L’arrivée début juillet d’environ 44.000 barrières disposées sur les trottoirs et les chaussées des quais de Seine et alentour a suscité l’ire de nombreux résidents, travailleurs ou commerçants parisiens. Ces grilles ont été posées par la préfecture de police pour sécuriser la cérémonie d’ouverture des JO du 26 juillet, les zones des épreuves et les compétitions de cyclisme et de course à pied.
Depuis le 18 juillet, le périmètre « gris », aussi appelé périmètre de « sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme » (SILT), est entré en vigueur suscitant encore de nombreux mécontentements parmi les Parisiens empêchés par exemple de traverser la Seine au centre de Paris en l’absence du pass d’accès à la zone.
Les images du centre de Paris donnent l’impression d’un camp militaire, avec quelque 35.000 policiers et gendarmes – jusqu’à 45.000 pour la cérémonie d’ouverture – et 18.000 militaires mobilisés en moyenne chaque jour pendant toute la durée des Jeux (26 juillet – 11 août).
Paris mis en cage
À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux, la capitale a été « bunkerisée », les rues du centre de Paris sont complètement désertes. Quasiment aucun piéton, aucun cycliste, pas la moindre voiture, Paris est de nouveau confinée, pour ce qui était décrit comme une « grande fête populaire ».
Tout le centre historique de Paris ressemble à un camp retranché derrière des milliers de barrières, où s’agglutinent les touristes pour tenter d’apercevoir et de prendre en photo quelques monuments emblématiques de Paris.
Dans un courrier daté du 18 juillet, David Belliard, l’adjoint aux mobilités à la mairie de Paris, avait demandé au préfet de police Laurent Nunez de « reconsidérer certaines emprises et neutralisations de l’espace public pour permettre, toutes les fois où c’est possible, la meilleure circulation possible et sécurisée des piétons et des cyclistes ».
L’élu écologiste reprochait au représentant de l’État les « blocages » dans le cœur de la capitale, alors que les Jeux olympiques vont être synonymes de « période où la circulation automobile est réduite et où les transports en commun vont être extrêmement sollicités ». L’adjoint d’Anne Hidalgo déplorait que le réseau de pistes cyclables développées spécialement pour les JO soit « mis à mal par des barrières disposées de telle sorte qu’elles entravent les cheminements en poussette, en fauteuils ou à vélo ».
Le long de la Seine, qui accueillera la cérémonie d’ouverture le 26 juillet, certains trottoirs et pistes cyclables sont devenus complètement inaccessibles, cadenassés par des grilles de plus de deux mètres permettant difficilement d’entrer ou de sortir.
Les Parisiens s’agacent des 44.000 barrières installées par la préfecture. Vidéo de grillages séparant la chaussée du trottoir sur l’île Saint-Louis à l’appui, un internaute déplore sur X la « mise en cage » des habitants à cause, selon lui, de « cette idée absurde de cérémonie d’ouverture sur la Seine », un autre que Paris est devenu un « ghetto ».
Les deux îles, Cité et Saint-Louis, font partie du périmètre de sécurité antiterroriste et dont l’accès est autorisé depuis le 18 juillet sur présentation d’un « Pass Jeux » supportant un QR Code, après une enquête administrative prenant plusieurs jours. Les bars et restaurants seront également fermés le 26 juillet, même si leur activité est quasiment nulle depuis la fermeture des grilles le 18 juillet.
Une année catastrophique pour l’hôtellerie
Alors qu’ils s’attendaient à avoir des chambres pleines à craquer avec les Jeux olympiques, les gérants d’hôtel déchantent devant le taux d’inoccupation de leurs chambres à quelques jours des JO. Les touristes ne sont pas au rendez-vous malgré des prix bradés à la dernière minute.
« La situation est catastrophique » selon Frank Delvau, président de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Ile-de-France, qui pointe une superposition de contraintes. Selon lui, Paris s’est vidé à cause d’une circulation quasiment impossible, de la fermeture du centre de la capitale avec des grilles et du fait de devoir se justifier avec un QR code même pour aller boire un café.
Alors que les gérants des hôtels espéraient tous être complets avec des chambres vendues à des prix élevés, ce sont les taux d’inoccupation qui battent des records. « Pour la cérémonie d’ouverture, il reste presque 40 % de l’hôtel qui n’est pas encore vendu » commentait la propriétaire d’un hôtel idéalement situé en plein cœur de la capitale, à deux pas des épreuves olympiques.
« On ne s’attendait pas du tout à ce niveau du taux d’occupation » explique Guillaume Rumiel, gérant d’un hôtel parisien, pour qui cela devrait être plein d’effervescence : “Pour l’instant, la fête n’est pas encore là. » Le taux d’occupation de l’hôtel dépasse seulement les 30 % contre près de 90 % l’année dernière à la même période, alors que les prix étaient plus élevés. « Cela ne prend pas. On a beau baisser les prix, il n’y a pas de demande », ajoute-t-il.
Le cauchemar des commerçants et des restaurateurs
Le cœur n’est pas à la fête non plus pour les commerçants et les restaurateurs, certains enregistrant jusqu’à 80 % de baisse de fréquentation.
Selon Alain Fontaine, président de l’Association française des maîtres restaurateurs, « si nous sommes convaincus que les Jeux olympiques seront extraordinaires, notre désarroi et notre déception viennent du constat que nous ne participerons pas à la fête » a-t-il déclaré à Epoch Times. « Alors même que nous visons l’une des cérémonies les plus spectaculaires jamais vues, nous mettons des grilles peu esthétiques devant les cafés et les restaurants, et des barrières dans les rues. Ce n’est pas une image attrayante. Aujourd’hui, au centre de Paris, il est possible de prendre un café derrière une grille, ce qui est loin d’être romantique… », a-t-il ajouté.
« Je ne sais pas qui a organisé comme ça, je ne comprends pas. Nous sommes malheureux. Je vous jure que nous sommes malheureux. Je n’arrive pas à comprendre, est-ce qu’ils veulent les Jeux olympiques avec les commerçants ou sans les commerçants ? », s’est interrogé sur Cnews un autre professionnel de la restauration.
Parmi les autres commerçants, environ 160 marchés vont être supprimés à Paris pendant la durée des Jeux, selon la Fédération nationale des marchés de France, ce qui « représente au moins 2000 commerçants qui seront concernés ». La Fédération « a demandé que toutes ces entreprises puissent être éligibles à indemnisation, que les critères pour une indemnisation spécifique des entreprises des marchés parisiens s’appuient sur les interdictions préfectorales et le préjudice subi comptablement avéré.
Alors que l’organisation des Jeux et les autorités comptaient sur une manne financière venant du tourisme pendant les JO, à Paris et dans toute la France, la fréquentation est en baisse de 30 %.
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