À un moment de ma vie, j’ai été radicalisée », reconnaît-elle, mais sans « jamais avoir adhéré » à l’idéologie jihadiste. Elle devient la vingtième femme condamnée en France depuis 2012 pour avoir rejoint une organisation terroriste, selon l’avocate générale, qui avait requis 11 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
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