Le président américain Joe Biden affirme avoir mis en garde son homologue chinois Xi Jinping ; violer les sanctions américaines imposées à la Russie pour son invasion de l’Ukraine serait une « erreur gigantesque » qui pourrait nuire aux investissements en Chine.
Dans une interview accordée à chaîne CBS ce dimanche, Joe Biden a déclaré qu’il s’était entretenu avec Xi Jinping peu de temps après que le dirigeant chinois a signé un partenariat « sans limites » avec le président russe Vladimir Poutine – et ce, en février dernier, lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin et quelques jours avant l’invasion par la Russie de l’Ukraine.
« J’ai dit si vous pensez que les Américains et les autres vont continuer à investir en Chine au cas où vous violez les sanctions qui ont été imposées à la Russie, je pense que vous faites une erreur gigantesque. Mais c’est à vous de prendre cette décision », a-t-il indiqué.
Le président américain a souligné qu’il ne menaçait pas Xi Jinping, mais qu’il le mettait en garde contre les conséquences d’une violation des sanctions imposées à la Russie. Il a ajouté que rien n’indiquait jusqu’à présent que la Chine avait offert des armes au Kremlin pour le soutenir dans l’invasion de l’Ukraine.
Washington a imposé une série de sanctions à la Russie afin d’accroître la pression sur Moscou pour qu’elle mette fin à son agression en Ukraine. L’Union européenne et plusieurs autres pays ont également fait de même.
L’accord de partenariat « sans limites » de Pékin stipule que la Russie reconnaît Taïwan comme une « partie inaliénable de la Chine » et rejette l’indépendance de l’île autonome « sous quelque forme que ce soit », tandis que Pékin soutient l’opposition de la Russie à l’expansion de l’OTAN.
Biden au sujet de Taïwan
Joe Biden a également réitéré les commentaires qu’il avait faits précédemment sur son engagement en faveur de la sécurité de Taïwan en cas d’invasion de la Chine continentale, remettant en question la position d’ambiguïté stratégique de Washington par rapport à Taïwan.
« Nous approuvons ce que nous avons signé il y a longtemps : qu’il y a la politique d’une ‘seule Chine’ et que Taïwan décide lui-même de son indépendance », a-t-il déclaré à CBS.
Lorsqu’on lui a demandé si l’armée américaine défendrait Taïwan en cas d’invasion chinoise, il a répondu : « Oui, si en fait il y a une attaque d’une ampleur sans précédent. »
Selon le département d’État américain, Washington ne soutient pas l’indépendance de Taïwan, mais il lui fournirait néanmoins les moyens nécessaires pour assurer sa défense.
Au début du mois, la Defense Security Cooperation Agency américaine a accepté de vendre à Taïwan des missiles antinavires et air-air d’une valeur de plus de 1,1 milliard de dollars. L’État-parti chinois s’est fermement opposé à cette décision et a promis de prendre des « contre-mesures légitimes et nécessaires » contre Washington.
Xi rencontre Poutine
Le 15 septembre, les dirigeants chinois et russes se sont rencontrés en personne en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan – et ce, pour la première fois depuis que la Russie a envahi l’Ukraine.
M. Poutine a déclaré que la Russie soutiendrait le principe « d’une seule Chine » du Parti communiste chinois (PCC) et a fustigé les « provocations » des États-Unis dans le détroit de Taïwan – une référence apparente à la visite du mois dernier de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants – une visite visant à manifester le soutien américain à l’île face à l’escalade des menaces de la Chine continentale.
MM. Poutine et Xi ont réaffirmé leur alliance anti-occidentale naissante et leur volonté de créer un « monde multipolaire » pour confronter les États-Unis – la première puissance de l’Occident avec son système de gouvernance libérale.
Pour Vladimir Poutine, l’alliance « sans limites » signifie également que le soutien continu de Pékin permettra à la Russie de ne pas être isolée, malgré les sanctions économiques et diplomatiques qui lui ont été imposées à la suite de son invasion.
Pour Xi Jinping, cette alliance permet de consolider la direction du Parti communiste chinois sur le bloc anti-occidental naissant, surtout en tenant compte qu’il ne reste qu’un mois avant le 20e Congrès national du PCC – un congrès qui devrait permettre à Xi d’obtenir un troisième mandat historique de chef du Parti et dirigeant de l’État-parti chinois.
« Les tentatives de création d’un monde unipolaire ont récemment pris une forme absolument laide », a déclaré Poutine. « Elles sont absolument inacceptables pour la grande majorité des pays de la planète. »
De même, Xi Jinping a proclamé que la Chine est prête, avec la Russie, à « donner l’exemple de ce qu’est une puissance mondiale responsable et à assumer la direction afin d’amener le monde en mutation rapide sur la voie d’un développement durable et positif ».
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