Le Chili est sorti vainqueur lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ) d’un âpre conflit frontalier vieux de plus d’un siècle avec la Bolivie, qui cherche désespérément à retrouver un accès souverain à l’océan Pacifique. La plus haute juridiction de l’ONU a estimé dans un arrêt que le Chili ne pouvait pas être tenu de négocier avec son voisin bolivien, enclavé à l’issue d’une guerre de quatre ans contre le Chili en 1883.
Le Chili n’est pas juridiquement obligée à négocier un accès souverain avec la Bolivie
Après plus d’un siècle de négociations infructueuses avec Santiago, La Paz a déposé une plainte auprès de la CIJ en 2013, clamant que le Chili s’était toujours engagé envers La Paz à mettre fin à l’enclavement du pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud. « La Cour, par 12 voix contre 3, a constaté que la République du Chili ne s’est pas juridiquement obligée à négocier un accès souverain avec la Bolivie », a déclaré Abdulqawi Ahmed Yusuf, juge président de la Cour basée à La Haye.
Le président bolivien Evo Morales a affirmé qu’il n’abandonnera pas d’avoir un accès souverain à la mer
Santiago a toujours affirmé que la frontière est basée sur un traité de paix signé avec la Bolivie en 1904 au lendemain de la guerre du Pacifique (1879-1883). Le juge Yusuf a cependant déclaré avoir l’espoir qu’« avec la volonté des deux parties, des négociations sérieuses pourraient être engagées ».
Un souhait qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd: le président bolivien Evo Morales était présent à l’audience. Quelques instants après la lecture de l’arrêt, il a brièvement pris la parole pour affirmer que son pays n’abandonnerait jamais sa revendication de retrouver un accès souverain à la mer. « La Bolivie ne renoncera jamais », a-t-il lancé, soulignant l’appel des juges à poursuivre malgré tout le dialogue entre Santiago et La Paz.
La Bolivie possédait autrefois 400 kilomètres de littoral
La décision des juges est un coup dur pour la Bolivie, qui possédait autrefois 400 kilomètres de littoral le long du désert d’Atacama. La Paz affirme que la croissance annuelle du PIB serait supérieure d’au moins 20% si le pays n’avait pas été privé d’un accès à la mer. La décision de la CIJ a une importante portée politique pour les deux pays. La présence de M. Morales aux audiences pourrait être vue comme un acte politique dans ses aspirations à se présenter pour la quatrième fois à l’élection présidentielle en Bolivie l’année prochaine.
« La Cour a rendu justice et a remis les choses à leur place, en statuant de manière claire et catégorique que le Chili n’a jamais eu aucune obligation de négocier un accès à la mer », a déclaré le président chilien Sebastian Piñera sitôt la décision connue.
Un grand jour pour le droit international
« Aujourd’hui, c’est un grand jour pour le Chili mais aussi pour le droit international, pour le respect des traités internationaux et pour la cohabitation saine et pacifique entre les pays », a-t-il ajouté, applaudi par un parterre de fonctionnaires chiliens qui agitaient des drapeaux nationaux.
Pendant ce temps, les drapeaux boliviens brandis par des militants de La Paz étaient en berne devant la CIJ. « Nous sommes tristes. Nous avons besoin de cet accès à la mer pour exporter et importer nos marchandises », a déclaré à l’AFP Gabriella Telleria, 50 ans. Autour d’elle, un petit groupe de manifestants pro-boliviens, munis de tambours et de flûte de pans, scandait: « la lutte continue! ».
D.C avec AFP
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