José Perez : « Les normes qu’on nous impose sont totalement contre-productives »

Par Julian Herrero
25 novembre 2024 18:43 Mis à jour: 25 novembre 2024 19:14

ENTRETIEN – Le co-président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, José Perez, répond aux questions d’Epoch Times sur le traité de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur.

Epoch Times : La Coordination rurale s’oppose fermement au traité de libre-échange UE-Mercosur. Quels sont les éléments qui vous inquiètent le plus à son sujet ?

Ce traité va entraîner l’importation de marchandises étrangères qui ne sont pas soumises à la même réglementation que la nôtre. On nous empêche de produire avec des normes nettement plus strictes.

Beaucoup de matière actives ainsi que des médicaments pour les animaux ont, par exemple, été interdits. L’accord avec le Mercosur pose donc un vrai problème !

En déplacement en Amérique latine la semaine dernière, Emmanuel Macron a affirmé que la France « ne signerait pas en l’état » le traité avec les pays du Mercosur. Faite-vous confiance au chef de l’État pour que le traité ne soit pas signé ? Pourriez-vous soutenir ce traité si davantage de clauses miroirs étaient introduites ?

On veut bien croire Emmanuel Macron, mais je ne sais pas s’il a une quelconque influence et autorité pour empêcher la signature de ce traité.

Même avec des clauses miroirs, cela ne fonctionnera pas. Elles ne sont déjà pas appliquées avec nos voisins européens, alors imaginez avec des pays extra-européens.

Selon un sondage ELABE pour BFMTV, 76 % des Français s’opposent à ce traité de libre-échange. Vous vous sentez soutenus par la population lors des manifestations ?

Oui tout à fait ! Même si les manifestations ont moins d’ampleur qu’en début d’année, on sent que la population est derrière nous.

De toute façon, nous nous battons pour le bon sens : nous voulons produire. Mais le problème est qu’on nous empêche de le faire en supprimant, par exemple, des molécules.

Par conséquent, on utilise encore plus de traitements et effectuons plus de passages pour compenser l’interdiction des molécules, notamment des traitements à base de cuivre ou de soufre. Ainsi, on se retrouve avec des excès de cuivre, cela peut être nocif pour l’environnement.

Par ailleurs, ces passages supplémentaires impliquent plus de consommation de carburant. Les normes qu’on nous impose sont totalement contre-productives !

À cela s’ajoute la surtransposition des normes par l’État français. Il faut une réglementation européenne. Ce qui est autorisé en Europe doit également l’être en France !

Vendredi, le déplacement d’Arnaud Rousseau à Agen a été perturbé par des membres de la CR. Il a dénoncé des « méthodes lamentables ». Que reprochez-vous au président de la FNSEA ?

Comme vous le savez, nous avons mené des actions au port de Bordeaux ces derniers jours.

Monsieur Rousseau est à la tête du groupe Avril qui importe des milliers de tonnes de céréales ukrainiennes en France notamment via le port céréalier de Bordeaux. Autrement-dit, des produits qui ne sont pas soumis à la même réglementation que la nôtre.

Comment est-ce possible que quelqu’un qui favorise la concurrence déloyale en France soit le premier représentant du monde agricole ?

En réalité, Arnaud Rousseau travaille pour ses intérêts et le Mercosur va arranger ses affaires puisqu’il va permettre à son groupe d’importer des céréales encore moins chères.

Je n’ai rien contre Arnaud Rousseau en tant que paysan, mais plutôt en tant qu’industriel.

Vous dîtes que le Mercosur va être utile à M. Rousseau. Pourtant la FNSEA s’oppose également à ce traité de libre-échange.

La base de la FNSEA s’oppose au traité. De son côté, Arnaud Rousseau est obligé de dire qu’il est contre, autrement, il serait poussé vers la sortie.

Cela étant, je ne comprends pas comment la base de la FNSEA accepte que monsieur Rousseau soit son président.
C’est d’autant plus incompréhensible que les agriculteurs membres de ce syndicat ont les mêmes revendications que la CR.

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