La déclaration de la loi martiale met en lumière le défi de l’infiltration communiste en Corée du Sud

L'infiltration du régime communiste chinois dans la politique et la culture coréennes est vaste, profonde et méconnue, selon les experts.

Par Eva Fu et Catherine Yang
6 décembre 2024 01:51 Mis à jour: 6 décembre 2024 03:13

La loi martiale décrétée par le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a de nouveau mis en lumière l’influence communiste dans le pays.

Pour la première fois en près de quarante ans, le dirigeant sud-coréen a invoqué la loi martiale en accusant le Parti démocrate, qui lui est opposé, de s’aligner sur la Corée du Nord communiste. Il a révoqué la loi martiale quelques heures plus tard, après que le Parlement a voté la levée de l’ordre.

« Je déclare la loi martiale pour protéger la République de Corée libre de la menace des forces communistes nord-coréennes, pour éradiquer les ignobles forces antiétatiques pro-nord-coréennes qui pillent la liberté et le bonheur de notre peuple, et pour protéger l’ordre constitutionnel libre », a déclaré M. Yoon lors d’un discours prononcé tard dans la nuit du 3 décembre.

Il a ajouté que l’opposition politique, qui domine l’Assemblée nationale, « paralyse le système judiciaire en intimidant les juges et en destituant un grand nombre de procureurs » et provoque également le dysfonctionnement d’autres secteurs du gouvernement.

La Corée du Nord est loin d’être le seul pays à exercer une influence communiste sur la péninsule coréenne.

La Chine, premier partenaire commercial de la Corée du Sud, exerce également une influence considérable.

Liens de l’opposition avec la Chine

Lee Jae-myung, chef du Parti démocrate d’opposition qui s’est comparé au sénateur populiste de gauche américain Bernie Sanders, a adopté une position amicale à l’égard du régime chinois, alors que Yoon Suk-yeol a tenté de rapprocher son pays d’autres États démocratiques et d’inverser la tendance à l’apaisement avec Pékin observée depuis des années.

Lors d’un meeting de sa campagne en mars, M. Lee a critiqué l’approche de M. Yoon à l’égard de la Chine et ses commentaires sur l’empiètement militaire du régime chinois sur Taïwan.

« Pourquoi provoquez-vous la Chine ? » a demandé M. Lee. « Qu’est-ce que la question de Taïwan a à voir avec la Corée du Sud ? »

Il y a deux semaines, M. Lee, l’ancien candidat à la présidence, a été reconnu coupable d’avoir violé la loi électorale et a été condamné à un an de prison avec sursis.

Lee Jae-myung (au c.), chef du Parti démocrate, principal parti d’opposition en Corée du Sud, quitte la salle de conférence de l’Assemblée nationale dans la capitale sud-coréenne Séoul, après que le président Yoon Suk-yeol a déclaré la loi martiale, le 4 décembre 2024. (Jung Yeon-je/AFP via Getty Images)

M. Lee a perdu l’élection de 2022 face à M. Yoon avec moins d’un point de pourcentage de différence en votes, ce qui en fait l’élection la plus serrée de l’histoire de la présidence sud-coréenne.

« C’est un problème très important dont nous devons être conscients », a souligné à Epoch Times Suzanne Scholte, présidente de la Defense Forum Foundation. « Une démocratie libérale comme la Corée du Sud a failli élire un candidat procommuniste lors des dernières élections. »

Cette préoccupation devient actuelle, car la popularité de M. Yoon s’est effondrée à la suite de sa déclaration de la loi martiale. Son propre parti politique a désavoué cette déclaration et a annoncé qu’il y « mettrait fin avec le peuple ».

Yoon Suk-yeol a déjà accepté la démission de Kim Yong-hyun, son ministre de la Défense, et a nommé à ce poste Choi Byung-hyuk, ambassadeur du pays en Arabie saoudite et ancien général de l’armée. Kim Yong-hyun a démissionné après que des rapports ont indiqué qu’il avait conseillé au président de déclarer la loi martiale le 3 décembre.

« Les jours politiques de M. Yoon sont probablement comptés, car la population sera unie dans ses critiques et le parti d’opposition majoritaire demandera la destitution de Yoon », a expliqué à Epoch Times Bruce Klingner, expert spécialisé dans les affaires coréennes.

Le 4 décembre, les partis d’opposition ont déposé un projet de loi demandant la destitution de Yoon Suk-yeol, estimant que sa déclaration de la loi martiale violait la Constitution.

Pendant la brève imposition de la loi martiale, M. Lee a appelé la population sud-coréenne à se rendre à l’Assemblée nationale pour protester contre le décret.

Son Parti démocrate a remporté une importante victoire législative lors des élections générales d’avril, obtenant 175 sièges sur 300, contre 108 pour le Pouvoir au peuple, le parti au pouvoir.

L’influence importante du régime chinois

La Corée du Sud est très dépendante de la Chine pour le commerce et les investissements – une relation qui a permis à l’État-parti chinois d’y influencer également d’autres secteurs, notamment la politique.

« L’économie, la culture, les universités, il n’y a aucun endroit qui n’ait pas été pénétré », a précisé à Epoch Times un ancien responsable du contre-espionnage américain qui a demandé à rester anonyme.

Les villes des deux pays ont signé près de 700 accords d’amitié ou de fraternité.

Des centaines de fonctionnaires chinois ont été envoyés travailler et se former en Corée du Sud dans le cadre d’un programme d’échange de fonctionnaires parrainé par l’État chinois. L’ambassade de Chine finance le séjour d’une semaine en Chine de jeunes Sud-Coréens ; elle leur remet des recueils de discours du dirigeant chinois Xi Jinping à lire avant leur départ et exprime son espoir qu’ils deviendront des leaders dans les futures relations bilatérales entre les deux pays.

Li Zhanshu (à g.), président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire chinoise, serre la main de Kim Jin-pyo, président de l’Assemblée nationale de Corée du Sud, lors d’une conférence de presse conjointe à l’Assemblée nationale à Séoul, en Corée du Sud, le 16 septembre 2022. (Kim Hong-ji/AFP via Getty Images)

En 2023, afin d’attirer les touristes chinois, le maire de la ville sud-coréenne de Gwangju a tenté de construire un parc en l’honneur du compositeur de l’hymne de l’Armée populaire de libération chinoise et d’un chant de marche pour la Corée du Nord.

La subversion du Parti communiste chinois en Corée n’est pas aussi bien connue que les menaces de la Corée du Nord, mais « elle est étendue et bien profonde », a déclaré à la chaîne de télévision NTD Tara O, auteure de The Collapse of North Korea (L’effondrement de la Corée du Nord). Elle a également fait remarquer que l’initiative de construction de ce parc était « très surprenante ».

« Ce n’est qu’un exemple de la guerre culturelle menée par la Chine », a-t-elle ajouté.

Des dizaines de médias sud-coréens diffusent des articles du journal Quotidien du Peuple, organe de propagande du régime chinois.

La Corée du Sud est également le pays qui compte le plus grand nombre d’instituts Confucius – un programme d’enseignement du chinois financé par l’État chinois et destiné en réalité à assurer la réalisation de la stratégie à long terme de Pékin.

Dans une précédente interview accordée à Epoch Times, Choi Soo-yong, un responsable à la retraite du Service national de renseignement, a indiqué qu’une salle à l’Université nationale de Séoul était consacrée à la collection d’ouvrages consacrés au dirigeant chinois Xi Jinping.

En revanche, l’université n’a pas de mémorial consacré aux fondateurs de la Corée du Sud.

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