La Chine et la Russie veulent utiliser les BRICS pour remettre en cause le système financier mondial

Les BRICS représentent actuellement 45 % de la population mondiale et 35 % de l'économie mondiale en termes de pouvoir d'achat

Par Alex Wu
27 octobre 2024 21:16 Mis à jour: 27 octobre 2024 21:30

Les BRICS ont récemment tenu leur premier sommet depuis l’élargissement du groupe, à Kazan, en Russie, le pays qui assure la présidence tournante.

Par l’intermédiaire de ce groupe, la Chine et la Russie cherchent à établir une plateforme de paiement internationale alternative qui ne soit pas soumise aux sanctions occidentales – une tactique qui, selon des experts, a peu de chances de fonctionner.

Les BRICS ont été créés par la Russie, la Chine et l’Inde, puis ont été rejoints par le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite a été invitée à intégrer le groupe, mais n’en est pas encore officiellement membre.

La Russie utilise le système chinois CIPS (système de paiement transfrontalier basé sur le yuan chinois RMB) pour un commerce international limité, depuis qu’elle a été bannie de la plateforme SWIFT basée sur le dollar américain, après avoir envahi l’Ukraine en 2022.

Wang Guo-chen, chercheur adjoint à l’Institut Chung-Hua pour la recherche économique à Taïwan, a estimé qu’il était peu probable que la Chine et la Russie puissent réellement modifier le système financier international.

Selon les statistiques de la Banque populaire de Chine, le CIPS a traité en moyenne 30.000 transactions par jour en 2023, pour un montant de 482,6 milliards de yuans (67,8 milliards de dollars).

M. Wang a souligné que, par rapport au système SWIFT, basé sur le dollar américain, qui traite 42 millions de transactions par jour pour une valeur de 5000 milliards de dollars, « comment le CIPS chinois peut-il remplacer le SWIFT avec un écart aussi important ? ».

« Si un pays ne peut pas adhérer au système SWIFT, il est exclu de la bourse financière mondiale. Il est donc pratiquement impossible pour Pékin de modifier le système financier mondial », a souligné M. Wang à Epoch Times.

Henry Wu, macroéconomiste taïwanais, a indiqué à Epoch Times que les économies des trois principaux pays des BRICS – la Chine, la Russie et l’Iran – continueront d’être comprimées.

« La situation politique mondiale est marquée par la confrontation entre les États-Unis et la Chine, et la stratégie de base des États-Unis consiste à couper le soutien financier du Parti communiste chinois (PCC) et à éliminer progressivement son élan économique. De cette façon, le PCC sera finalement incapable de se maintenir en raison de problèmes économiques internes et de crises de régime, sans parler de l’aide qu’il apporte à d’autres régimes. »

Selon M. Wu, l’influence internationale du PCC repose sur ses énormes investissements dans d’autres pays, « mais aujourd’hui, le PCC n’a plus d’argent. Ses actifs en dollars américains ont été vidés par les fonctionnaires corrompus du pays. Ils ont échangé l’argent détourné en RMB contre des dollars américains et les ont ensuite transférés à l’étranger. De plus, les confinements extrêmes imposés par le PCC pendant la crise du Covid-19 ont entraîné d’énormes pertes économiques qui n’ont pas encore été récupérées ».

M. Wang a expliqué : « Sans les sanctions financières imposées par l’Europe et les États-Unis, la Russie ne voudrait pas utiliser le RMB pour ses transactions. Poutine souhaite également internationaliser le rouble par l’intermédiaire des BRICS. En d’autres termes, le PCC et la Russie veulent tous deux contrôler les pays des BRICS ».

Pour M. Wang, les pays des BRICS obéissent tous à des calculs qui leur sont propres. « Mais ces pays sont tous confrontés à des problèmes politiques et économiques, qu’il s’agisse de la Russie, de l’Iran ou de la Chine. Ils ont donc des problèmes de capacité de consommation. Les pays des BRICS veulent exporter, et non importer. Mais qui possède le plus grand marché de consommation au monde, comme les États-Unis ? Aucun d’entre eux a priori. »

L’ancien économiste en chef de Goldman Sachs, Jim O’Neill, qui a introduit le terme BRIC en 2001, a déclaré : « L’idée que les BRICS puissent être un véritable club économique mondial est évidemment un pur conte de fées, tout comme le G7, et il est très inquiétant qu’ils se considèrent comme une sorte d’alternative mondiale, car ce n’est manifestement pas réalisable ».

Les BRICS représentent actuellement 45 % de la population mondiale et 35 % de l’économie mondiale en termes de pouvoir d’achat. La Chine représente plus de la moitié de l’économie totale du groupe.

Le président russe Vladimir Poutine salue le président chinois Xi Jinping lors d’une cérémonie officielle d’accueil des chefs de délégations au sommet des BRICS à Kazan, le 23 octobre 2024. (MAXIM SHEMETOV/POOL/AFP via Getty Images)

Relations Chine-Russie

Le dirigeant chinois Xi Jinping a participé au sommet et a rencontré le président russe Vladimir Poutine à Kazan le 22 octobre ; c’est la troisième fois que les deux hommes se rencontrent cette année.

Poutine a déclaré à Xi : « La coopération russo-chinoise dans les affaires mondiales est l’un des principaux facteurs de stabilisation sur la scène mondiale ».

Xi a déclaré que « la situation internationale est entremêlée de chaos » et « je crois fermement que l’amitié entre la Chine et la Russie se poursuivra pendant des générations, et la responsabilité des grands pays envers leurs peuples ne changera pas ».

Zheng Qinmo, professeur associé au département de diplomatie et de relations internationales de l’université de Tamkang à Taïwan, a estimé de son côté qu’il n’existait pas de véritable amitié entre la Chine et la Russie.

« Bien qu’ils le disent, leur coopération vise principalement à défier l’ordre international actuel dirigé par les États-Unis et n’est qu’une coopération temporaire », a-t-il souligné à Epoch Times.

« Les conflits entre la Chine et la Russie sont nombreux », a ajouté M. Zheng. « Xi Jinping a promis de continuer à soutenir la Russie dans la guerre russo-ukrainienne, mais il craint également la détérioration des relations avec l’Occident, d’autant plus que le PCC est actuellement confronté à un grave ralentissement de son économie. »

Dans le domaine de la finance mondiale, M. Zheng a fait remarquer : « La Russie, sous le coup des sanctions occidentales, est plus désireuse d’établir un système de paiement transfrontalier différent, mais le PCC a des inquiétudes. Il espère construire un ordre international dominé par le PCC, basé sur le soutien des pays du Sud, afin de concurrencer les États-Unis ».

La Russie fait l’objet de sanctions internationales depuis son invasion de l’Ukraine en 2022, tandis que la Chine reste son principal soutien dans la guerre qu’elle mène actuellement en Ukraine. Parallèlement, la Chine est soumise à une pression croissante exercée par la communauté internationale, sous l’égide des États-Unis, du fait de la menace permanente qu’elle fait peser sur la souveraineté de Taïwan et de ses pratiques déloyales dans le commerce international.

 Luo Ya, Pei Zhen ont participé à la rédaction de cet article.

Avec Reuters

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