La justice néo-zélandaise s’est opposée mardi à la remise aux autorités chinoises d’un homme recherché pour homicide en invoquant le risque qu’il soit torturé, une décision rendue au moment où le débat sur les extraditions vers la Chine enflamme Hong Kong.
La Cour d’appel a bloqué la décision du gouvernement d’extrader en Chine Kyung Kim, un résident néo-zélandais originaire de Corée du Sud, en expliquant que la Nouvelle-Zélande violerait ses obligations internationales si elle le faisait.
« C’est un jugement d’une très grande importance pour les droits de l’Homme et qui aura un écho dans tous les pays de la Common law », le système juridique hérité du droit anglais qui a cours dans de nombreux pays et territoires, notamment à Hong Kong, a expliqué l’avocat de Kyung Kim, Tony Ellis.
L’arrêt de la Cour d’appel critique très sévèrement l’état du système judiciaire chinois, alors que Hong Kong vient de connaître ses plus importantes manifestations depuis sa rétrocession en 1997 en raison d’un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Kyung Kim, qui vit en Nouvelle-Zélande depuis 30 ans, est accusé d’avoir tué en 2009 à Shanghaï une Chinoise de 20 ans.
Il avait été arrêté en Nouvelle-Zélande en 2011 et Pékin avait demandé son extradition après avoir assuré qu’il ne risquerait pas la peine de mort s’il était condamné. A l’issue d’un long processus, Wellington a pris en 2015 la décision d’autoriser cette extradition vers la Chine, qui aurait été une première. Mais la procédure a été bloquée par la Cour d’appel qui a ordonné au gouvernement d’examiner à nouveau la requête.
Les trois juges ont reconnu que la République populaire de Chine « est en train de s’éloigner de la torture », mais ils n’ont pas accordé beaucoup de crédit aux affirmations de Pékin selon lesquelles le suspect aurait droit à un procès équitable.
« La torture demeure répandue et les aveux obtenus grâce à la torture sont souvent acceptés comme preuves », peut-on notamment lire dans l’arrêt. La Cour justifie en outre son refus par les ingérences politiques dans le système judiciaire chinois et le harcèlement des avocats de la défense.
Le dossier de M. Kim, qui est en liberté sous caution après avoir passé cinq ans derrière les barreaux, va être renvoyé au ministre de la Justice Andrew Little. Mais à en croire M. Ellis, il y a désormais peu de risque que l’extradition soit décidée.
D.C avec AFP
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