OPINIONS

La domination chinoise dans l’énergie solaire lance un défi au reste du monde

Créer des réseaux de confiance pour contrer le mensonge vert de la Chine et ses violations des droits de l'homme
août 31, 2022 12:58, Last Updated: septembre 1, 2022 20:54
By Keith Krach & Kelley E. Currie

L’évolution de l’énergie solaire permet de comprendre comment l’autoritarisme technologique de la Chine menace le monde. Cette alternative « propre » aux combustibles fossiles repose sur une technologie des plus modernes et relativement avancée. Elle constitue le parfait exemple de l’approche musclée du Parti communiste chinois (PCC) pour intimider les autres pays afin de dominer un secteur. De nombreux investisseurs restent volontairement aveugles aux tactiques hégémoniques de Pékin, à son recours aux travaux forcés. Ils choisissent de privilégier leurs portefeuilles « verts » en sacrifiant la sécurité énergétique et les droits de l’homme de l’Occident.

Voici la bonne nouvelle : les économies d’échelle ont permis une réduction des coûts qui, selon de nombreux spécialistes, devraient permettre à l’énergie solaire de couvrir 60% des besoins énergétiques mondiaux d’ici 2050. Cela aboutira à une réduction des émissions de gaz à effet de serre et contribuera grandement à lutter contre le changement climatique.

Voici la mauvaise nouvelle : la vérité dérangeante est que la fabrication de cellules solaires est un processus hautement énergivore qui nécessite par ailleurs une main‑d’œuvre importante. De grandes entreprises chinoises – dont plusieurs sont cotées en bourse aux États‑Unis – dominent l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement solaire et contrôlent presque toutes les étapes à 80‑90%.

Depuis 2017, le PCC a déployé tout un arsenal d’incitatifs pour que ces entreprises s’installent dans la région du Xinjiang. La région du Xinjiang abrite les deux plus grandes centrales électriques au charbon du monde, mais c’est surtout là qu’à lieu le génocide des Ouïghours. En d’autres termes, la région s’illustre par son recours généralisé aux travaux forcés dans lesquels l’énorme majorité des grandes entreprises solaires chinoises sont impliquées.

Les fabricants chinois ont délocalisé l’assemblage des panneaux et d’autres étapes ultérieures de la chaîne d’approvisionnement en Asie du Sud‑Est pour éviter les sanctions américaines. Il n’en reste pas moins que la Chine domine la production de polysilicium (au tout début de la chaîne d’approvisionnement mondiale du solaire photovoltaïque). La centralisation de la production de polysilicium au Xinjiang signifie que le travail forcé à de beaux jours devant lui.

D’autre part, il y a toujours plus de preuves que la production d’aluminium en Chine implique également le travail forcé. Ce n’est pas un point de détail dans la mesure où l’aluminium est indispensable pour fabriquer une très large gamme de produits (y compris les panneaux solaires).

Au cours de la dernière décennie, la part de la Chine dans la production mondiale de polysilicium est passée de 26% à 82%. La part des États‑Unis a chuté de 35% à 5%. Cette évolution ne tient en aucun cas de contingences fortuites. Le régime chinois a injecté d’énormes subventions dans la production solaire et a largement pratiqué l’arbitrage réglementaire. Il a ainsi évincé ses rivaux aux dépens de la protection des travailleurs et de l’environnement de production.

De nombreux investisseurs occidentaux ont sans le vouloir été complices du financement de la volonté de la Chine de dominer le marché. BlackRock et d’autres investisseurs institutionnels se sont fait les champions de l’inclusion des entreprises solaires chinoises dans les portefeuilles ESG lucratifs (environnement, société et gouvernance d’entreprise). Elles donnent la priorité aux considérations environnementales au détriment des droits humains.

Faire face à l’intimidation

Les Américains l’ont récemment constaté à la pompe, l’énergie est une question de sécurité nationale. S’il n’y a pas de riposte ferme, les États‑Unis seront à la merci de la Chine pour leurs besoins énergétiques, tout comme l’Allemagne s’est retrouvée à la merci de la Russie.

Pékin a l’habitude de se frayer un chemin jusqu’au sommet des industries en suivant certains « principes en matière de pouvoir ». Les « principes de pouvoir » chinois reposent sur une ambivalence. D’abord, le régime attire des collaborateurs en présentant des avantages financiers qui défient toute concurrence, ensuite, il déploie tout un arsenal de contraintes : la duplicité, l’intimidation, les représailles, l’oppression intérieure, la coercition économique, de graves violations des droits de l’homme, etc.

Heureusement, comme le démontre l’histoire récente de la riposte 5G, le PCC a tout de même une faille : on ne lui fait absolument pas confiance.

Pour contrer les prédateurs autoritaires, comme le PCC, le département d’État américain a développé la « doctrine de la confiance ». Celle‑ci est ancrée dans les valeurs démocratiques de l’État de droit, des droits de l’homme, de la déontologie et du respect de l’environnement. Le déploiement de la « doctrine de la confiance » vise à renverser le jeu du PCC en favorisant une collaboration exclusive avec des entités dont on peut être sûr qu’elles respectent les règles.

En moins d’un an, le Clean Network Alliance of Democracies, a réussi à réunir 60 pays représentant les deux tiers du PIB mondial, 200 sociétés de télécommunications et des dizaines d’entreprises de premier plan qui se sont engagés à ne faire appel qu’à des fournisseurs 5G de confiance. L’ancien secrétaire à la Défense Leon Panetta a observé que cette alliance basée sur la confiance a été l’occasion de créer un modèle durable et reproductible dans tous les domaines de la concurrence techno‑économique.

Un modèle de coopération diplomatique et économique

Le même modèle basé sur la confiance qui a permis de contrecarrer l’hégémonie de la Chine dans le domaine du sans‑fil peut prévenir son emprise sur la production solaire mondiale.

Tout comme les pays et les entreprises partageant les mêmes idées se sont mobilisés pour exclure les acteurs malveillants des réseaux sans fil, la « doctrine de la confiance » peut être appliquée aux normes ESG (environnementales, sociales et de gouvernance).

Par exemple, nous devrions exclure les entreprises domiciliées en Chine des fonds désignés ESG.

Nous devrions exhorter la Securities and Exchange Commission (SEC) de classer les entreprises domiciliées en Chine dans la catégorie « risque important ».

Nous devrions valoriser nos régimes de sanctions existants. Les entreprises impliquées dans des violations des droits de l’homme ou des menaces pour la sécurité nationale ne devraient plus avoir la porte grande ouverte aux marchés financiers américains.

Les démocraties du monde, les États‑Unis en tête, ont le devoir moral d’arrêter un tyran dans son élan. Elles en ont la capacité économique.

Désormais, nous avons un modèle pour le faire. Les alliances construites autour de valeurs communes – fondamentales dans ce que l’on appelle aujourd’hui la « diplomatie technologique » – sont indispensables. Il s’agit de notre intérêt économique et notre orientation morale. Nous devons construire un monde libre et juste.

Keith Krach, contributeur d’Epoch Times, a été sous-secrétaire d’État pour la Croissance économique, de l’énergie et de l’environnement. Il est actuellement président du think tank CTPD (Center Institute for Tech Diplomacy). Il a été président et PDG de DocuSign et d’Ariba et président du conseil d’administration de Purdue. Enfin, il a été nommé pour le prix Nobel de la paix en 2022.

Kelley E. Currie est conseillère principale au Center Institute for Tech Diplomacy. Elle a récemment occupé le poste d’ambassadrice itinérante des États‑Unis pour les questions relatives aux femmes dans le monde. Elle a dirigé l’Office of Global Criminal Justice du département d’État. Elle été représentante des États‑Unis au Conseil économique et social des Nations unies et représentante suppléante à l’Assemblée générale des Nations unies.

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