La NASA estime que le Boeing Starliner n’est pas suffisamment fiable pour permettre le retour des astronautes

Les deux membres de l'équipage resteront à bord de la Station spatiale internationale jusqu'à leur retour à bord d'un vaisseau SpaceX en février 2025

Par Jacob Burg
26 août 2024 21:12 Mis à jour: 27 août 2024 19:26

Après des mois d’incertitude quant à la capacité du nouveau vaisseau spatial Starliner de Boeing à ramener en toute sécurité ses deux astronautes depuis la Station spatiale internationale (ISS), la NASA a décidé, le 24 août, de renvoyer le Starliner sur Terre sans équipage.

Les deux astronautes, Barry « Butch » Wilmore et Sunita « Suni » Williams, reviendront à bord du vaisseau Dragon Crew-9 de SpaceX en février 2025.

L’administrateur de la NASA, Bill Nelson, a déclaré lors d’une conférence de presse samedi que la décision conjointe de Boeing et de la NASA avait été prise dans le contexte des « erreurs commises dans le passé » lorsque les navettes spatiales Challenger et Columbia ont été perdues, entraînant la mort de tous les membres de leur équipage.

« Le vol spatial est risqué, même lorsqu’il est le plus sûr, et même lorsqu’il relève de la routine. Et un vol d’essai n’est par nature ni sûr ni routinier », a déclaré M. Nelson.

« La décision de garder Butch et Suni à bord de la station spatiale internationale et de ramener le Boeing Starliner sans équipage est donc le résultat d’un engagement pour la sécurité. »

Starliner a été lancé depuis la station spatiale Kennedy en Floride le 5 juin, après avoir été retardé de quatre semaines en raison de fuites dans son système de propulsion à l’hélium. Le vaisseau spatial a continué à fuir après le décollage, entraînant la défaillance de plusieurs propulseurs avant son amarrage à l’ISS le 6 juin.

La NASA et Boeing ont déclaré à l’époque que les fuites étaient probablement imputables à un joint en caoutchouc défectueux situé dans les réservoirs d’hélium du Starliner. Après avoir poursuivi des essais thermiques à White Sands, la NASA a constaté un gonflement du téflon sur les propulseurs.

En raison de l’incertitude entourant les défaillances mécaniques, la NASA craignait que les propulseurs, nécessaires pour diriger le Starliner pendant son orbite et sa séquence d’atterrissage, ne tombent en panne lors de la sortie d’orbite ou après, ou de sa rentrée dans l’atmosphère.

Les astronautes ne devaient rester à bord de l’ISS qu’un peu plus d’une semaine. À leur retour en février 2025, ils auront passé plus de huit mois à bord de la station spatiale.

« Des incertitudes subsistent dans notre compréhension des phénomènes physiques qui se produisent dans les propulseurs, et nous avons encore du travail à faire », a déclaré à la presse le 24 août, Jim Free, administrateur associé de la NASA.

Le retour des astronautes à bord du Dragon de SpaceX, et non du Starliner, « n’a pas été une décision facile, mais c’est absolument la bonne », a ajouté M. Free.

Ken Bowersox, administrateur associé de la NASA pour les opérations spatiales, a déclaré que la décision prise samedi faisait suite à la première partie d’un examen de l’état de préparation du vol au cours duquel la NASA a interrogé les organisations concernées qui ont toutes convenu à l’unanimité de renvoyer le Starliner sans son équipage et de renvoyer les astronautes chez eux à bord du vaisseau Crew-9 de SpaceX.

La NASA effectuera la deuxième partie de son examen de l’état de préparation le 28 ou le 29 août, a précisé M. Bowersox.

Steve Stich, responsable du programme Commercial Crew de la NASA, a déclaré que les données d’essai recueillies au cours de l’été ont montré « très clairement que la meilleure solution était de renvoyer Starliner sans équipage ».

« L’essentiel, en ce qui concerne le retour de Starliner, c’est que […] les incertitudes liées au fonctionnement des propulseurs étaient tout simplement trop importantes », a indiqué M. Stich.

« Si nous avions disposé d’un modèle, si nous avions pu prédire avec précision ce que les propulseurs feraient lors du désamarrage et tout au long de la séquence de sortie d’orbite et de séparation, je pense que nous aurions agi différemment. »

Dana Weigel, responsable du programme de l’ISS, a déclaré que Crew-9 serait lancé au plus tôt le 24 septembre avec des sièges supplémentaires pour Wilmore et Williams, qui ont mené des dizaines d’expériences pendant près de 100 heures à bord de la station spatiale depuis le 6 juin.

Les combinaisons spatiales ont toutefois posé problème, car celles conçues par Boeing pour le Starliner sont incompatibles avec le vaisseau Dragon de SpaceX, a fait savoir Steven Siceloff, de la NASA, à Epoch Times le 23 août.

« Ce programme est élaboré pour permettre aux entreprises de concevoir leurs propres systèmes », a déclaré M. Siceloff.

Williams et Wilmore porteront des combinaisons spatiales Dragon à leur retour.

Samedi, M. Stich a informé l’ISS qu’une combinaison Dragon supplémentaire, qui convient déjà à l’un des membres d’équipage du Starliner, se trouve actuellement à bord de l’ISS.

Lorsqu’on lui a demandé s’il était convaincu que le Starliner permettrait à l’avenir de mener à bien des missions avec équipage, M. Nelson a répondu qu’il en était sûr à « 100 % » grâce à « la volonté de Boeing de mener à bien ce programme ».

Il a ajouté que les catastrophes de Challenger et Columbia ont influencé la décision de la NASA samedi.

« Il s’agit de renverser la logique qui a conduit à la perte de Challenger, puis à celle de Columbia, où des erreurs manifestes n’ont pas été signalées », a déclaré M. Nelson, ajoutant que la NASA encourage désormais tous les ingénieurs et le personnel au sol à faire part de leurs préoccupations concernant les plans de vol, qui avaient été ignorées avant le lancement de Challenger, en 1986.

« Depuis, la NASA s’est efforcée d’instaurer un climat qui encourage les gens à se manifester et à exprimer leur point de vue. Et je pense que cette journée en est un bon exemple », a poursuivi M. Nelson.

Le succès du Starliner dans les missions avec équipage est essentiel pour le programme Commercial Crew (Programme d’équipage commercial) de la NASA, qui a été lancé pour remplacer les navettes spatiales mises hors service.

La NASA a accordé à Boeing et à SpaceX respectivement 4,2 milliards et 2,6 milliards de dollars pour développer des vaisseaux spatiaux capables de transporter des astronautes en orbite. SpaceX connaît le succès avec sa capsule Dragon depuis 2020, tandis que Boeing éprouve des difficultés avec son Starliner.

Le premier vol sans équipage de l’engin en 2019 n’a pas permis d’atteindre l’ISS, mais un vol ultérieur en 2022 a finalement permis de s’amarrer à la station spatiale.

L’investissement de Boeing dans le Starliner a dépassé 1,6 milliard de dollars depuis 2016.

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