L’adhésion de la Finlande à l’Otan ajoute une armée puissante aux forces de l’Alliance et une des pièces manquantes au puzzle de la défense de son flanc oriental, vulnérable en cas d’attaque russe, selon plusieurs analystes et responsables militaires.
Lorsque le président russe Vladimir Poutine a lancé l’invasion de Ukraine, Moscou a justifié son action en accusant l’Otan de chercher à empiéter sur son territoire.
Treize mois plus tard, l’adhésion de la Finlande signifie que l’Alliance défensive dirigée par les États-Unis double sa frontière avec la Russie et bouscule la donne militaire de la Baltique à l’Arctique. Le puzzle sera complet lorsque la Suède, qui a demandé à adhérer en même temps que la Finlande, rejoindra à son tour l’Alliance.
« Maintenant, la Finlande a besoin de l’Otan, mais l’Otan a aussi besoin de la Finlande face à une Russie agressive », souligne Jamie Shea, un ancien haut responsable de l’Otan devenu chercheur associé au groupe de réflexion Chatham House. « La défense collective contre la Russie sera plus facile maintenant avec l’accès au territoire finlandais et aux capacités apportées par la Finlande », ajoute-t-il. L’Alliance cherche depuis des années à protéger ses trois alliés baltes – Estonie, Lettonie et Lituanie – contre une éventuelle attaque de la Russie.
L’inquiétude sur le corridor de Suwalki
L’inquiétude s’est concentrée sur le corridor de Suwalki, une bande de 65 kilomètres entre l’enclave russe de Kaliningrad et le Bélarus. Une attaque sur ce corridor couperait les pays baltes de la Pologne et du reste de leurs alliés de l’Otan. Avec Helsinki à moins de 70 kilomètres de la capitale estonienne Tallinn, de l’autre côté de la Baltique, une nouvelle route est ouverte pour acheminer rapidement des renforts.
« L’adhésion de la Finlande renforcera la défense avancée de l’Otan et contribuera à la dissuasion », a déclaré à l’AFP le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur. « Mais l’inquiétude sur Suwalki demeure, car le Bélarus est devenue de facto le district militaire de la Russie », a-t-il insisté en plaidant pour un renforcement des plans de défense pour les pays baltes.
Plus au nord, la Finlande aidera l’Alliance à défendre une mince bande de territoire norvégien frontalière avec la Russie dans la presqu’île de Kola, souligne pour sa part l’analyste Jan Kallberg, du European Policy Analysis. Et alors que les luttes pour le contrôle de la région arctique entre la Russie, la Chine et l’Occident augmentent, renforcer la position de l’Otan dans cette région sera un atout. Mais l’ajout de 1300 kilomètres supplémentaires de frontière terrestre avec la Russie implique inévitablement des vulnérabilités et assurer sa défense est un défi posé aux stratèges de l’Otan.
« Un des rares pays européens qui n’a jamais cessé de se préparer à une guerre potentielle »,
Le Kremlin s’est engagé à renforcer ses forces près de la frontière dans les années à venir. Mais il faudra des années à Moscou pour reconstituer les capacités détruites en Ukraine, estiment les analystes. Selon eux, pour éviter de provoquer Moscou, la Finlande devrait suivre l’exemple de la Norvège voisine et ne pas laisser stationner des forces de l’Otan en permanence sur son territoire.
L’armée finlandaise est bien préparée au combat et a l’expérience des conditions climatiques extrêmes. « La Finlande est l’un des rares pays européens qui n’a jamais cessé de se préparer à une guerre potentielle », rappelle Minna Alander, chercheuse à l’Institut finlandais des affaires internationales. Alors que d’autres armées d’Europe occidentale ont réduit leurs effectifs après la guerre froide, la Finlande s’en est tenue à un modèle de conscription conçu après l’invasion menée par l’Union soviétique en 1939. « Cela donne maintenant à la Finlande la capacité de mobiliser 280.000 militaires en temps de guerre et de compter avec une réserve totale de 870.000 soldats », souligne Minna Alander. « Avec 1500 pièces, la Finlande possède en outre l’une des plus grandes artilleries d’Europe et elle continue d’investir dans la défense aérienne avec le nouveau chasseur américain F-35 ».
L’adhésion imminente de la Finlande met en évidence l’absence de la Suède, dont l’adhésion est bloquée par la Turquie et la Hongrie. Mais le simple fait que la Finlande intègre l’Alliance atlantique « renforcera la Suède, car elle sera désormais entourée par des membres de l’Otan », rappelle Jamie Shea.
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