La Chine et le Burkina Faso ont établi samedi des relations diplomatiques, trois jours après la rupture entre le pays ouest-africain et Taïwan, marquant une nouvelle victoire dans la campagne menée par Pékin pour isoler l’île rebelle. Cette annonce a été faite dans un communiqué conjoint signé à Pékin par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue burkinabè Alpha Barry.
« Il n’y a qu’une seule Chine dans le monde », a déclaré M. Wang à l’issue de la signature du communiqué. « Le gouvernement du Burkina Faso suit la tendance de l’époque et a pris la bonne décision politique ». Qualifiant la Chine de « plus importante économie du monde », M. Barry a dit espérer que le Burkina Faso tire profit de cette nouvelle relation.
La signature de ce communiqué était largement attendue après la rupture, annoncée jeudi par Ouagadougou, des relations entre le Burkina Faso et Taïwan, qui n’a cessé de perdre du terrain ces dernières années au profit de la Chine dans les pays en développement. Pékin ne cesse de renforcer sa présence en Afrique, désireux de garantir les approvisionnements de matières premières et sources d’énergies cruciaux pour la croissance de la deuxième économie du monde.
Depuis 2000, plusieurs pays africains dont le Tchad et le Sénégal, qui recevaient des aides de Taïwan, ont rompu leurs relations avec l’île afin de bénéficier de la coopération avec Pékin. La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a pour sa part fustigé le « comportement grossier » de la Chine depuis la rupture de Ouagadougou, accusant Pékin d’utiliser la « diplomatie du dollar » pour s’attirer des alliés.
« Nous ne tolérerons plus cela », a-t-elle dit alors que le Burkina est le quatrième pays à changer de camp depuis son élection il y a deux ans. Sa défection a d’ailleurs amené le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, à présenter sa démission cette semaine. Avec ses 14 millions d’habitants, le Burkina Faso était l’un des Etats africains le plus peuplé à résister encore aux sirènes de Pékin.
Leur coopération était essentiellement axée sur les secteurs de la santé, de l’hydraulique, de la riziculture, de l’éducation et de la formation professionnelle. Après cette rupture, le Swaziland reste le seul pays du continent à entretenir encore des relations diplomatiques avec Taïwan. « Nous espérons que ce pays rejoindra le plus vite possible la grande famille de l’amitié sino-africaine », a déclaré M. Wang après la signature du communiqué conjoint.
Aujourd’hui, seuls 18 Etats, parmi lesquels le Vatican et des nations du Pacifique et d’Amérique latine (Honduras, Guatemala ou Kiribati), reconnaissent l’île séparée de fait de la Chine communiste depuis 1949. Avant le Burkina Faso, la République dominicaine avait elle aussi annoncé sa rupture avec Taïwan le 1er mars. Taïwan s’était séparé en 1949 de la Chine continentale, gouvernée par le Parti communiste chinois, à l’issue d’une guerre civile entre communistes et nationalistes. Mais Pékin refuse de reconnaître sa souveraineté. Les relations diplomatiques entre Pékin et Taïwan se sont envenimées depuis l’arrivée de la présidente Tsai en 2016.
DC avec AFP
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