Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, sous pression des Occidentaux depuis l’interception d’un avion et l’arrestation d’un journaliste à bord, doit s’entretenir vendredi en Russie avec son allié Vladimir Poutine, au lendemain de l’ouverture d’une enquête par l’agence onusienne de l’aviation civile.
Alexandre Loukachenko doit être accueilli par Vladimir Poutine dans sa résidence d’été de Sotchi, sur les bords de la mer Noire, dans le sud de la Russie, officiellement pour parler de « l’intégration » entre les deux ex-républiques soviétiques, un projet que Moscou caresse de longue date, et de leurs « projets communs, notamment économiques », selon le site du Kremlin.
Mais le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a d’ors et déjà donné le ton jeudi en insistant sur le fait que l’Occident devait « cesser de diaboliser ceux qu’il n’aime pas ».
Et le Kremlin s’en tient à sa position exprimée mercredi par son porte-parole, Dmitri Peskov: il n’y a aucune raison de douter des explications du Bélarus, qui soutient avoir dérouté l’avion de RyanAir dimanche uniquement à cause d’une alerte à la bombe, sans savoir que le journaliste d’opposition, Roman Protassevitch, était à bord.
Toucher le transit de gaz russe
Mais Vladimir Poutine ne sera peut-être pas indifférent aux menaces de Bruxelles de sanctions contre Minsk qui pourraient toucher le transit de gaz russe à travers le Bélarus.
Minsk, très dépendant économiquement de son « grand frère » russe, tire en effet une importante source de revenus de cette position de transit entre la Russie et l’Union européenne.
Mais pour l’heure, fort du soutien de Moscou, Alexandre Loukachenko ne donne aucun signe de vouloir céder aux pressions qui se multiplient.
La dernière en date vient d’une enquête annoncée jeudi par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) quant à la légalité de ce détournement, après une réunion d’urgence.
La mère du jeune journaliste arrêté a quant à elle lancé un appel émouvant jeudi, depuis Varsovie, à la communauté internationale.
« Je veux que vous transmettiez notre demande partout à travers le monde, aux représentants des gouvernements, aux pays de l’UE, aux dirigeants de l’UE, aux dirigeants américains: je crie, je vous en supplie, aidez-moi à libérer mon fils », a lancé Natalia Protassevitch.
Roman Protassevitch, incarcéré au Bélarus après le détournement de son vol Athènes-Vilnius, encourt une lourde peine de prison. Il est accusé par les autorités bélarusses d’avoir organisé des « troubles massifs » lors des manifestations de 2020 contre la réélection de M. Loukachenko.
Les parents du journaliste, eux-mêmes exilés à Varsovie depuis la répression lancée au Bélarus l’année dernière, restent sans aucun contact avec leur fils depuis son arrestation dimanche à l’aéroport de Minsk.
Son amie russe, Sofia Sapega, qui se trouvait à bord, a également été arrêtée.
Ne pas survoler son espace aérien
A Londres, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont condamné « avec la plus grande fermeté » l’arrestation du journaliste et de sa compagne et ont exigé leur « libération immédiate et inconditionnelle ».
La mobilisation en faveur de la libération du jeune journaliste ne faiblit pas: l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a organisé jeudi une manifestation à la frontière entre la Lituanie et le Bélarus, en brandissant des portraits de 21 journalistes emprisonnés dans l’ancienne république soviétique située entre la Russie et l’Union européenne.
Le président bélarusse a suscité l’indignation des Occidentaux en envoyant dimanche un avion de chasse pour intercepter le vol Ryanair. Les Vingt-Sept ont riposté en interdisant aux compagnies aériennes bélarusses l’accès à l’UE et en demandant aux transporteurs européens de ne pas survoler son espace aérien.
En détournant l’avion, « le régime bélarusse a commis un acte de terrorisme d’Etat et doit accepter la responsabilité de ces actions », a déclaré jeudi le Premier ministre estonien Kaja Kallas, dont le pays a à son tour interdit son espace aérien aux avions bélarusses.
Jeudi, Austrian Airlines a annulé un vol qui devait relier Vienne à Moscou, faute d’avoir reçu le feu vert de la Russie pour un changement d’itinéraire destiné à éviter l’espace aérien du Bélarus, a annoncé la compagnie autrichienne.
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