La Chine, bien que « partenaire » de l’Allemagne, agit « à l’encontre de nos intérêts et valeurs », déplore le gouvernement d’Olaf Scholz dans sa Stratégie nationale de sécurité dévoilée mercredi.
« La Chine tente par différents moyens de remodeler l’ordre international existant basé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs », estime le gouvernement allemand dans ce document de près de 80 pages, présenté par le chancelier Olaf Scholz et des ministres de son gouvernement.
« La Chine est un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Nous constatons que les éléments de rivalité et de concurrence ont augmenté ces dernières années », note le document, négocié durant des mois au sein de la coalition au pouvoir en Allemagne.
Des enjeux de sécurité
Ce document, moins ambitieux qu’initialement prévu par les trois partis de la coalition dans leur contrat de gouvernement, dresse un panorama des enjeux de sécurité, des relations avec Moscou et Pékin à la cybersécurité.
« La sécurité au XXIe siècle, c’est obtenir de manière fiable des médicaments vitaux à la pharmacie. La sécurité, c’est ne pas être espionné par la Chine lorsque l’on discute avec des amis ou ne pas être manipulé par des robots russes lorsque l’on navigue sur les réseaux sociaux », a résumé la cheffe de la diplomatie allemande, l’écologiste Annalena Baerbock, lors de la présentation du document.
Une délégation de responsables chinois menée par le Premier ministre Li Qiang est attendue à Berlin la semaine prochaine pour des consultations gouvernementales germano-chinoises.
L’Allemagne durcit le ton
Pour Berlin, avec l’action de Pékin, « la stabilité régionale et la sécurité internationale sont de plus en plus sous pression » et « les droits de l’homme ne sont pas respectés ». « La Chine utilise sa puissance économique de manière ciblée pour atteindre des objectifs politiques », met aussi en garde le gouvernement allemand. Malgré tout, « la Chine reste en même temps un partenaire sans lequel de nombreux défis et crises mondiaux ne peuvent être résolus », souligne le document.
Pour Olaf Scholz, « il s’agit de faire en sorte que la Chine continue à croître économiquement, que l’intégration de la Chine dans le commerce mondial et dans les relations économiques mondiales ne soient pas entravée ». « Mais il faut en même temps tenir compte des questions de sécurité qui se posent à nous », a-t-il expliqué à la presse.
Premier partenaire économique de l’Allemagne et marché vital pour son puissant secteur automobile, la Chine a longtemps été ménagée par Berlin, qui a toutefois durci le ton depuis plus d’un an.
Les ministres écologistes prônent une plus grande fermeté envers Pékin, pointant ses menaces récurrentes contre Taïwan et les exactions dont les autorités chinoises sont accusées contre les Ouïghours dans la région du Xinjiang.
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