Au niveau mondial, la mise au rebut de produits électriques et électroniques (e-waste) a été cinq fois plus grande que le recyclage de ces produits, soulevant d’importants enjeux environnementaux et économiques, selon le Global E-waste Monitor (ndlt, Observatoire mondial des déchets électroniques) des Nations unies.
Les « e-waste » sont des articles domestiques ou professionnels contenant des circuits [électroniques], des composants électriques, des blocs d’alimentation ou des piles, qui ont été mis au rebut, selon les Nations unies. Suivant les différentes régions du monde, ils peuvent également être appelés déchets électriques ou électroniques.
Environ un tiers des e-waste provient de petits appareils tels que les jouets, les aspirateurs et les appareils photo. Parmi les autres exemples de ces items figurent les téléphones cellulaires, les ordinateurs portables, les écrans, les moniteurs, les téléviseurs et les réfrigérateurs.
Dans un nouveau rapport du 20 mars du Global E-waste Monitor des Nations unies, les e-waste sont décrits comme la catégorie de déchets la plus complexe [à gérer] et dont la croissance est la plus rapide au monde, impactant l’environnement et la santé humaine, et contribuant rapidement au gaspillage de matières premières précieuses.
Selon le rapport, 68 millions de tonnes de déchets électroniques et électriques ont été produites dans le monde en 2022. Or, seulement 15,4 millions de tonnes ont été recyclées. En 2022, au moins 34 millions de tonnes de métaux précieux se trouvaient également dans les déchets électroniques. S’ils avaient été extraits et réutilisés, les auteurs du rapport affirment qu’ils vaudraient environ 91 milliards de dollars (83,8 milliards d’euros), déduction faite des coûts de récupération.
Les métaux courants tels que le cuivre et le fer peuvent être recyclés efficacement et dans des proportions élevées. En revanche, les métaux précieux tels que l’or, le cobalt, le lithium et le néodyme sont souvent négligés. Selon l’auteure principale du rapport, Kees Baldé, les données montrent que l’augmentation des déchets électroniques doit rapidement être pris en compte.
« Le recyclage des déchets électroniques ne couvre pas plus de 1 % de la demande en éléments essentiels issus des terres rares. En d’autres termes, on ne peut plus continuer ainsi », a-t-elle déclaré.
« Ce nouveau rapport constitue un appel à l’action immédiate pour investir davantage dans le développement des infrastructures [de recyclage], pour favoriser davantage la réparation et la réutilisation [des produits électriques et électroniques], pour renforcer les capacités [de ces filières] et pour mettre un terme aux expéditions illégales de déchets électroniques. Ces investissements seraient largement rentabilisés. »
Selon le rapport, le recyclage adéquat des déchets électroniques pourrait éviter certaines formes de pollutions. Extraire et réutiliser les métaux contenus dans les déchets électroniques permettrait d’éviter la libération de 52 milliards de kilogrammes d’émissions d’équivalent CO2 dues à l’extraction de minerais, tout en évitant la pollution de sources d’eau, notamment par des métaux tels que le plomb et le mercure.
Les auteurs affirment également que la gestion inadéquate, et donc dangereuse, des déchets électroniques coûte 78 milliards de dollars (71,8 milliards d’euros) en coûts externalisés relatifs aux impacts sur la santé humaine et l’environnement, attribuant environ 36 milliards de dollars (33,1 milliards d’euros) aux changements socio-économiques à long terme et 22 milliards de dollars (20,3 milliards d’euros) aux dépenses médicales liées à la pollution.
Selon Ruediger Kuehr, directeur du programme Cycles durables (Sustainable Cycles program) de l’ONU, une action immédiate permettrait de répondre aux enjeux économiques et sanitaires, et de réaliser une économie de coûts à long terme.
« Face à tout cela, il est urgent de prendre des mesures concrètes pour traiter et réduire les e-waste », a-t-il déclaré.
« Une meilleure gestion des déchets électroniques pourrait se traduire par un bénéfice net mondial de 38 milliards de dollars (35 milliards d’euros), ce qui représente une opportunité économique considérable, tout en permettant de lutter contre les changements climatiques et de protéger la santé », a ajouté M. Kuehr.
La situation des déchets électroniques ne fera qu’empirer
Au cours de son enquête, le Global E-waste Monitor des Nations unies a constaté que la production de déchets électroniques a augmenté d’environ 2,5 millions de tonnes par an depuis 2010, alors que le recyclage n’a augmenté que d’environ 0,55 million de tonnes par an au cours de la même période.
Selon le rapport, les développements technologiques, l’augmentation de la consommation, les options de réparation limitées, le cycle de vie plus court des produits, les défauts de conception et l’insuffisance des infrastructures de gestion des déchets électroniques sont autant de facteurs qui contribuent à cette situation.
L’utilisation généralisée des panneaux solaires a également été soulignée comme un facteur contributif. Bien que les panneaux photovoltaïques ne représentent actuellement que 0,66 million de tonnes de déchets électroniques par an, leur proportion devrait quadrupler d’ici à 2030, les faisant passer à 2,4 millions de tonnes.
Les déchets électroniques provenant de panneaux solaires seront particulièrement susceptibles d’augmenter, lorsque les panneaux solaires existants devront être remplacés, et que les dispositifs solaires à petite échelle ayant une durée de vie plus courte deviendront plus populaires.
Selon Cosmas Luckyson Zavazava, directeur du Bureau de développement des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT) des Nations Unies, les gouvernements du monde entier doivent mettre en place des réglementations pour faire face au problème croissant des déchets électroniques.
« Les dernières recherches montrent que le défi mondial posé par les déchets électroniques ne fera que croître », a-t-il déclaré.
« Avec moins de la moitié des pays qui mettent en œuvre et appliquent des approches pour gérer le problème [des e-waste], il faut tirer la sonnette d’alarme et mettre en place des réglementations solides pour augmenter la collecte et le recyclage ».
Le rapport indique que les taux de recyclage varient considérablement d’une région à l’autre. L’Europe, premier producteur de déchets électroniques par habitant, recycle 42,8% de ses déchets électroniques. En revanche, les pays asiatiques, qui produisent la moitié des déchets électroniques, n’en recyclent que 11,8%.
Selon les auteurs, cette disparité est due à la législation – ou à son absence. Sur les 193 pays analysés dans le rapport, seuls 81 disposaient d’une législation relatives aux déchets électroniques, et seuls 36 pays avaient formalisé des objectifs de recyclage.
Si rien n’est fait, le rapport suggère que seulement 20% des déchets électroniques produits en 2030 seront recyclés, représentant un coût net de 40 milliards de dollars (36,8 milliards d’euros).
Les auteurs affirment que, si des programmes volontaires de collecte et de recyclage sont instaurés, 38% des déchets électroniques pourraient être recyclés.
Une législation associée à l’une ou l’autre de ces deux options permettrait de porter le taux de recyclage des déchets électroniques à 44%. Selon les auteurs, le meilleur scénario serait l’adoption par les gouvernements d’une législation, et d’autres programmes connexes, officialisant la collecte et le recyclage des déchets électroniques, ce qui permettrait d’atteindre un taux de recyclage de 60% de déchets électroniques d’ici à 2030.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.