Judo : Clarisse Agbégnénou, « anéantie » après sa défaite en demie, obtient le bronze

Par Epoch Times avec AFP
30 juillet 2024 19:54 Mis à jour: 31 juillet 2024 04:58

Reine des -63 kg « anéantie » après sa défaite en demie, Clarisse Agbégnénou, devenue mère en 2022, a sauvé avec expérience et courage une médaille de bronze à Paris, à défaut d’un nouveau titre olympique après ceux en individuel et par équipes à Tokyo.

Face à la Tour Eiffel, Clarisse Agbégnénou a embrassé cette médaille de bronze de consolation et le public français de l’Arena Champ-de-Mars, le remerciant d’un coeur avec ses doigts. Puis elle a pris sa fille Athéna, née en 2022, dans ses bras, avant de célébrer avec ses proches en tribunes.

Si c’est l' »énervement » qui prédominait encore avant son podium, Agbégnénou était tout de même « fière », « après une grossesse, avec une petite en bas âge que j’allaite toujours, c’est un exploit, c’est ouf, et je voulais encore plus l’ancrer », dans l’histoire du sport français.

Le monument du judo français s’offre malgré tout la seule médaille olympique qui lui manquait. En argent à Rio en 2016 puis en or en 2021, le « Bulldozer » français a cette fois été stoppé avant la finale par la Slovène Andreja Leski, au grand dam de ses fans aux banderoles guerrières: « Mets les toutes à l’amende ».

Six fois championne du monde restait sur cinq victoires

Sortie de la salle sous une standing ovation, la Française de 31 ans six fois championne du monde restait pourtant sur cinq victoires en autant de combats contre cette adversaire de 27 ans.

Et elle semblait contrôler le match. Mais, à 15 secondes de la fin du combat de quatre minutes, la Française s’est fait retourner sur le flanc.

L’action, d’abord pas arrêtée par l’arbitre, s’est poursuivie au sol et la Française, étranglée entre les jambes slovènes, semblait à deux doigts de taper pour abandonner.

Elle a tenu, s’est remise debout difficilement, mais après arbitrage vidéo, l’attaque a valu waza-ari pour la Slovène. Dans les ultimes secondes, « Gnougnou » s’est jetée sur son adversaire mais n’a pas eu le temps d’inverser le score.

Après cette défaite, la championne était « anéantie »: « et je pense que ça s’est vu au début de mon combat pour la médaille de bronze, je n’étais pas dedans ».

Après avoir failli se faire surprendre dès la première action contre l’Autrichienne Lubjana Piovesana, elle a pris le dessus, par un beau ippon.

C’est son coach Ludovic Delacotte et le public qui lui ont donné la force: « il m’a regardé avec un regard noir, il m’a dit ‘tu n’es pas dedans, réveille toi’. Le public a crié derrière. Et je me suis dit ‘Clarisse tu serais encore plus déçue de ne pas ramener de médaille' ».

« Une grande championne peut perdre, mais n’abandonne pas »

« Une grande championne peut perdre, mais une grande championne n’abandonne pas », a développé son coach. « J’ai utilisé certains leviers qui ont fait qu’on a réussi à se remobiliser, même si ça a pris un peu de temps », a-t-il ajouté, saluant sa « longévité et son palmarès incroyables ».

Depuis le premier tour, elle avait bien construit sa journée olympique, en montant en puissance.

Elle avait commencé difficilement contre l’Israélienne Gili Sharir, écartée en prolongation. Au deuxième, bien que dominante, elle a dû attendre les dernières secondes pour s’imposer.

En quart, elle avait passé la vitesse supérieure avec un ippon d’école magistral en seulement 34 secondes contre la Kosovare de 23 ans Laura Fazliu, qui l’avait battue à deux reprises et pour la dernière fois à l’Euro-2023.

Pour celle qui est devenue, selon son expression, « une athlète totalement différente » après avoir donné naissance à sa fille, l’or était tout sauf illusoire.

Devenue mère, elle était revenue sur la scène internationale avec fracas en 2023, se coiffant d’une sixième couronne mondiale.

Mais la suite avait été plus délicate, déjà. En novembre 2023 à Montpellier, elle avait perdu contre Laura Fazliu et avait ensuite fini à une inhabituelle septième place.

Aux Mondiaux-2024, en mai, elle avait fini médaillée de bronze sur un parcours similaire, avec « un choix tactique pas très judicieux qui (lui) a coûté une finale olympique », comme elle dit mardi.

Alors « en colère contre (elle)-même », la Française avait promis, avec le sourire, l’enfer à ses adversaires: « il faut les atomiser dès le début ».

Mais ces précédents avertissements n’ont pas suffi. Et le judo a ça de cruel: en quelques minutes, voire secondes, tout un rêve peut s’effondrer.

Il lui restera une autre occasion de ramener une médaille d’or, lors de la compétition par équipes mixtes samedi. Celle-ci aussi, comme le bronze mardi, elle s’empressera de la mettre autour du cou d’Athéna.

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