La rédaction du JDD a massivement reconduit samedi sa grève contre l’arrivée à sa tête de Geoffroy Lejeune (ex-Valeurs Actuelles), la prolongeant jusqu’à mardi, ce qui lui fera dépasser la durée du mouvement de 31 jours mené par les journalistes d’i-Télé en 2016, a indiqué la Société des journalistes (SDJ) dans un communiqué.
La poursuite de cette grève, débutée le 22 juin, a été approuvée par 98% des votants (98 pour, 2 contre, 4 qui ne se prononcent pas), selon la SDJ. L’hebdomadaire ne paraîtra pas dimanche pour la 5ème semaine d’affilée, avait indiqué vendredi à l’AFP une journaliste du JDD. Le mouvement en cours est inédit dans l’histoire du journal fondé en 1948 : sa précédente grève, en 2016, n’avait touché qu’un seul dimanche.
La rédaction a cessé le travail pour contester l’arrivée de Geoffroy Lejeune, marqué à l’extrême droite, et réclamer des garanties d’indépendance juridique et éditoriale.
Beaucoup d’observateurs voient dans la nomination de M. Lejeune la main du milliardaire Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi doit avaler Lagardère, propriétaire du JDD, de Paris Match et d’Europe 1, après une offre publique d’achat réussie.
La situation du JDD rappelle ainsi les grèves d’Europe 1 en 2021 et d’i-Télé (devenu CNews, propriété de Vivendi) en 2016, conclues à chaque fois par des départs massifs. De quoi remettre à l’agenda politique la question de l’indépendance des médias.
500.000 euros de pertes à chaque non-parution
Des députés de huit groupes politiques (hors RN et LR) ont notamment présenté mercredi une proposition de loi sur le sujet, tandis que l’Élysée a officialisé le lancement en septembre d’États généraux de l’information, attendus depuis un an.
Le coût de la grève pèse déjà lourd pour le JDD : chaque non-parution du journal entraînerait 500.000 euros de pertes, d’après un chiffre dévoilé par le quotidien Le Monde et évoqué par « un membre de la régie publicitaire en tout début de mobilisation », a dit vendredi à l’AFP le journaliste du JDD, Guillaume Caire.
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