Un rapport du Stockholm Environment Institute publié le 8 novembre s’inquiète de la volonté des États d’augmenter la production d’énergies fossiles pour les années à venir. Il souligne également les contradictions des pays avec leurs engagements pris précédemment pour atteindre dans un futur proche la neutralité carbone et de manière générale lutter contre le réchauffement climatique. Cette intensification de la production d’énergies fossiles et les contradictions de certains États ne cachent-elles une forme d’hypocrisie internationale ?
Charbon, pétrole et gaz : la production va augmenter
« Réduction ou intensification ? Les principaux producteurs d’énergies fossiles comptent extraire davantage malgré les promesses climatiques ». C’est le titre du rapport de 126 pages de l’institut suédois, réalisé en partenariat avec le programme onusien de l’environnement qui entend dénoncer le fait que les États producteurs n’ont pas l’intention de renoncer aux énergies fossiles. Bien au contraire. « L’ensemble des plans et projections des gouvernements engendreraient une augmentation de la production mondiale de charbon jusqu’en 2030, et de celle de pétrole et de gaz au moins jusqu’en 2050 », précise l’institut.
Cette augmentation de la production de ces énergies est en partie due à un pari des États producteurs. « Certains pays prévoient d’accroître leur production de charbon jusqu’en 2030, misant sur la persistance et la croissance des marchés du charbon nationaux et internationaux », poursuit l’organisme suédois. Le conflit russo-ukrainien a lui aussi favorisé un retour en grâce des énergies fossiles, notamment en « stimulant les projets et le financement d’infrastructures de gaz naturel liquéfié, tant chez les exportateurs que les importateurs ».
Les contradictions des États et les recommandations de l’institut
À grand renfort de statistiques, l’étude démontre également que cette intensification de la production de ce type d’énergies entre en contradiction avec les objectifs que les États producteurs se sont engagés à atteindre dans le cadre de grands sommets et de conférences internationales, notamment l’Accord de Paris de 2015. Parmi ces objectifs, il y a celui visant à faire en sorte que la hausse des températures reste en-dessous de 2 °C et qu’elle soit maintenue à 1,5 °C. Et le rapport précise que les pays producteurs « prévoient de produire en 2030 environ 110 % plus d’énergies fossiles au-dessus du niveau compatible avec cette limitation à 1,5 °C ».
L’étude dénonce aussi un « écart entre les plans et projections des gouvernements et les niveaux compatibles » avec cette limitation du réchauffement à 1,5 °C qui « s’élargit avec le temps ».
Autre contradiction relevée. Parmi les 20 principaux pays producteurs de charbon, de pétrole et de gaz qu’il a listés dans un tableau, l’organisme basé à Stockholm écrit que 17 d’entre eux se sont engagés à atteindre l’objectif « zéro émission nette » mais continue à s’appuyer largement sur les énergies fossiles. Les exemples les plus marquants étant la Russie et l’Arabie saoudite. Les deux États ont promis d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060 et en même temps se dirigent vers une augmentation de la production de pétrole, de charbon et de gaz jusqu’en 2030. La tendance devrait normalement être celle de la diminution progressive.
Des recommandations à destination des États sont formulées dans le rapport. L’organisme suédois les invite à se fixer de nouveaux objectifs comme ceux de se diriger progressivement vers la suppression de la production et la consommation du charbon vers 2040, et de réduire d’au moins 75 % la production et la consommation du gaz et du pétrole vers 2050. De plus, le Stockholm Environment Institute appelle les États les plus développés et les moins dépendants des énergies fossiles à être les acteurs principaux de la transition énergétique.
Une hypocrisie internationale ?
Un seul mot devrait résumer à lui seul tous les éléments décrits dans cette étude : hypocrisie. Hypocrisie parce qu’en effet, tout ce qui concerne de près ou de loin la lutte contre le réchauffement climatique et la transition énergétique est littéralement abîmée par le jeu de dissimulation de sentiments auquel les États aiment jouer. Cette dissimulation des sentiments atteint son paroxysme lors des réunions, COP, sommets, protocoles, etc. Les chefs d’État et de gouvernements s’engagent à atteindre tel ou tel objectif, font des promesses qu’ils ne tiennent pas, particulièrement en matière de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Ils fixent des deadlines lointaines comme l’Arabie Saoudite ou la Russie. À l’occasion de la COP 21 en 2015, Vladimir Poutine s’engageait à l’horizon 2030 à réduire de 70 % les émissions de gaz à effets de serre de la Russie par rapport à leur niveau de 1990. Pendant la COP 26 à Glasgow en 2021, le royaume saoudien annonçait vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060.
Ils peuvent le faire, cela ne leur coûte rien. Ils jouent la carte du politiquement correct bon marché. Tout ceci en devient parfaitement comique. Il y a eu le Sommet de la Terre de Rio en 1992, le Protocole de Kyoto en 1997, la COP 15 en 2009 à Copenhague, la COP 21 en 2015 à Paris et la COP 26 en 2021 à Glasgow. Sans compter les très nombreux autres rendez-vous internationaux pour le climat un peu moins « marquants ». Toutes ces réunions, présentées à chaque fois comme des « changements importants » pour que finalement, un rapport publié en 2023 nous indique que les principaux pays producteurs d’énergies fossiles comptent augmenter leur production de gaz, de charbon et de pétrole jusqu’en 2030.
Il serait temps de dire les choses et de faire preuve d’un peu moins de naïveté. Dire les choses, c’est affirmer que malheureusement les énergies fossiles ont encore de beaux jours devant elles. Seules ces énergies sont en mesure aujourd’hui de satisfaire, par le développement économique qu’elles entraînent, les besoins des populations, de surcroît celles des pays en voie de développement. Faire preuve d’un peu moins de naïveté, c’est aussi sortir des discours et de la sémantique onusienne et privilégier une vision plus réaliste des relations internationales.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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