Le Parti communiste chinois (PCC) vient d’adopter une résolution qui prodigue un statut extravagant à son dirigeant Xi Jinping, qui tente de s’assurer un troisième mandat avant le 20e Congrès du Parti en 2022.
À l’issue de sa 6e session plénière, le PCC a adopté une résolution historique suite à ses « réalisations majeures et son bilan historique » au cours du siècle dernier. Bien que le texte intégral ne soit pas encore publié, un communiqué résume les principales idées de cette résolution.
Selon le communiqué, l’histoire centenaire du PCC comporte quatre étapes :
– 1921-1949 ;
– 1949-1976 ;
– 1976-2012 ;
– 2012-aujourd’hui.
Au cours des deux premières étapes, le chef suprême était Mao Zedong.
La troisième période a été gouvernée par Deng Xiaoping, Jiang Zeming, Hu Jintao ; (l’étape de Deng comprend trois dirigeants).
Nous sommes aujourd’hui au cœur de la quatrième étape, avec Xi Jinping pour secrétaire général du Parti.
Ainsi, Mao, Deng et Xi se distinguent comme étant les trois dirigeants les plus marquants du PCC.
Un simple décompte des mots révèle l’importance disproportionnée accordée à Xi Jinping. Le nombre total de mots du communiqué consacrés à Mao est de 951, 383 pour Deng, 264 pour Jiang, 217 pour Hu et 2 091 pour Xi. En d’autres termes, sur les 100 ans d’histoire du Parti, les 9 années sous Xi Jinping ont été bien plus significatives que les 91 années sous les quatre dirigeants précédents réunis.
Un parti fondé sur le marxisme exige que son dirigeant soit idolâtré pour être légitime. Dans le communiqué, Mao est présenté comme le dirigeant ayant accompli « la première étape historique d’adaptation du marxisme au contexte chinois », Deng « a réalisé une nouvelle percée dans l’adaptation du marxisme au contexte chinois » et la pensée de Xi Jinping « est le marxisme de la Chine contemporaine et du 21e siècle ». Le récit suggère que la contribution de Xi Jinping au marxisme est plus importante que celle de ses prédécesseurs. Dans l’esprit de Xi Jinping, Mao et Deng ne sont pas dignes d’être considérés comme de grands dirigeants marxistes.
En 100 ans d’histoire du PCC, il s’agit de la troisième résolution historique. Les deux précédentes, initiées par Mao et Deng en 1945 et 1981, respectivement, ont été adoptées pour résoudre de graves problèmes auxquels le Parti était confronté. L’objectif de la résolution de 1945 était de sauver le PCC après sa grave défaite militaire et sa fuite à Yan’an, dans le nord-ouest reculé de la Chine. La résolution de 1981 visait à sauver l’économie alors qu’elle était au bord de l’effondrement, après la révolution culturelle dévastatrice de Mao. Les deux résolutions ont donc été créées pour résoudre des problèmes – elles ont permis à Mao et à Deng d’être élevés à leur poste suprême au sein du Parti, après avoir corrigé les erreurs du passé.
Contrairement aux deux précédentes, la résolution de 2021 a été adoptée pour renforcer la position de Xi Jinping. En expliquant pourquoi la troisième est nécessaire, le communiqué cite la nécessité de « maintenir résolument la position centrale du camarade Xi Jinping au sein du Comité central et du Parti dans son ensemble ». Il cite ensuite certains des slogans de Xi Jinping, tels que « maintenir l’intégrité politique », « penser en termes généraux », « suivre la direction centrale » et « toujours fonctionner en accord avec la direction centrale du Parti ». Cette déclaration trahit l’ambition personnelle de Xi Jinping, qui est de tirer parti de la résolution historique pour obtenir un nouveau mandat, voire un mandat à vie, lors du 20e Congrès du Parti l’année prochaine.
Il y a des signes inquiétants dans la troisième résolution historique. Premièrement, les atrocités commises par le PCC sous Mao sont justifiées par la déclaration suivante : « Le peuple chinois était non seulement capable de démanteler le vieux monde, mais aussi d’en construire un nouveau. » Les personnes qui ont vécu sous le règne de Mao se souviennent très bien de la signification de l’expression « démanteler le vieux monde ». Elle impliquait les atrocités suivantes : l’extermination de la classe des propriétaires fonciers et immobiliers ; la confiscation de la propriété privée sans procédure régulière ni compensation ; la répression des intellectuels non-conformistes et des croyants religieux ; la destruction des monuments, reliques et artefacts historiques et culturels ; et la cruelle éducation à la pensée – communisme/socialisme – imposée au peuple pendant la révolution culturelle, sans parler des erreurs politiques qui ont conduit à la famine massive qui a coûté la vie à plus de 35 millions de personnes. Tels étaient les problèmes que la résolution historique de Deng de 1981 cherchait à corriger. Pourtant, dans la troisième résolution de Xi Jinping, ces atrocités sont fièrement exaltées comme « une capacité à démanteler le vieux monde ».
Deuxièmement, la dernière résolution historique porte le culte de la personnalité à un niveau sans précédent. À l’époque de Mao, on l’exaltait en tant que Grand Professeur, Grand Leader, Grand Commandant et Grand Timonier. Ces quatre Grands rôles, au cœur du culte de la personnalité de Mao, ont terrorisé l’ensemble du pays.
Toutefois, le culte de la personnalité de Mao n’est rien en comparaison de celui de Xi Jinping. Pour préparer le peuple à accepter un Xi tout-puissant, l’agence de presse d’État Xinhua démultiplie les éloges :
Un secrétaire du Parti qui aime son peuple comme ses propres parents.
Un leader de base qui bénéficie du soutien populaire.
Un stratège et un pragmatique qui rend le pays fort.
Un changeur de paradigme qui ouvre de nouveaux horizons.
Un grand leader national avec une perspective globale.
Un capitaine qui perpétue les traditions chinoises et ouvre la voie à l’avenir.
Le peuple chinois ne se souvient que trop bien des souffrances qu’il a endurées à cause du culte de la personnalité de Mao, et c’est exactement ce que la deuxième résolution historique visait à rectifier en « descendant Mao de l’autel ». Deng a même réussi à inscrire dans la Constitution du PCC que le Parti interdit spécifiquement toute forme de culte de la personnalité.
Malheureusement, Xi Jinping et le PCC ont fermé les yeux sur ces leçons amères de l’histoire, et ont décidé d’encenser un autre dieu.
Comme le dit l’éminent journaliste Ted Koppel : « L’histoire est un outil utilisé par les politiciens pour justifier leurs intentions ». Ainsi, la troisième résolution historique du PCC est un outil utilisé par Xi Jinping pour justifier sa candidature à un troisième mandat, peut-être à vie.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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