« La dette va être effacée » : victime de violences conjugales, le bailleur HLM lui réclamait les 32.000 € de loyer de son ex-conjoint emprisonné

Par Emmanuelle Bourdy
15 octobre 2021 13:45 Mis à jour: 15 octobre 2021 13:45

Une Toulousaine était sommée de régler la somme de 32 000 €, correspondant aux loyers impayés de son ex-compagnon, alors même qu’elle avait demandé à être désolidarisée du bail en mars 2018. Victime de violences conjugales, la femme de 44 ans avait survécu aux 59 coups de couteau que lui avait infligé son ex-compagnon.

« La dette va être effacée pour madame », a finalement déclaré le bailleur HLM après avoir réclamé 32 000 € à une Toulousaine, mère de trois enfants et victime de violences conjugales. En décembre 2018, cette mère de famille avait effectivement été attaquée en pleine rue à Toulon par son ex-compagnon qui lui avait asséné 59 coups de couteau. Il purge actuellement sa peine de prison. « Bien qu’il soit incarcéré, il souhaite toutefois garder son logement. Nous aurions préféré le récupérer, mais on ne peut pas l’y obliger », a souligné le bailleur auprès de France Bleu. Toujours est-il que « la dette de loyers impayés va désormais reposer uniquement sur monsieur », a-t-il encore indiqué.

Un « énorme soulagement » pour la mère de famille

Batigère, le bailleur HLM, a avancé que la situation de cette femme était « quand même suffisamment grave et particulière pour qu’on agisse le plus rapidement possible ». Pour la mère de famille, cette nouvelle est un « énorme soulagement ». « Cette décision du bailleur va me permettre de voir enfin le bout du tunnel », a-t-elle indiqué, stipulant qu’elle avait pourtant envoyé une lettre recommandée à son bailleur en mars 2018, lui demandant d’être désolidarisée de ce bail.

Cependant, cette désolidarisation n’avait pas été enregistrée par le bailleur. Ceci s’explique par le fait que « Batigère a racheté en 2019 l’appartement qu’occupait le couple à CDC, un autre bailleur », explique Laurent Lett, directeur clientèle de ce bailleur. Or « la demande de désolidarisation a été envoyée à CDC et n’a semble-t-il pas été enregistrée car nous n’avons pas de trace de cette demande. Pour nous, madame était donc toujours solidaire du bail et des dettes », mentionne encore le directeur clientèle qui a promis de contacter la victime dans les jours qui viennent afin de « rattraper la situation et faire en sorte que cette personne ne nous doive plus rien ».

Les avocats de la victime, Laurie Franchitto et Laurent Gavarri, estiment quant à eux que c’est « un juste retour à la normale qui devrait aider [leur] cliente à se reconstruire ». Ils ont conclu : « On ne peut que se féliciter de l’attitude du bailleur. Mais cela ne doit pas occulter les efforts importants qu’il reste à faire dans l’accompagnement des victimes », ainsi que le rapporte France Bleu.


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