Les abeilles jouent un rôle primordial pour la survie des écosystèmes. Pourtant, ces petits pollinisateurs sont menacés par toutes sortes de dangers. Chacun peut, à son niveau, mettre en place quelques petites actions pour les aider.
À l’occasion de la journée mondiale des abeilles en ce 20 mai, Epoch Times s’est entretenu avec Brice Thomas, apiculteur bio installé dans le petit village de Saint-Nicodème en Bretagne, où il a fondé son exploitation, Les Yeux dans les herbes.
Les défis que rencontre l’abeille sont multiples. Ils peuvent aussi être mortels. « L’abeille est extrêmement sensible », remarque le Breton. Au cours de cet entretien, l’apiculteur nous explique les problématiques avant de nous proposer des pistes de solutions.
Entre 15 et 40 % de mortalité chaque hiver
Le premier danger est le varroa, un parasite qui se nourrit de l’hémolymphe de l’abeille, affaiblissant considérablement l’insecte. « Cela fait déjà plus de 20 ans que l’on en trouve en France. Mais depuis une quinzaine d’années et plus particulièrement dix ans, on est énormément impacté par le varroa », explique l’apiculteur récoltant.
Il existe des traitements contre ce parasite. Cependant, en tant qu’apiculteur bio, le Breton respecte le cahier des charges Agriculture biologique (AB). « On ne va pas pouvoir traiter nos ruches de la même manière qu’un apiculteur qui est en agriculture conventionnelle, mais c’est beaucoup moins efficace aussi », remarque-t-il.
« Certains hivers, on enregistre 30 à 40 % de pertes dans les ruches, ce qui est énorme », explique l’apiculteur. En moyenne, la mortalité est de 15 à 40 % malgré les traitements à base d’huile essentielle et autres, beaucoup moins efficaces que les pesticides de synthèse spécialisés sur le varroa en agriculture conventionnelle. « C’est un peu le lot quotidien des apiculteurs bio. »
Pesticides, frelons et biodiversité
Une autre problématique qui impacte beaucoup les abeilles est l’utilisation des pesticides dans les cultures et les jardins. Non seulement cette utilisation est en hausse, mais il y a par ailleurs un assouplissement des normes. « L’État a un peu plié face aux lobbies », déplore Brice Thomas. « Cela va repartir à la hausse au niveau des pesticides avec les décisions qui ont été prises par l’État. C’était compliqué avant et là, cela risque de devenir très, très compliqué. »
Parallèlement à la hausse de l’utilisation des pesticides, la perte de la biodiversité dans certaines régions a un impact certain sur la survie des abeilles. Dans les régions de culture intensive, où les haies et les arbres ont été arrachés, on compte de moins en moins d’animaux et d’insectes. Certaines essences sauvages ont disparu du paysage.
Notre apiculteur breton a la chance d’avoir des haies avec beaucoup de lierre dont la floraison en octobre permet aux abeilles de bien se nourrir de nectar avant l’hiver. Dans les régions où il n’y a plus de lierre, les professionnels doivent nourrir eux-mêmes leurs essaims pour qu’ils puissent passer l’hiver.
Quant aux attaques de frelons asiatiques, les ruches de Brice Thomas en sont relativement épargnées grâce à la position géographique de son exploitation, située sur un petit plateau à 270 mètres de hauteur. Cela lui permet d’avoir un climat plus frais et plus pluvieux qu’aux alentours, moins favorable à ces terribles prédateurs.
En France, la présence du frelon asiatique impacte beaucoup de ruches, les affaiblissant tellement que cela rend l’hivernage très compliqué. Si on parle souvent de solutions comme des pièges à frelons, il n’y a pour l’instant pas de solution miracle.
Il existe cependant un espoir grâce à la biodiversité. « Certains oiseaux commencent à manger des frelons », explique le Breton. « Plus on va avoir de la biodiversité, plus on a de chances que cela s’autorégule avec le temps, même si c’est un insecte nouveau », espère-t-il.
L’abeille sauvage et les autres pollinisateurs
Si l’abeille « domestique » nous est bien familière, il existe aussi d’autres abeilles solitaires comme le bourdon et de toutes petites abeilles qui sont beaucoup moins connues puisqu’on ne fait pas de miel avec. Même s’il ne travaille pas avec elles, l’apiculteur a à cœur d’en parler parce qu’elles sont « au moins tout aussi importantes » que celles qui lui permettent de générer un revenu.
« Tous ces pollinisateurs sont encore plus fragilisés que l’abeille parce qu’ils ont souvent une alimentation moins variée », explique Brice Thomas qui s’inquiète du fait qu’en quinze ans, on a a perdu 80 % des insectes en quantitatif. « Certains papillons, certaines espèces, certaines abeilles sauvages sont spécialisées sur certaines essences et et ont besoin de celles-là pour nourrir leurs larves. »
Les petites actions qui peuvent faire une grande différence
L’une des actions que tout un chacun peut mettre en œuvre au jardin est toute simple et concerne la tonte de la pelouse. Attendre le mois de mai, et même idéalement le mois de juin avant la première tonte, permet d’avoir le temps de voir des fleurs pousser. « Il ne faut surtout pas tout tondre à ras tout le temps, comme un terrain de golf », recommande l’apiculteur. « C’est intéressant, cela va créer plus de zones d’ombre au sol et une inertie plus forte par rapport à la chaleur et à la sécheresse. »
Cela permet d’avoir davantage de fleurs qu’en tondant toutes les deux semaines et les fleurs sont moins sèches aussi. Cela est bon également pour un certains nombre d’animaux. « C’est notre petite action qu’on peut faire », remarque Brice Thomas.
Il va de soi aussi d’éviter d’utiliser des pesticides, des fongicides ou des herbicides dans le jardin.
Un autre conseil du professionnel est de réensauvager son jardin en favorisant les fleurs sauvages plutôt que les fleurs sélectionnées très jolies et très colorées. À force de sélection, ces fleurs perdent en qualité au niveau du pollen et du nectar. Ce n’est pas problématique d’en planter un peu — notre apiculteur avoue en planter lui aussi — mais chacun peut au moins garder un endroit un peu plus sauvage dans son jardin.
Offrir aux abeilles un point d’eau peut aussi être bénéfique à toute la ruche, en particulier dans les zones où il fait très chaud et où les cours d’eau se font rares. Elles ont constamment besoin de rapporter de l’eau dans la ruche pour y garder une certaine hygrométrie.
Une précaution importante à prendre lorsque vous laissez un récipient dehors avec de l’eau pour les abeilles est d’y placer des pierres ou des herbes pour éviter qu’elles se noient.
Un achat local qui a un impact sur la nature
Afin de célébrer la journée mondiale des abeilles, le premier syndicat agricole français appelle les supermarchés à retirer les miels asiatiques, souvent frelatés, de leurs rayons.
Les « importations massives de miel chinois vendu à très bas coût, quatre fois moins cher, en moyenne, que les miels européens, déstabilisent le marché dans son ensemble, font subir une distorsion de concurrence inacceptable aux apiculteurs français et trompent les consommateurs », accuse la FNSEA dans un communiqué diffusé vendredi.
Afin de soutenir les apiculteurs français, il est donc préférable d’acheter du miel aux petits producteurs locaux. Cela permet de s’assurer de la provenance du miel tout en participant à faire fonctionner une agriculture plus saine qui va aider les abeilles mais aussi les oiseaux et la biodiversité.
« Nos actes quotidiens peuvent avoir un impact, y compris ce que l’on mange, tant pour la nature environnante que pour les abeilles et les animaux en général », précise Brice Thomas.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.