Impossible de visiter la seconde sans passer par la première, proche de l’aéroport et point de départ des ferries. Même si à première vue la petite ville ne semble guère inspirante, elle dévoile ses charmes au fil d’une escapade de deux jours et surtout, on se sent vivre au cœur de la communauté grecque, loin des afflux de touristes.
Pour une fois ce sont des îliens originaires de Paros et de Thassos qui, au 7ème siècle avant J-C, fondent ce port sur la côte thrace. Ils lui donnent le nom de Neapolis, installé sur une butte rocheuse face à la baie, aujourd’hui connu pour être le vieux quartier de Kavala. L’antique cité bénéficie de la proximité des mines d’or et d’argent du massif du Pangée. Les aléas de l’histoire mouvementée dans la région l’ont amenée à passer sous la domination byzantine et ensuite vénitienne. Ce sont ces derniers qui élèvent les remparts de la citadelle. Convoitée par les Turcs la ville passe à la fin du 14ème siècle sous le joug des Ottomans qui vont remanier et agrandir les fortifications. Soliman le Magnifique dote également la cité d’un aqueduc, un des dix plus grands au monde. Il faudra attendre les guerres balkaniques pour que Kavala soit conquise par les Bulgares avant d’être rapidement prise par les Grecs en 1913.
Quand l’Orient rencontre l’Occident
Le port de Kavala est bel et bien un point d’intersection où se croisent les voies maritimes de l’Occident et de l’Orient. Comme jadis, c’est sur le port, au fil des terrasses qui longent le front de mer, que tous se donnent rendez-vous, jeunes et moins jeunes, des familles et des couples mais aussi des commerçants et des marins. Quand on lève le nez vers la nouvelle ville adossée à la montagne, on croit voir un amoncellement de cages à oiseaux qui se superposent sur les flancs de la colline. Ce ne sont en fait que des édifices de 4 à 5 étages tous cernés de balcons entièrement grillagés qui offrent aux habitants un espace de vie complémentaire bien agréable.
Par contre la montée vers la citadelle offre de belles surprises. On glisse sous l’aqueduc qui déploie ses trois rangées d’arches empilées à l’entrée de la vieille ville. 6400 mètres de long, 55 m de haut et à flux ouvert, ce qui montre que son fonctionnement dépendait d’inclinaisons bien étudiées, il ne servait qu’à alimenter le château. Aujourd’hui, des jardins agrémentent le terrain au pied des colonnes dont l’ombre bienfaisante accueille quelques tables de restaurant.
La montée vers les hauteurs du vieux quartier de Panagia est un peu raide mais d’une venelle pentue à l’autre, on longe d’anciennes maisons ottomanes aux couleurs chaudes et on se sent envahi par le silence dans lequel baigne Panagia. A la pointe de la butte, on a la chance de découvrir la maison natale de Méhémet-Ali qui fut vice-roi d’Egypte de 1805 à 1849. La demeure a préservé son architecture traditionnelle entre quartier des femmes et quartier des hommes, chacun avec un escalier indépendant, et avec des balcons couverts qui permettaient de voir sans être vus. Toujours propriété du gouvernement égyptien, les biens de Méhémet-Ali sont confiés aujourd’hui à une association qui veille à la promotion du dialogue culturel entre la Grèce et le monde islamique.
La ville antique de Philippes
Incontournable, ce vaste site archéologique à une quinzaine de kilomètres de Kavala devrait évoquer à ceux qui ont reçu une éducation chrétienne les Epîtres aux Philippiens de St-Paul Apôtre. On était alors vers la fin de l’année 49 et Paul qui prêchait dans les contrées nord de l’Anatolie fut poussé par l’Esprit, écrit-il, à prêcher l’évangile en Macédoine. C’est dans la petite ville de Philippes qu’il annonça pour la première fois en Europe le nom du Christ. Malgré les épreuves de la captivité qu’il connut par la suite, il garda un contact étroit avec la première communauté de chrétiens de Philippes.
Aujourd’hui on peut admirer sur le site, qui doit son nom à Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand, les vestiges des basiliques chrétiennes édifiées sur les décombres des temples romains dont il ne reste que quelques piliers, des mosaïques et des fresques. Le site très vaste permet aussi de découvrir la grande agora bordée de boutiques et d’édifices religieux et publics. On repère également le complexe des thermes romains, l’Acropole et le théâtre que les Romains modifièrent pour le bon déroulement des combats de bêtes sauvages qu’ils y organisaient.
Le destin prospère de cette ville s’écroula lorsque le séisme qui secoua la région au 7ème siècle ne laissa que des ruines. Classé en 2016 au Patrimoine Mondial de l’Unesco, ce vaste ensemble archéologique a surtout le grand mérite de se situer au cœur d’une plaine fertile, non loin du massif du Pangée. Les touristes se font rares et on peut déambuler durant des heures à la recherche d’un graphe, d’une sculpture, des anciennes toilettes romaines, de la prison où St-Paul fut enfermé, etc… Un voyage presque émouvant dans le passé pour ceux qui aiment déchiffrer les vieilles pierres.
Un site incontournable http://www.visitgreece.gr/en/main_cities/kavala et un contact sur place Maria Polimerou polimerou@mermaid-thassos.gr
Se loger : nous avons testé l’hôtel Lucy à l’extrémité ouest de la ville. Un lieu paisible face à la mer avec plage et piscine. Comptez une agréable promenade de 20 minutes sur le front de mer pour rejoindre le port de Kavala.
Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
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