En décembre 2017, quelques mois après l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, nous faisions le constat que 10 de ses 12 conseillers les plus proches – sa « garde rapprochée » – étaient socialistes.
Cinq ans après, qu’en est-il ? Si l’on prend les toujours 12 conseillers qui forment le noyau dur du cabinet du président de la République, trois sont encore présents :
– Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, a été directeur adjoint du cabinet de Pierre Moscovici et directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy. Lors de ses études à Sciences Po, il militait chez les jeunes rocardiens ;
– Patrick Strzoda, directeur de cabinet du président, a été directeur de cabinet de Bernard Cazeneuve au ministère de l’Intérieur, puis à Matignon ;
– Bruno Roger-Petit, conseiller mémoire (porte-parole lors de la précédente mandature), ex-journaliste, fut membre du PS et conseiller politique d’Arnaud Montebourg. Il a tenté à plusieurs reprises d’être investi par le PS, notamment pour les élections législatives de 2007.
Les neuf autres n’étaient pas présents il y a cinq ans, même s’ils ont pu rejoindre l’entourage du président dans le courant de son premier mandat :
– Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique et sherpa des G7 et G20, est un diplomate de carrière qui a rejoint le cabinet de François Hollande en 2012 ;
– Pierre-André Imbert, secrétaire général adjoint, a commencé à militer au Mouvement des jeunes socialistes à l’âge de 17 ans, puis rejoint le mouvement de Jean-Pierre Chevènement (où il rencontra Clémentine Autain). Il a été conseiller d’Henri Emmanuelli lorsque celui-ci était président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. En 2012, il est dans l’équipe de Michel sapin, ministre du Travail, puis dans celles de François Rebsamen et Myriam El Khomri au même ministère. Il s’implique ensuite dans la campagne d’Emmanuel Macron qui en fera son conseiller social en 2017, puis son secrétaire général adjoint en 2020 ;
– Yannick Desbois, directeur adjoint de cabinet, est un officier de l’armée de l’Air et de l’Espace, sans attaches politiques connues ;
– Brice Blondel, chef de cabinet, était préfet avant de rejoindre l’Élysée en 2020. Il a été auparavant directeur adjoint de cabinet d’Annick Girardin, ministre des Outre-mer d’Emmanuel Macron (après avoir été dans les gouvernements Valls et Cazeneuve sous Hollande) ;
– Sibylle Samoyault, cheffe de cabinet adjointe, architecte de formation, devenue fonctionnaire puis préfète, n’a pas non plus d’accointances politiques connues ;
– Vincent Caure, également chef de cabinet adjoint, est un « bébé Macron », puisqu’il a été coordinateur des référents locaux du mouvement En Marche lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2017, dès sa sortie de l’École des Affaires publiques de Sciences Po Paris. Il sera ensuite chargé de mission en charge des réseaux sociaux à l’Élysée, directeur de cabinet de Gilles Le Gendre, président du groupe La République en Marche à l’Assemblée nationale, puis conseiller spécial du secrétaire d’État chargé des transports Jean-Baptiste Djebbari. En 2022, il a été chef de cabinet adjoint dans l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle ;
– Tristan Bromet, qui porte le simple titre de conseiller, est en réalité le chef de cabinet de Brigitte Macron depuis 2017. Auparavant, il a passé 7 ans à la mairie de Paris, notamment comme responsable des relations publiques et conseiller au cabinet d’Anne Hidalgo ;
– David Djaïz, conseiller en charge du Conseil national de la refondation, est un haut fonctionnaire qui s’est engagé en 2011 auprès d’Arnaud Montebourg et a été membre de La Gauche populaire, un mouvement proche du parti socialiste ;
– Claire Le Deuff, conseillère technique auprès du secrétaire général, a intégré l’écurie présidentielle après un stage auprès du conseiller en stratégie, prospective et discours du ministre de l’Intérieur en 2017. Elle sera ensuite collaboratrice d’un député de la majorité présidentielle, occupera divers postes au parti En Marche avant d’être conseillère auprès du ministre chargé des Transports en 2020 et 2021. Elle prendra ensuite part à la campagne électorale de 2022 avant d’intégrer l’Élysée.
Le cabinet d’Emmanuel Macron compte 39 autres membres dont il serait fastidieux de décliner le pedigree. En tout cas, sur les 12 conseillers principaux du président, 8 sont issus de la gauche et ont notamment sévi sous les précédents gouvernements socialistes (Blondel, Bonne, Bromet, Djaïz, Imbert, Kohler, Roger-Petit, Strzoda). Les 4 autres (Caure, Desbois, Le Deuff et Samoyault) n’ont pas eu d’engagement politique affirmé avant de rejoindre les équipes présidentielles. On peut dire que ce sont avant tout des macroniens, et donc, à notre sens, des socialistes.
On notera par ailleurs que le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance, Stéphane Séjourné, est un ancien membre du cabinet présidentiel et qu’il a travaillé au cabinet de Jean-Paul Huchon, le président PS de la région Ile-de-France, avant d’être conseiller parlementaire d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie et des Finances.
Évoquons également le cas d’Elisabeth Borne, la Première ministre, qui a été dès le début des années 1990 conseillère au ministère de l’Éducation nationale auprès de Lionel Jospin puis de Jack Lang. Une fois à Matignon, Jospin en fera une de ses conseillères. Après un passage à la SNCF, elle sera recrutée par Bertrand Delanoë à la mairie de Paris pour être directrice générale de l’urbanisme. De 2014 à 2015, elle est directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie. En 2017, après être passée par la RATP, elle intégrera le gouvernement d’Edouard Philippe.
Enfin, autre personnalité clé du pouvoir, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Après avoir toujours voté PS comme elle l’a elle-même déclaré – elle a été trésorière de la section du Parti socialiste à Tokyo où elle était expatriée dans les années 2000 –, elle a rejoint le parti d’Emmanuel Macron en 2016, et se fera élire députée des Yvelines en 2017. Elle sera présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale entre 2017 et 2022.
Le quotidien Libération titrait le 27 octobre 2022, « Macron est de droite, il n’y a que la droite qui ne le sait pas ». A vrai dire, nous étions plus convaincus par l’article du 24 février 2017 du même journal qui affirmait qu’Emmanuel Macron s’inscrivait « dans la continuité plus que dans la rupture avec le quinquennat de François Hollande ».
Ce qui est certain en tout cas, c’est que Macron n’est pas libéral comme nous nous efforçons de le démonter chaque jour.
Article écrit par Philbert Carbon. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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