La championne olympique hongroise Agnes Keleti qui a échappé à la Shoah, est morte à 103 ans

Par Epoch Times avec AFP
2 janvier 2025 14:45 Mis à jour: 2 janvier 2025 19:27

Interdite d’activité sportive pendant la guerre en raison de ses origines juives, la gymnaste hongroise Agnes Keleti, décédée jeudi à l’âge de 103 ans, s’entraînait en cachette. Avant de décrocher dix médailles olympiques à 30 ans passés.

« Cela valait la peine de faire quelque chose de bien dans la vie vu l’attention que j’ai reçue. J’ai des frissons quand je vois tous les articles écrits sur moi », soufflait-elle à l’AFP à l’occasion de son centième anniversaire. Elle qui était la plus ancienne championne olympique au monde allait fêter dans une semaine ses 104 ans, mue jusqu’au bout par « une incroyable énergie », selon son fils Rafael Biro-Keleti.

Agnes Keleti aura eu une vie digne d’un scénario de film. Elle voit le jour le 9 janvier 1921 à Budapest sous le nom d’Agnes Klein, puis prend un patronyme à consonance hongroise.

Appelée dans l’équipe nationale en 1939, la reine des enchaînements au sol s’est vite vue exclue en raison de ses origines juives. Après l’occupation de la Hongrie par le IIIe Reich en mars 1944, elle échappe à la déportation en obtenant de faux documents et en prenant l’identité d’une jeune chrétienne, en échange de tous ses biens.

Réfugiée à la campagne, elle travaille comme domestique tout en s’entraînant en secret sur les rives du Danube, dans ses moments de temps libre. Son père et plusieurs membres de sa famille furent déportés et exterminés à Auschwitz, tandis que sa mère et sa sœur furent sauvées grâce au diplomate suédois Raoul Wallenberg.

La Hongroise Agnes Keleti pose pour une photo avec l’ambassadeur de France en Hongrie Jonathan Lacote (à g.) après avoir été décorée de la Médaille d’or de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif de la France à Budapest, en Hongrie, le 9 septembre 2024. (ATTILA KISBENEDEK/AFP via Getty Images)

Dix médailles olympiques

Après la guerre, elle reprend la compétition, mais c’est le faux départ à Londres en 1948 : une blessure a raison de ses efforts et les Jeux olympiques lui échappent à nouveau. Il lui faut attendre encore quelques années pour remporter dix médailles olympiques, dont cinq d’or aux JO d’Helsinki (1952) et de Melbourne (1956), toutes après l’âge de 30 ans.

Comme de nombreux athlètes hongrois, Agnes Keleti ne rentre pas chez elle après les épreuves australiennes, qui se déroulent quelques semaines après l’échec du soulèvement antisoviétique en Hongrie. « J’ai fait du sport non pas parce que cela me faisait du bien mais pour voir le monde », disait-elle en 2016.

Elle s’installe alors en Israël où elle épouse en 1959 un professeur de sport hongrois, Robert Biro, avec qui elle a eu deux enfants. Après sa retraite sportive, Agnes Keleti travaille comme professeur d’éducation physique et entraîne l’équipe nationale israélienne.

« Merci pour tout ! »

Ce n’est qu’en 1983, pour les Championnats du monde de gymnastique, qu’elle retourne pour la première fois en Hongrie, alors toujours communiste. Elle y reviendra définitivement en 2015.

À l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la France a souhaité « rendre hommage à ses éminents mérites » et lui a décerné en septembre la médaille d’or de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif.

« Merci pour tout ! », a écrit sur Facebook le Premier ministre hongrois Viktor Orban en rendant hommage à la championne.

Selon le premier quotidien sportif du pays, Nemzeti Sport, c’est le français Charles Coste, médaillé d’or de la poursuite par équipes en cyclisme sur piste aux Jeux de Londres en 1948, qui succède à Agnes Keleti comme doyen des champions olympiques. Centenaire, né le 8 février 1924, il avait porté la flamme lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris.

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