La justice administrative a suspendu jeudi la décision du préfet de l’Aube interdisant à la propriétaire de Rillette de garder ce sanglier qu’elle avait recueilli à l’état sauvage en 2023, selon l’ordonnance du tribunal dont l’AFP a obtenu copie.
Élodie Cappé, à la tête d’une écurie privée près de Chaource, au sud de Troyes, a recueilli et adopté ce marcassin femelle qui s’était réfugié sur sa propriété. Rillette est aujourd’hui une adulte de 100 kg habituée aux humains.
Mais les tentatives de Mme Cappé pour régulariser la situation de la laie auprès des services préfectoraux en vue de garder légalement l’animal ont toutes échoué jusqu’à présent.
Sa troisième demande avait été rejetée fin novembre, ce qu’elle contestait devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
La préfecture arguait que seuls les animaux provenant d’un élevage d’origine connue peuvent prétendre à une autorisation de détention par un particulier.
Une demande réexaminée
Mais dans son ordonnance, le juge des référés de Châlons a estimé que le régime applicable à la détention des animaux non domestiques n’exige « à aucun moment que ceux-ci soient nés et élevés en captivité ».
Et même si la capture de sangliers vivants dans la nature est en principe interdite, le préfet a toujours la possibilité de l’autoriser, a relevé le juge.
C’est pourquoi il a ordonné au préfet de l’Aube de réexaminer la demande de Mme Cappé dans un délai d’un mois.
« Nous sommes très heureux » a réagi Mme Cappé auprès de l’AFP, espérant que la préfecture va « enfin m’octroyer le droit de garder Rillette ».
Pour son avocat Karl Burger, Mme Cappé remplit toutes les conditions sur les règles de détention d’animaux d’espèces non domestiques: « Rillette est vaccinée et stérilisée. Elle vit dans un enclos sécurisé par rapport aux tiers et aux animaux sauvages. Dans son enclos, elle a tout le confort ».
La laie bénéficie dans son domaine d’un vaste enclos aménagé pour elle, avec des clôtures électriques, avait expliqué à l’AFP Mme Cappé en décembre, assurant aller au-delà des normes requises pour accueillir un sanglier d’élevage.
L’affaire obtient un soutien populaire
En juillet 2023, le préfet de l’Aube avait indiqué à Elodie Cappé que pour éviter l’euthanasie de sa laie, elle devait la placer dans un centre spécialisé.
La justice avait alors exigé de confier la laie à une dresseuse pour le cinéma, comme mentionné dans cet article. Une solution que la jeune éleveuse avait jugé inacceptable et que les associations de défense d’animaux ont estimé scandaleuse.
L’affaire connaît un fort écho populaire et médiatique depuis plusieurs semaines. Samedi dernier, une marche de soutien à Rillette a réuni à Chaource près de 500 personnes, dont les chroniqueurs de C8 Yann Moix et Eric Naulleau, a rapporté l’Est éclair.
En décembre, Brigitte Bardot avait aussi publiquement apporté son soutien à Mme Cappé, comme la Fondation 30 Millions d’Amis.
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